Londres, 1200
Après tout, il avait capturé Robert de
Locksley et sa femme dans le but de pendre l’un et de brûler l’autre !
Guilhem en vint à la seconde raison de sa visite.
— M’accorderiez-vous votre aide, sire
prévôt ?
— Vous l’avez, seigneur d’Ussel, ainsi que
celle de tous les sergents et hommes d’armes du Châtelet.
— Seigneur de Lamaguère seulement ! Mon
fief est à Lamaguère et Ussel n’est qu’un surnom de guerre ! plaisanta
Guilhem. Mais en demandant votre aide, c’est de vous-même que j’ai besoin, pas
de vos gens.
J’aurai aussi besoin de votre frère. C’est une
affaire grave et vitale pour la Couronne, que personne ne doit connaître, donc
il me faut des hommes de confiance.
Le frère cadet de Philippe Hamelin, Robert, était
prêtre et docteur de l’Église. Il était surtout le prévôt de l’abbaye
Saint-Éloi [68] qui avait en charge la justice ecclésiastique sur les fiefs de l’abbaye, dans
le Monceau-Saint-Gervais.
— Je suis très honoré. Mon frère acceptera,
n’en doutez pas, et nous pouvons aller le voir sur-le-champ, si vous voulez.
Pouvez-vous m’en dire plus ?
— Oui.
Alors Guilhem raconta ce qu’ils avaient fait à
Londres.
Il revint à la Corne de Fer avec les deux prévôts,
mais en passant par la cour pour qu’on ne les voie pas. Dans la salle, ils
trouvèrent Furnais qui leur raconta ce qu’il avait fait, car il savait pouvoir
faire confiance aux frères Hamelin.
Peu après, ce fut Robert, Anna Maria et Bartolomeo
qui arrivèrent avec Ranulphe. Ce dernier parut surpris de voir le seigneur
d’Ussel qui avait pourtant assuré la veille avoir des visites à faire. Quant
aux autres, ils furent encore plus étonnés de découvrir les deux frères prévôts
à une table, d’autant que Robert, le prévôt de Paris, était vêtu d’une robe de
bourgeois, tandis que son frère était en aumusse avec un capuchon lui couvrant
la tête.
— C’est une bonne chose que vous arriviez
maintenant, mes amis, lança Guilhem joyeusement.
Ranulphe, va donc remplacer Cédric, car je dois
parler avec ton seigneur et maître !
En même temps, Guilhem s’était levé, et comme
Ranulphe s’éloignait, il ajouta à l’intention de son ami :
— Retrouvons-nous dans ta chambre, je ferai
venir du vin, car je meurs de soif !
Intrigué, Robert de Locksley hocha du chef et ils
montèrent au deuxième étage.
C’est dans la pièce fermée que Guilhem leur
expliqua ce qui se passait et la raison de la présence des frères Hamelin.
Quand il eut terminé, Robert de Locksley lui assura qu’il était certain de la
fidélité de Ranulphe.
Guilhem ne répondit rien et s’installa devant la
fenêtre ouverte, mais à cause des encorbellements, il ne voyait pas grand-chose
de ce qui se passait dans la rue.
Robert de Locksley parlait de ses projets. Guilhem
écoutait vaguement, quand retentit un grand vacarme dehors. Ils reconnurent la
voix d’un Saxon qui lançait :
— Par saint Dunstan, avance donc, immonde
pourceau !
Immédiatement, ils se précipitèrent à la porte et
descendirent au premier étage. Guilhem courut à sa chambre où aurait dû se
trouver Ranulphe.
La pièce était vide.
L’écuyer avait donc abandonné son poste. Guilhem
ouvrit le coffre, et comme il le craignait, le testament de Richard Cœur de
Lion avait disparu.
— Tu avais donc raison ! laissa tomber
Locksley qui était derrière lui. Je t’avoue que, jusqu’à présent, je ne voulais
pas y croire.
Sa voix était d’une infime tristesse.
— C’est un grand malheur et une immense
déception, soupira Anna Maria. Après tant de temps passé ensemble !
Ils ressortirent pour voir arriver Furnais et les
frères Hamelin qui entouraient Ranulphe, Jehan le Flamand, Cédric et un
quatrième homme.
Dans celui-ci, Guilhem reconnut un des cathares
qui avait été libéré du Grand-Châtelet, un an auparavant, après avoir abjuré sa
foi. Ranulphe avait le visage dur et fermé, et Jehan avait perdu son teint
cramoisi. Quant à Cédric, il paraissait hagard.
— Prévôt Hamelin, faites-les entrer dans ma
chambre et fouillez-les, ordonna Guilhem.
— C’est inutile, laissa tomber Ranulphe,
livide comme un trépassé, voici le testament du roi Richard.
Il sortit le parchemin de sa cotte.
Chapitre 37
— J e n’aurais jamais cru cela de toi, Ranulphe ! dit
simplement Locksley.
Ranulphe posa un genou à terre.
— Je suis revenu librement,
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