Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
un autre sac et fit signe à Locksley de
choisir une pièce. Le Saxon tendit la main, en prit une, la donna au prêteur et
eut un hochement de tête approbateur après que l’autre l’eut pesée.
    Le juif reprit ses calculs, faisant de nouveaux
tas en murmurant des paroles incompréhensibles chaque fois qu’il en avait
terminé un.
    — Vous ne m’avez pas dit quel genre d’ennuis
a eus votre voisin… insista Locksley.
    — Rien qui vous intéresserait, seigneur.
Simplement la vie est devenue bien difficile pour nous depuis l’avènement du
roi Jean.
    Locksley comprit que le changeur se méfiait de lui
et ne voulait pas en dire plus.
    — J’ai eu aussi maille à partir avec Jean.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai été contraint de vendre des
terres. Je peux donc comprendre les ennuis des autres…
    Le juif resta un instant silencieux avant de
raconter :
    — Ma famille est de Rouen, seigneur. C’est le
roi Guillaume qui nous avait encouragés à nous installer à Londres. Il savait
que si les marchands de Rouen étaient si prospères, c’était grâce à nous, car
nous facilitons les échanges. Mais après des années fastes, notre situation
s’est détériorée avec le début des croisades, car on a commencé à nous juger comme
des infidèles. Malgré cela, mon cousin Yosi Isaac a gardé la faveur des
premiers Plantagenêts et nous avons supporté sans nous plaindre les taxes très
lourdes que nous imposait le roi Henri. Mais tout s’est détérioré avec
l’avènement de Richard.
    Comme Robert de Locksley ne disait rien, observant
apparemment la maison d’en face de sa place, le juif poursuivit :
    — Au couronnement du roi Richard, des
centaines de mes frères étaient venus assister à la cérémonie, mais on les a
chassés. Ensuite, il y a eu des émeutes, tant à Londres que dans d’autres
villes, et des dizaines d’entre nous ont été massacrés. Ainsi, à York, les
juifs n’eurent d’autre choix que d’accepter la mort pour éviter la conversion
de force. Depuis, tout est fait pour nous dépouiller sous des prétextes
futiles. On nous impose des amendes et des taxes nouvelles, et nous devons
supporter toutes sortes d’humiliations.
    Il désigna son chapeau jaune.
    — Nous ne pouvons sortir sans le porter sous
peine de punition et même de confiscations de nos biens.
    En l’écoutant, Locksley songeait que, même
dépouillés, les juifs d’Angleterre disposaient encore d’énormes fortunes. Il
venait d’en avoir la preuve.
    — Je sais ce que vous pensez, seigneur, mais
ces sommes, nous les gagnons honnêtement et durement par les risques que nous
prenons et la confiance que l’on porte à notre communauté.
    Il montra la quittance sur la table.
    — Personne ne peut faire circuler la richesse
comme nous le faisons, avec de simples lettres. Cela a un prix, car nos pertes
sont parfois très importantes.
    — Les templiers y parviennent aussi.
    — C’est vrai, mais vous êtes alors à leur
merci. Mais pour répondre à votre question, des gardes et un sergent aux ordres
du grand justicier sont venus chez Zareth, l’accusant d’être sorti sans son
chapeau jaune. Il avait été dénoncé, ont-ils dit, bien que ce soit faux. Il a
dû payer dix marcs d’argent d’amende.
    En parlant, le banquier poursuivait son travail
jusqu’à ce qu’il déclare :
    — Voilà, seigneur ! Le compte y
est !
    Il poussa les tas de pièces vers Robert de
Locksley.
    — Tout ceci est à vous.
    Locksley ôta sa sacoche et entreprit de la
remplir. Elle pesait fort lourd [50] .
Pleine, il la fit glisser en travers de son épaule, mais ne reprit pas tout de
suite son manteau posé sur une chaise.
    — Contre un de ces beaux sequins, votre
domestique, Ruben, accepterait-il de me rendre un service ?
    — Un sequin ? s’étonna le banquier.
Certainement, seigneur !
    — Appelez-le.
     
    Ils repartirent peu après. Ranulphe sortit le
premier, suivi de son maître qui avait profondément incliné son bonnet à pointe
sur son visage. Cédric eut une expression de surprise en le voyant, mais, d’un
regard autoritaire, Ranulphe lui fit signe de se taire.
    Ils montèrent sur les chevaux et reprirent le
chemin d’Aldersgate, puis de Saint-Paul.
    À présent, ils avançaient lentement tant la rue
Saint-Martin était encombrée, car tout le trafic entre la porte et la rivière
se faisait par cette voie. De nouveau, ils contournèrent Saint-Paul, mais
empruntèrent une

Weitere Kostenlose Bücher