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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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aurait pu l’emporter entièrement si le pape n’était venu au
secours de Richard et n’avait menacé le roi de mettre la France en interdit,
s’il ne retirait pas ses troupes.
    Mais comme la duchesse Aliénor rassemblait la
rançon de son fils, Dinant avait répandu la rumeur que Richard était mort et
qu’il fallait donner la couronne à Jean. Cette affirmation n’ayant pas
convaincu les barons anglais, Dinant avait repris langue avec Philippe, lui
promettant soixante-dix mille marcs d’argent s’il obtenait de l’empereur
d’Allemagne que soit prolongé d’une année l’emprisonnement de Richard, ou mille
livres d’argent pour chaque nouveau mois de captivité.
    Ces basses manœuvres n’avaient finalement pas
abouti, car les princes de l’Empire avaient décidé la libération du roi
d’Angleterre après qu’Aliénor eut versé la rançon.
    Malgré tout, Étienne de Dinant était parvenu à ce
que Richard reste prisonnier quatorze mois.
    Libéré en février 1194, le Cœur de Lion avait
pardonné à son frère mais avait châtié ceux qui l’entouraient et qui avaient
comploté pour l’écarter du trône. Le premier d’entre eux, Philippe de
Malvoisin, avait été exécuté pour haute trahison. Son frère Albert, commandeur
du Temple de Londres, et Lucas de Beaumanoir, grand maître de l’Ordre en
Angleterre, avaient été exilés en France ainsi que Maurice de Bracy, un grand
ami de Jean [35] .
    Dinant avait cependant réussi à éviter la colère
royale, car il avait toujours agi dans l’ombre. D’ailleurs, si Philippe Auguste
connaissait sa félonie, Aliénor l’avait toujours ignorée.
    L’année précédente, à Paris, Dinant avait contacté
à nouveau Maurice de Bracy, Albert de Malvoisin et Lucas de Beaumanoir.
C’étaient eux qui étaient parvenus à empoisonner le carreau qui avait tué
Richard à Châlus. Cependant, l’assassinat de Philippe Auguste, qui aurait dû
suivre, avait échoué à cause de Robert de Locksley et de Guilhem d’Ussel.
    Jean avait quand même réussi à devenir roi
d’Angleterre, mais il s’était rapidement rendu compte qu’il n’était pas
vraiment le maître. En Angleterre, il devait compter sur ses barons et sur les
évêques, dont le tout-puissant archevêque de Cantorbéry, et, en France, c’était
sa mère Aliénor qui faisait obstacle à ses ambitions.
    Sa mère, qui était partie pour la Castille
chercher Blanche et qui serait à Bordeaux pour les fêtes de Pâques.
    Dinant s’était présenté chez son roi sitôt qu’on
l’avait prévenu. None était passé depuis longtemps.
    Dans sa grande chambre du château de Rouen, assis
sur sa chaise haute, Jean regardait son serviteur d’un œil trouble et morne.
Son valet de chambre venait de le réveiller.
    Le roi d’Angleterre et duc de Normandie était
encore dans les vapeurs de l’alcool et de l’amour. Il venait juste de chasser
la fille avec qui il avait passé la nuit. Les cheveux en bataille, la barbe
pouilleuse, il avait enfilé la robe brodée d’or que lui avait tendue son valet
et il considérait Dinant avec un mélange de mépris et de gêne. Comme toujours,
Dinant était très propre et très élégant dans une chasuble de soie sans
manches, brodée d’animaux sauvages, qui recouvrait sa fine cotte de mailles. À
sa taille, un triple baudrier en peau de cerf à boucle d’argent ciselée
soutenait une élégante épée à la poignée décorée de fils d’or. Ses cheveux
blonds, bouclés au fer, étaient serrés dans une coiffe de feutre portant une
grosse broche ornée de rubis.
    — Je vous ai dérangé dans votre sommeil,
seigneur, s’excusa-t-il en s’agenouillant, mais votre messager m’avait ordonné
de venir au plus vite.
    — Non, ça ira, Dinant ! maugréa Jean. Je
voulais savoir ce que tu faisais en ce moment.
    Cachant sa surprise, car le roi n’avait aucune
raison de l’appeler si vite, Dinant fit à son maître un rapide exposé sur la
situation dans le Poitou, puis un résumé de ses tentatives, vaines à ce jour,
pour faire assassiner Arthur réfugié à la cour de France.
    Au bout d’un moment, Jean leva une main fatiguée,
lui faisant signe de se taire.
    — Laisse tomber Arthur, compère, il ne pourra
jamais rien contre moi. J’ai d’autres soucis plus importants…
    Jean se leva et fit quelques pas en titubant.
    — Ma mère est fatiguée, malade et vieillie,
soupira-t-il. Je lui ai demandé de retourner à Fontevrault, mais elle veut
encore

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