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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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incontestablement la discréditer auprès de
son conseil d’administration, entraînant une récidive accrue sur la réclamation
de son abdication.
    Hatchepsout n’en finissait plus de réfléchir
et ses esprits couraient d’une difficulté à l’autre sans qu’elle puisse en
maîtriser vraiment les données entières. Deux issues se présentaient.
    D’un côté, elle mourrait empoisonnée. Elle le
savait. Une poignée d’hommes au pouvoir en échafaudait le plan. De l’autre,
elle devait abdiquer.
    La pharaonne ne fermait plus l’œil. Les nuits
blanches qu’elle passait à chercher la solution la moins dévastatrice se
suivaient inexorablement et, le matin où elle reçut le Grand Prêtre d’Amon,
offrant aux servantes qui s’agitaient auprès d’elle un visage livide, amaigri,
inquiet, Neb-Amon était à son côté.
    Hapouseneb avait beaucoup vieilli depuis la
mort de sa compagne. Son visage s’était creusé de deux sillons profonds qui
partaient des narines de son nez pour tomber, las et amers, sur la commissure
de ses lèvres.
    Son crâne rasé qui brillait habituellement de l’huile
sainte dont un serviteur l’enduisait chaque matin laissait pousser une ombre
vaguement grise qui accentuait la maigreur de ses joues.
    Ses épaules et son buste souvent nus,
au-dessus d’un pagne long qui tombait en plis jusqu’à ses pieds, avaient perdu
de cette prestance dont la dignité et la majesté en avaient séduit plus d’un.
    Hapouseneb se courba devant la reine, mais en
se relevant resta les épaules courbées comme s’il soutenait tout le poids de la
voûte céleste.
    — Ton procès, Hapouseneb sera le mien,
dit la reine en lui tendant deux mains longues et amaigries.
    Elle fit quelques pas et prit la coupe d’or
dont la moitié était emplie d’un liquide rosé.
    — Vois-tu ce vin de palme, frais, doux et
sucré dans lequel on a mis quelques gouttes de ce même produit qui a tué Méryet ?
Il paraît bien inoffensif et me rendra juste nébuleuse. Mais, je ne le boirai
pas.
    En saisissant la coupe entre ses doigts, Hapouseneb
trembla.
    — Qu’allez-vous faire, Majesté ?
    — Pour l’instant, déjouer le plan de ceux
qui l’échafaudent. Regarde.
    Elle se dirigea vers une grande jarre qui contenait
une terre riche et noire où germaient quelques pousses de chèvrefeuille. Puis,
d’un geste nerveux, elle vida le contenu de la coupe sur le terreau qui le
pompa en quelques secondes.
    — Je vais leur laisser croire que j’absorbe
le poison.
    — Majesté, si l’on voit ces jeunes
pousses mourir et se dessécher dans cette jarre de terre, cela risque d’attirer
l’attention.
    — J’y ai pensé. Aussi je couperai
moi-même chaque germe de vie qui sortira de ce vase. Ainsi, il n’y poussera
jamais rien.
    Elle saisit la main de Neb-Amon.
    — Tu m’as sauvé la vie en décelant la
cause de la mort de Méryet. Je t’en serai toujours reconnaissante. Si ta
méfiance n’avait été en éveil, je continuerai à boire ce triste breuvage qui
devait m’ôter la vie.
    — Peut-être pas, Majesté, votre faiblesse
grandissante, mes auscultations sur votre personne auraient attiré
inévitablement mes soupçons bien avant votre mort.
    — Mais mon état aurait été bien faible,
irrécupérable peut-être. Merci, Neb-Amon. Il faudra veiller sur toi aussi, car
ces meurtriers ne s’en tiendront pas là et, même si le jeune Thoutmosis reste étranger
à ces manœuvres, il ne faut pas oublier qu’il s’agit de ceux qui veulent l’élever
pharaon.
    — Majesté, Thoutmosis n’est pas un être
retors et je crois qu’il est en dehors de toutes ces intrigues criminelles.
    — Je le crois aussi. Il est ambitieux, personnel,
arrogant parfois, mais il est trop direct et trop franc pour être à ce point
machiavélique.
    Elle fit quelques pas, pensive, inquiète et s’allongea
sur un sofa recouvert de coussins en lin brodé de fils d’argent.
    — Ce sont les lendemains de son mariage
qui m’inquiètent. Cet événement va renforcer son pouvoir et je ne maîtrise
absolument plus la volonté de ma fille qui ne voit, ne pense, ne parle et ne
réagit que par rapport à Thoutmosis.
    — Mais, vous êtes couronnée « Pharaon »,
Majesté.
    Elle hocha la tête.
    — Dans une saison à peine, ils seront roi
et reine d’Égypte. Que serai-je à mon tour, si vous, mes fidèles amis, m’abandonnez
au sort que me réservent les dieux ?
    Elle éleva l’une de ses mains baguées

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