Londres, 1200
de
Louis ?
— Il aura lieu en Normandie. Cela signifie
que vous ne pourrez y assister, noble Guilhem d’Ussel. Jean n’ignore pas que
vous avez fait échouer son intrigue contre Philippe. Or, il sera sur ses
terres, et s’il vous emprisonnait, notre roi ne pourrait vous sauver. Si vous
parvenez à prendre le testament, vous le porterez directement à Paris et
attendrez que le roi y soit revenu.
— Autrement dit, je suis invité à un mariage
où je ne peux me rendre ! plaisanta Guilhem.
Il fut convenu qu’on annoncerait aux gens du
château que Mathilde et Regun les accompagneraient jusqu’à Paris. Les futurs
épousés poursuivraient ensuite par la Normandie, avec leur seigneur, le comte
de Huntington, pour se marier en Angleterre. Ranulphe, bien que souffrant
encore de sa blessure, les accompagnerait ainsi que Cédric. Seul Godefroi,
désormais marié et bientôt père, resterait à Lamaguère.
Guilhem avait besoin d’un second homme d’armes
pour un voyage si long et si périlleux. Alaric ou Jehan pouvaient convenir,
mais ils avaient tous deux une famille. De plus, Alaric commandait les soldats
du château. Guilhem aurait pu faire appel à un des gardes, mais aucun ne
parlait le français ou le normand, langues utilisées en Angleterre. Seul Jehan
le Flamand les connaissaient. Guilhem décida donc de lui demander de
l’accompagner, malgré les préjugés qu’il gardait envers lui.
Cependant, une absence de son seigneur durant
plusieurs semaines ou plusieurs mois allait exposer Lamaguère. Les templiers
pourraient bien en profiter pour manquer à leur parole, sans compter le danger
d’une incursion des gens de Mercadier ou d’une bande de routiers. Les soldats
du château seraient-ils capables de se défendre ?
Chapitre 14
L e
lendemain, Guilhem fit venir le Flamand dans sa chambre.
— Jehan, je me rends à Paris pour le mariage
du fils de Philippe de France, Bartolomeo m’accompagne, mais je veux un second
homme d’armes. Es-tu prêt à me suivre ? Nous serons absents plusieurs
semaines.
— Je vous ai donné ma foi, seigneur, répondit
simplement Jehan qui n’aurait osé refuser.
— Nous partons dans quelques jours avec le
comte de Huntington. Regun Eldorman et Mathilde profiteront de ce voyage pour
se rendre en Angleterre où ils se marieront à Huntington.
Jehan ouvrit la bouche comme pour parler, mais
finalement resta silencieux.
— Tu as une question ? demanda Guilhem.
— Oui, seigneur… bredouilla l’ancien
tisserand. En… votre absence, qui sera le maître ici ?
Guilhem eut l’impression que ce n’était pas cela que
Jehan allait demander. Il répondit pourtant :
— Viens cet après-midi dans la salle, j’aurai
rassemblé mes serviteurs et je vous ferai part de mes décisions.
L’après-midi, Jehan le Flamand retrouva Aignan,
Thomas, Geoffroi, Godefroi et Alaric dans la salle du château. Robert de
Locksley et Bartolomeo étaient là, bien sûr, ainsi que Ranulphe, très pâle
depuis sa blessure.
À ceux qui l’ignoraient, Guilhem annonça son
départ pour la noce du fils du roi de France.
— En mon absence, Aignan sera le maître du château.
Je lui confie mes droits de justice et il rédigera une charte en ce sens,
décida-t-il.
Le libraire rougit de satisfaction.
— Vous lui obéirez comme à moi. Pour les
décisions capitales, vous tiendrez un conseil et déciderez ensemble.
« Geoffroi, tu garderas tes attributions pour
l’approvisionnement du château et la présence au marché d’Auch. Thomas, tu as
en charge l’entretien du fief. Alaric, tu commanderas mes gens d’armes et tu
auras Godefroi comme lieutenant. Je veux chaque jour et chaque nuit une garde
vigilante ainsi qu’une sentinelle dans la tour. Je veux aussi un entraînement
constant à l’arc, à l’arbalète et à l’épée. Aignan y veillera.
Il balaya l’assistance des yeux et n’y lut que la
franchise et la fidélité, tempérées d’un peu d’inquiétude.
— Je sais que la concorde règne entre ceux
d’entre vous qui se connaissaient à Paris. De plus, votre foi vous rapproche.
Pour ce qui est d’Alaric et de Godefroi, je vous demande d’être toujours en
paix avec eux.
Aignan demanda alors la parole.
— Je vous remercie de votre confiance,
seigneur. Aucun de nous ne vous décevra, je m’y engage… mais en ce qui concerne
les templiers ?
— Rien ne changera. Je vais parler au
seigneur Adhémar, car je crois en sa loyauté. Je me rendrai
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