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Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ramener ici ma nièce Blanche depuis la Castille.
    — Vous n’avez pourtant pas à vous plaindre
d’elle, remarqua Dinant. Elle a chaudement embrassé votre cause depuis la mort
de votre frère.
    — C’est vrai, mais elle me tient éloigné de
l’Aquitaine, alors qu’elle laisse là-bas le champ libre à ce scélérat de
Mercadier. Sais-tu ce qu’il fait dans mon duché ?
    — J’en ai entendu parler, sire. Avec la
complicité d’Hélie de Malemort, l’archevêque de Bordeaux, et de son frère
Morève, il pille la Gascogne.
    — Il fait plus que piller ! Il a mis mon
duché à feu et à sang ! rugit Jean. Non seulement il vole mes sujets
fidèles, mais quand il s’attaque aux partisans de Philippe, il garde les fruits
de ses rapines au lieu de m’en remettre la moitié ! Plus grave encore,
j’ai appris que la révolte gronde dans la population. Les bourgeois, le clergé
et le peuple qui l’exècrent disent : puisque le roi d’Angleterre ne nous
protège pas, demandons l’aide du roi de France !
    Dinant resta silencieux. Il savait tout cela.
    — Ça ne peut pas durer ! gronda Jean en
saisissant un vase pour le briser rageusement sur le sol émaillé.
    — Mercadier est hors d’atteinte, sire, à
moins de lui opposer une armée…
    — Je sais ! J’ai envoyé Brandin, mais il
me dit qu’il n’a pas assez d’hommes pour s’attaquer à Mercadier. En vérité,
depuis qu’il a été bailli de la ville du Mans, ce pendard aspire à devenir
baron et à prendre racine dans le Périgord. Il n’a donc aucune envie de
s’opposer aux routiers d’Aquitaine… aussi j’ai pensé à toi [36] .
    — À moi ? balbutia Dinant, terrorisé à
l’idée d’affronter celui qui se plaisait à écorcher ses prisonniers.
    — Tu vas accompagner la délégation que
j’envoie à Bordeaux pour escorter ma mère jusqu’à Rouen.
    — Oui, sire, répondit Dinant, fou
d’inquiétude.
    — Il y aura une fête pour Pâques. Je le sais.
Mercadier sera forcément invité, tant ma mère l’aime.
    Dinant hocha lentement la tête.
    — Quand tu seras avec eux, tu trouveras bien
un moyen de me débarrasser définitivement de cet estropiât.
    — Mais comment, sire ? balbutia Dinant.
    — Je ne sais pas ! s’emporta Jean. C’est
toi qui as les idées ! Mais je peux t’en donner une : en Angleterre,
quand un baron s’oppose à moi je demande un duel judiciaire pour nous
départager, et comme je ne peux me battre, j’ai un champion. C’est un brigand
de huit pieds de haut qui n’a jamais été vaincu tant il est vigoureux. D’un
coup de hache, il fend le crâne ou brise le dos de celui qui me conteste !
    — Brandin pourrait me donner un tel homme,
suggéra Dinan qui reprenait peu à peu ses esprits.
    — Peut-être, mais Mercadier est malin, je ne
le sous-estime pas. J’ai le sentiment qu’il cherche à se constituer un duché. À
la mort de ma mère, il aura tout le pouvoir en Aquitaine si je le laisse faire.
    Dinant réfléchit un instant pendant que Jean
retournait s’affaler sur son siège.
    — Je pourrais l’incriminer dans quelque crime
abominable. Votre mère ne pourrait que lui retirer sa confiance et le faire
exécuter.
    — Ce serait habile ! reconnut le roi
d’Angleterre en lissant sa barbe bouclée.
    Ils en restèrent là et Dinant rentra chez lui où
il fit appeler Peter Mauluc, son écuyer.
     
    Le comte était à Toulouse, aussi Guilhem dut-il
s’y rendre après s’être arrêté à Saint-Gilles. Mais Raymond avait une
conférence avec le corps de ville et Guilhem fut contraint de prendre chambre
dans une auberge. Par chance, il y retrouva cet ami troubadour, Gaucelm Faydit,
fils d’un bourgeois d’Usarche qui lui avait appris à jouer de la vielle.
    Si Faydit était jongleur et troubadour, il était
aussi grand joueur et surtout inlassable coureur de jupons, ce qui lui causait
beaucoup d’ennuis. Pour le protéger, le roi Richard, qui l’aimait fort, l’avait
un temps accueilli à sa cour ; aussi, ayant appris la mort de son
protecteur, Faydit venait de composer un chant à sa mémoire, chant qu’il apprit
à Guilhem.
    Au bout de deux jours, Ussel parvint à voir son
suzerain. Il lui dit seulement qu’il accompagnait Robert de Locksley qui
retournait en Angleterre. Son absence durerait quelques semaines, sinon
quelques mois, et il lui fit part des dispositions qu’il avait prises.
    Raymond lui demanda s’il irait à Paris, et il
répondit par

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