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L'Ombre du Prince

L'Ombre du Prince

Titel: L'Ombre du Prince Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jocelyne Godard
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minuscule crâne fragile du
bébé.
    — Cet enfant sera ma seule consolation.
Emporte-le, Neb-Amon, et garde-le jusqu’à ce que de meilleurs jours
refleurissent en Égypte.
    — Il n’en est pas question, jeta une voix
sèche dans leur dos. Cet enfant est aussi le mien.
    — Le tien ?
    Hapouseneb se retourna. Amenhotep, son épouse,
se tenait dans l’encadrement de la porte et tendait ses bras vers l’enfant.
Elle s’approcha et voulut le prendre.
    Hapouseneb le tendit au médecin.
    — Veux-tu distiller le poison dans son
corps, comme tu l’as fait pour Méryet ?
    — C’est faux !
    — Jamais tu ne me feras croire que tu es
innocente.
    — Ce n’est pas moi. C’est lui, fit-elle
en tendant son index tremblant vers la porte.
    — Lui ! Qui ?
    — Ce nain infâme qui était l’ami du vieux
Sétoui et qui ne te supporte pas.
    — Est-ce la silhouette de Memphès, le
nain du temple que j’ai vu se profiler tout à l’heure ? s’enquit Neb-Amon.
    Elle se retourna vers son mari.
    — Il rôde, il sème le poison, il détruit.
    — Alors, il détruira cet enfant. Ose
prétendre le contraire.
    Amenhotep se tordait les doigts. Elle glissa
un œil incertain vers son époux dont le visage restait glacial.
    — Je vais emporter l’enfant chez mes
parents, engager une nourrice jeune et saine, l’élever, l’aimer.
    Elle eut un geste vers lui.
    — Recommençons notre vie, Hapou. Quitte
ce temple. Retire-toi sur mes terres et mon domaine. Il y a mille et une places
pour toi. Je suis riche et tu le sais. Élevons cet enfant ensemble.
    Il abaissa la main qu’elle tendait vers lui.
    — Je vais faire une enquête et je saurai
si tu as trempé dans ce meurtre. Si tu es innocente, je réfléchirai à ta
proposition. Si tu es coupable, je demanderai le divorce.
    Elle eut un mouvement de recul et ses yeux le
fixaient dans un douloureux défi.
    — En attendant, l’enfant sera pris en
charge par Neb-Amon. Il ira là où il a les meilleures chances de survivre en
ces temps de famine. Je n’ai rien d’autre à te dire pour l’instant.
    Amenhotep lut dans le regard de son époux une
détermination si poussée qu’elle ne répliqua rien.
    — Ainsi, tu vas faire un procès.
    — Dès aujourd’hui.
    — Contre qui ?
    — Toi et tous les autres. Après, quelles
que soient les conclusions, je me retirerai du temple et ce fourbe de Nekmin
pourra prendre ma place.
    Il caressa une dernière fois l’enfant que
tenait le médecin.
    — Prends soin de ma fille, médecin de
Thèbes, en attendant que je te la réclame.
    Quand Neb-Amon revint à l’hôpital, Keptah l’attendait
dans un état d’excitation intense. Seule, la lueur joyeuse et fugace qu’il vit
dans son regard lui apprit que son fils allait mieux.
    — Il a parlé, Maître, il a réclamé à
boire et à manger et il n’a pas vomi. À présent, il dort sans fièvre et sans
convulsions.
    Le médecin ferma les yeux. Son fils était
sauvé. Peu à peu revint en lui la foi qu’il portait jadis dans les dieux.
     
    *
    * *
     
    L’instruction du procès commença le jour où la
crue du Nil arriva, bousculant avec violence les rivages asséchés. Mais comme
toute instance judiciaire qui touche les plus hautes sphères, les éléments
furent longs à se mettre en place.
    Indépendamment de toute cette affaire qui
devait déstabiliser plus d’un haut dignitaire, l’horrible épidémie qui
engendrait la famine jusque dans les coins les plus reculés de l’Égypte ralentissait
ses pouvoirs dévastateurs et Neb-Amon vit un soir arriver Séchât et sa fille.
    Rassurée sur le sort de ses deux enfants, la
jeune femme avait repris les cours de l’École du Palais. Fortement touchée par
le décès de son amie Méryet, elle n’en avait cependant rien dit, préférant
cacher sa douleur plutôt que de soulever des vagues qui, déjà, montaient plus
haut que les obélisques du temple.
    Il avait été décidé qu’en attendant les conclusions
du procès, le bébé d’Hapouseneb serait confié au harem et resterait sous l’œil
attentif et la vigilance exclusive de Séchât.
    Bien curieux sentiment qu’éprouvait la reine
dans cette affaire ! Elle désapprouvait le procès autant qu’elle le
souhaitait. Ce paradoxe s’expliquait par le fait que les empoisonneurs allaient
sans doute se retourner contre elle si la justice ne les éliminait pas.
    Par ailleurs, entamer une procédure contre les
membres influents du temple allait

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