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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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contre lui ses sacoches
médicales.
    — Jamais je ne saurai assez te remercier
pour être venu dès mon appel dans un instant aussi sombre pour l’Égypte
entière.
    — J’espère avoir ce qu’il faut, répondit
le médecin, car je n’avais pas prévu d’accouchement.
    — Suis-moi.
    Son pas était rapide et aucun mot ne sortit de
sa bouche avant qu’il ne fût devant la jeune fille étendue, immobile et pâle.
    La salle où elle se trouvait était spacieuse,
agréable, très éclairée, soutenue par des colonnes d’albâtre aux motifs
animaliers.
    Des femmes s’agitaient, gesticulant et parlant
à voix haute, se plaignant qu’elles ne voulaient pas être contaminées. Aussi,
ne firent-elles aucune objection pour s’éloigner de la couche où Méryet
respirait lentement.
    Les trois accoucheuses se retirèrent au fond
de la pièce en portant brusquement leurs mains sur leurs visages.
    — Ne reste pas là, fit-il au Grand
Prêtre. C’est inutile. Déjà, nous enfreignons la loi qui refuse l’assistance d’un
homme près d’une accouchée.
    — Sauf quand il y a complications, jeta
Hapouseneb, et sauf si c’est près d’un médecin.
    — C’est juste.
    Il regarda rapidement les trois femmes. Elles
étaient effrayées comme si le mal les avait déjà atteintes. Sous leurs
paupières alourdies d’angoisse, leurs yeux tournaient comme la pointe d’une
toupie sur le sol.
    — Elles ont peur de la contagion, fit le
Grand Prêtre.
    — Alors, reste et qu’elles s’en aillent,
jeta le médecin d’un ton neutre.
    Puis, il s’approcha de Méryet et eut un choc
quand il vit le pauvre visage amaigri. Ses pommettes étaient creuses et
blanches. Son nez pincé respirait mal, ses cheveux collés par la moiteur
tombaient dans son cou où ruisselait la sueur.
    Où était la jeune beauté admirée de tous ?
Il leva le linge qui recouvrait son corps et découvrit un ventre agité de
soubresauts.
    — Elle est ainsi depuis quand ? s’enquit-il.
    — Toute la nuit, elle a crié. J’ai cru
que l’enfant arrivait. Je crois que les accoucheuses n’ont pas fait leur
travail. Elles avaient si peur qu’elles osaient à peine la toucher.
    Les linges sur lesquels Méryet était couchée n’avaient
pas été maculés par les conséquences de la violente entérite qui démarrait la
contagion.
    — Pourquoi ces femmes disent-elles qu’elle
est contaminée ?
    — Parce qu’elle a vomi plusieurs fois.
    Il retira le linge du corps et s’approcha du
visage émacié. Puis, soulevant ses paupières, il examina le fond de son œil et
palpa les délicates narines qui restaient obstruées.
    — Cette jeune fille n’est pas atteinte
par l’épidémie, fit-il en fixant le regard du Grand Prêtre. Elle a été
empoisonnée.
    Hapouseneb eut un frémissement imperceptible
et Neb-Amon vit ses poings se contracter et blanchir.
    — Ils ont réussi, les traîtres !
    — Aime-t-elle la coriandre ?
    D’un ton à la fois douloureux et surpris, il
répondit :
    — Elle s’entoure de tous les parfums qui
existent et goûte tous les aromates qui sont à sa portée.
    — On a mêlé de la coriandre à une dose
infime de biyone et on lui en a fait absorber depuis plusieurs mois. N’as-tu
rien remarqué ?
    — À part son inhabituelle dolence. Je n’ai
rien vu ni senti d’anormal. J’ai cru que son état de femme enceinte la rendait
ainsi.
    Hapouseneb s’approcha de Méryet et caressa son
ventre distendu. Elle dut sentir l’appel qu’il réclamait, car elle ouvrit
lentement les yeux.
    — Hapou…
    — Chut, ma bien-aimée, fit-il en posant
ses lèvres sur les siennes. Ce médecin va te sauver ainsi que notre enfant.
Après, je quitterai le temple et nous vivrons toi et moi en paix, loin des
intrigues d’Amon et de son peuple en qui je ne crois plus.
     
    *
    * *
     
    Méryet n’ouvrit plus les yeux et sa
respiration était si faible que pas un souffle de vie ne passait sur son corps,
pas une ombre d’animation n’éclairait son visage.
    Le médecin posa la petite fiole de natron sous
son nez, mais il fallut de longues minutes avant qu’un léger tressaillement
envahît ses narines qui, enfin, s’écartèrent imperceptiblement pour laisser l’air
pénétrer à nouveau.
    Passé cet infime espoir, une autre attente s’installa,
pesante, interminable, chargée du plus sombre destin. Mais, les symptômes de l’accouchée
reprirent et, soudain, Méryet poussa un petit cri plaintif qui annonçait

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