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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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viennent
souvent ici faire leurs affaires, confirma le bedeau. Mais quand on les prend,
elles sont exposées au pilori et flagellées.
    Il eut un sourire béat.
    — Elle a pu préparer un guet-apens avec des
truands pour le dépouiller, proposa Locksley, songeur. Qui a gagné au
jeu ?
    — Au début, Cédric, répondit Ranulphe, mais
ce roublard trichait et je l’ai forcé à rendre ce qu’il nous avait volé !
    — Tu n’as pas dit qui a gagné ! insista
Locksley.
    — Quand je suis parti, personne, seigneur,
car on s’était disputés, reconnut Regun. Chacun avait repris son argent.
    — Moi, je crois comme Godefroi que c’est un tisserand
qui a fait le coup, fit Cédric. Jehan avait menacé Gilbert quand il avait voulu
escambiller sa femme, la rouquine. Gilbert tournait aussi autour de la femme
d’Estienne qui lui plaisait, avec ses grosses mamelles. Il n’y a que le
croupion de la sœur de Thomas qui ne l’intéressait pas !
    Malgré la présence du mort, la remarque graveleuse
fit rire les rudes Saxons.
    Locksley passa en revue leurs visages. Comment
savoir s’ils disaient la vérité ?
    — Ça ne sert à rien d’accuser sans preuve,
dit-il finalement.
    La discussion s’arrêta donc là. Ils placèrent le
corps dans la cellule, puis Locksley demanda à Godefroi et à Cédric d’aller
chercher l’équipement de Gilbert. Quand ils revinrent, Locksley prit l’arc et
l’épée et les posa sur le corps.
    — Vous le mettrez en terre avec,
jurez-le ! gronda-t-il en s’adressant au bedeau.
    — Je vous le jure, fit l’autre.
    Chacun des Saxons embrassa le corps avant de
sortir. Un peu plus tard, sur le parvis, Locksley et Guilhem restèrent
ensemble.
    — Estienne n’aurait jamais tué pour sa femme,
il est trop faible pour ça, mais le Flamand en est capable, dit le Saxon à son
ami. Essaye d’en savoir plus…
    Guilhem hocha la tête sans prononcer une parole.
Il avait une autre explication qu’il ne voulait pas partager pour le
moment : les Saxons s’étaient disputés et l’un d’eux avait tout simplement
attendu Gilbert pour le tuer et le voler.
    Il ne devrait pas être très difficile de connaître
la vérité, se dit-il en se rendant au cabaret du Coq.
     
    Après cette mort, les relations changèrent entre
les voyageurs. Les cathares comprirent qu’ils étaient suspectés du crime et
prirent peur d’une vengeance. Quant aux Saxons, ils ne cachèrent pas leur
certitude que l’un des cathares avait tué Gilbert. Sur le grand chemin, les
deux groupes se tenaient éloignés. Jehan interdit à Jeanne de parler à
Godefroi. Mathilde resta avec Regun qui lui demanda de ne plus s’occuper des
enfants des tisserands. Seules Anna Maria et Sanceline n’avaient pas rompu leur
amitié.
    Heureusement, ils devaient rester si vigilants qu’ils
n’avaient guère l’occasion de se quereller. Les chemins serpentaient dans
d’étroites vallées propices aux guets-apens et, jusqu’à Brive, ils restèrent
sur leurs gardes. Guilhem avait exigé des cathares d’être armés et casqués pour
tromper ceux qui seraient tentés de s’attaquer à eux. Avec la chaleur, la
fatigue était telle, le soir, qu’ils s’endormaient à peine couchés.
    Ils furent à Brive le 4 août et en
repartirent le jour de la Transfiguration [23] .
Ils prirent le chemin de Souillac, puis celui de Cahors. Malgré les craintes de
Guilhem, ils n’affrontèrent aucune troupe hostile et celles qui croisaient leur
route restaient à l’écart, les prenant pour des routiers.
    Ils arrivèrent à Cahors le jour de la
Saint-Barthélemy. De là, ils prirent la direction d’Albi.
    Le jour de la Nativité de la Vierge [24] , Sanceline annonça à
Guilhem qu’elle resterait à Albi avec son père. Elle n’irait pas à Lamaguère.
     

Chapitre 7
    C e
soir-là, Guilhem resta seul. Seul avec ses souvenirs, seul avec ses regrets,
seul avec son chagrin. Ils avaient fait halte dans une vaste clairière
sommairement fortifiée avec des troncs d’arbres morts. Comme chaque soir, il y
avait deux feux éloignés. Un pour les cathares et un pour les Saxons. Lui
s’était installé entre les deux, sous un arbre, avec sa vielle à roue dont il
tira de lugubres accords.
    Il chantait depuis si longtemps le fin’amor,
l’amour loyal, mais inaccessible, qu’il aurait dû prendre conscience plus tôt
que Sanceline ne serait jamais la dame de Lamaguère. Il avait possédé son
corps, et rien d’autre. Il croyait avoir

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