Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Londres, 1200

Londres, 1200

Titel: Londres, 1200 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
vagues
plus brutales. Plusieurs fois, Guilhem crut que la nef allait se déchirer sur
les brisants. Les grains devinrent incessants et ils durent même rester une
journée entière à l’abri dans une crique tant les rafales devenaient fortes.
Ils étaient perpétuellement mouillés, dans l’impossibilité de se sécher.
    Le pilote était celui qui souffrait le plus.
Continuellement en plein vent et copieusement rincé, il devait malgré tout être
vigilant tant les récifs étaient nombreux et les courants violents. Pour les
éviter, ils auraient dû passer plus au large, mais alors quitter la côte des
yeux, avec le risque de se perdre dans l’immensité de l’océan.
     

Chapitre 21
    D epuis
la douce aurore, la brise soufflait de la terre et la nef, ayant le vent de
travers, avançait lourdement à une allure désespérante. Le mauvais temps
s’était calmé et ils avaient quitté la baie où ils s’étaient abrités pour la
nuit.
    Seul sur le château arrière, Guilhem regardait la
côte déchiquetée, si proche et si lointaine. Passé la baie de Quiberon, elle
n’avait d’abord été qu’une masse brumeuse mais, maintenant, il en distinguait
les moindres détails ; les falaises où nichaient des mouettes piaillantes,
les landes couvertes de bruyères et de bois, les crêtes rocheuses avec leurs
moulins dont les ailes tournaient paresseusement. Par endroits s’élevaient des
fumées provenant d’un château ou d’un village invisible.
    Après les craintes et les malaises qu’il avait
ressentis durant le mauvais temps, Guilhem éprouvait maintenant une langueur
étouffante. Il aurait donné tous ses biens pour chevaucher dans ces forêts si
proches, pour se battre ou simplement pour marcher à grandes enjambées. Il
regrettait Lamaguère, ayant déjà oublié à quel point il s’y morfondait.
    Combien de temps allait encore durer cet ennuyeux
voyage ? Son regard balaya le pont. Cédric et Ranulphe jouaient aux dés
sur les tonneaux. L’archer perdait et jurait continuellement. À Lamaguère, il
trichait souvent et parvenait facilement à voler ses compagnons, mais il
n’osait le faire avec l’écuyer de son maître. Autour d’eux, des marins
réparaient des cordages, d’autres graissaient des poulies. Bartolomeo
sommeillait contre le passavant. À la proue, Robert apprenait de vieilles
ballades saxonnes à Anna Maria qui essayait de les jouer au psaltérion. Avec un
pincement de cœur, Guilhem songea à Sanceline. Où était-elle à cette
heure ? Et avec qui ? De Sanceline, son esprit s’égara vers Constance
Mont Laurier. Était-elle heureuse avec l’armateur Ratoneau ? Avait-elle
retrouvé la sérénité, ou était-elle toujours aussi dure ? Puis il pensa à
Amicie de Villemur, au corps si doux et parfumé, si fraîche et si pleine
d’esprit. Elle l’avait aimé, il en était certain, mais elle et ses frères
n’avaient pas accepté une mésalliance avec le pauvre chevalier qu’il était. Si
elle avait pu deviner ce qu’il deviendrait, elle ne se serait pas mariée et
serait devenue la dame de Lamaguère.
    Il s’apprêtait à prendre sa vielle pour composer
une ballade sur ses amours et ses malheurs quand le cri retentit :
    — Voiles en vue à la côte !
    C’était le pilote, sur le gaillard d’avant, qui
désignait la terre.
    Les hommes sur le pont s’approchèrent du plat-bord
avec inquiétude. Guilhem mit une main sur son front pour ne pas être ébloui par
le soleil levant. Au bout d’un instant, il aperçut les trois voiles blanches
qui cinglaient vers eux, venant d’une plage. De petites embarcations, mais leur
grande voile les portait rapidement.
    Guilhem avait déjà deviné que ce n’étaient pas des
pêcheurs.
    — Préparez vos armes ! lança-t-il.
    Locksley avait aussi compris et il conduisit Anna
Maria à l’abri, dans l’appentis entre les tonneaux. En même temps, il prit les
arcs et les carquois rangés à l’abri des embruns.
    Ranulphe et Cédric rassemblaient déjà épées et
rondaches, casques et camails, tandis que les marins maniaient les voiles
fiévreusement pour s’éloigner de la terre.
    Guilhem descendit du château arrière et s’adressa
au capitaine en enfilant le camail que lui tendait Bartolomeo.
    — Vous avez déjà eu affaire à eux ?
    — Oui, seigneur, mais je leur ai échappé en
tirant au large.
    — Croyez-vous y arriver ?
    Le capitaine grimaça de terreur.
    — Le vent porte mal ! laissa-t-il
tomber.
    — Combien

Weitere Kostenlose Bücher