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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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nécessiteux, cela valait la peine de s’exténuer jusqu’à une heure
tardive.
    Épuisé, il rentrait à l’hôpital où il visitait
à nouveau ses patients, écoutant longuement le rapport de son assistant. Enfin
il allait s’étendre quelques heures sur la natte disposée près de Rekmirê, s’accordant
quelques minutes de répit pour penser au sort incertain de son fils. Mais son
assistant venait sans arrêt troubler son repos.
    — Cet homme n’a plus toute sa tête, fit
Keptah en s’efforçant de retenir un agité qui voulait se lever. Je crois que
son esprit est dérangé, car il ne semble pas fiévreux.
    Par contre, le corps du pauvre homme se
vidait. Debout, il salissait le sol de ses vomissements et de ses excréments qu’il
ne pouvait retenir. Neb-Amon dut aider son assistant pour allonger le malade
récalcitrant.
    — Donne-lui un peu d’extrait de racine de
mandragore et fais-lui respirer des feuilles d’acacia. Cela devrait le calmer.
S’il persiste dans ses agitations, double les doses.
    Il se tourna vers le fond de la salle.
    — Comment va l’architecte ?
    — Son état est stationnaire. La fièvre n’a
pas encore entamé son corps. La quintefeuille semble lui suffire, du moins pour
l’instant, dit Keptah en regardant son chef.
    — S’il commence à délirer, donne-lui du
jus de caroube. Il ne semble pas très atteint. Attendons avant de forcer les
doses.
    La veille, Menkeper était arrivé à l’hôpital,
les yeux exorbités, se tenant le ventre à deux mains, crachant un aliment qu’il
n’avait pas digéré. « Toi qui soignas ma femme d’une brûlure qu’autrefois
mes colères lui infligèrent, avait-il dit au médecin, je réclame tes soins les
plus attentifs. Vois, je suis malade et je vais peut-être mourir. »
    Certes, il avait soigné son épouse et tu la
jalousie meurtrière d’un homme envers sa femme. Certes aussi Menkeper, l’architecte,
était l’un des adversaires les plus redoutables de la pharaonne Hatchepsout.
Mais pouvait-il lui refuser les portes de son hôpital ?
    — Surveille surtout son état général,
fit-il à Keptah qui observait les linges intimes de Menkeper pour s’assurer que
la maladie ne progressait pas. Par contre, le cas de cette femme-là me semble
bien avancé. Il faudrait peut-être la transférer dans l’autre salle.
    La femme semblait jeune, bien que son visage
amaigri portât une ride profonde sur le front qu’elle avait large et blanc. Ses
yeux étaient ouverts, mais elle ne réagissait pas.
    — Par tous les dieux ! Cette jeune
femme est dans le coma.
    — Elle est ainsi depuis deux ou trois
heures.
    — Fais-lui respirer du natron.
    L’éponge imbibée du liquide âcre et fort ne provoqua
aucun soubresaut de la patiente. Neb-Amon prit son pouls.
    — C’est étrange, il bat presque
normalement. Son corps s’est-il vidé ?
    — Non. Et elle ne s’est pas plaint du
ventre.
    — Il ne faut pas laisser cette femme ici.
Elle n’est pas contagieuse. Sa maladie est tout autre. Qui est-ce ?
    — La fille d’un sénateur de province
venue dans sa famille à Thèbes bien avant l’épidémie.
    Le médecin souleva sa paupière et observa le
fond de son œil. Puis, il tâta son abdomen, remonta ses doigts sur la cage
thoracique et appuya sur ses poumons.
    Hochant la tête sans rien dire, il poursuivit
minutieusement son examen.
    — Il faut la transporter dans l’annexe
des non-contagieux. Cette jeune fille est simplement anémiée. Apparemment, elle
n’a rien absorbé depuis deux ou trois semaines. C’est étrange, car les familles
nobles ont leurs greniers à blé remplis et ne meurent pas de faim. Donne-lui du
brouet d’orge. Cela devrait la revitaliser.
    Il inspecta ainsi les malades des deux salles
qui suivaient et, enfin, se dirigea dans la petite pièce où son fils Rekmirê s’agitait
encore. Keptah le suivit.
    — Je vais lui donner ses remèdes, faut-il
en alléger les doses ?
    — Pas encore. Je crois que la plus forte
fièvre est en train de tomber. Si, dans la soirée son état est stationnaire,
nous arrêterons la ciguë et lui donnerons de la quintefeuille broyée dans du
jus de caroube.
    Il soupira.
    — Va, Keptah. À présent, laisse-moi avec
mon fils.
    Son assistant parti, il se pencha sur l’enfant
et prit son pouls. Il battait trop lentement. Sa fièvre avait peut-être été
moins forte que celle de sa sœur, mais son entérite avait été plus violente et
plus tenace. La nuit

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