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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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mon rire sonnait tellement faux qu’il me trahit. Devinant que j’avais besoin d’être consolé, elle vint s’asseoir sur mes genoux et me chatouilla le menton. Dans l’espoir que j’aurais droit à ce genre de traitement, je m’étais fait raser avant de grimper les six étages.
    — Quel est le problème, Marcus ?
    Je la mis au courant.
    Helena Justina m’assura qu’elle pouvait se dispenser d’appartenir à la classe moyenne et d’être mariée. Je supposais qu’elle n’y avait sans doute jamais cru.
    Je lui dis que j’étais désolé.
    Elle dit qu’elle s’en rendait compte.
    Je la serrai contre moi, sachant que je devrais la renvoyer à son père, et sachant aussi qu’elle n’accepterait jamais d’y aller – pour mon plus grand bonheur.
    — Je t’attendrai, Marcus.
    — Tu risques de passer ta vie à attendre.
    — Eh bien… (Elle s’amusait à entortiller mes cheveux autour de ses doigts.) Alors, qu’avez-vous fait exactement aujourd’hui ?
    — Oh… mon père et moi avons réussi à prouver que si deux membres du clan Didius combinent leurs efforts pour résoudre un problème…
    Helena Justina riait déjà.
    — Quoi ?
    — … ils parviennent à tout faire foirer beaucoup plus facilement qu’un seul !

48
    Horace voyagea un jour le long de la via Appia. Il la décrivit ensuite comme une succession de propriétaires malhonnêtes, de nids-de-poule, de pain graveleux et d’yeux infectés ; il se plaignit d’avoir été entassé dans un bac pour traverser les marais Pontins, puis abandonné pendant des heures sans aucune explication, et d’être resté éveillé, tout excité, une grande partie de la nuit, dans l’attente d’une fille qui ne s’était jamais donné la peine de venir…
    Comparé au nôtre, le voyage du poète avait été une partie de plaisir. Horace se rendait, en qualité de secrétaire chargé de faire le compte rendu des débats, à une conférence des triumvirs. Il avait de riches protecteurs et une compagnie intellectuelle : rien de moins que Virgile. Il était hébergé chez des particuliers où on allumait des pots d’huile parfumée pour l’accueillir. Nous, nous étions obligés de nous arrêter dans des auberges (quand elles n’étaient pas fermées pour l’hiver), et pour remplacer la compagnie de Virgile j’avais celle de mon père, dont la conversation était située à des lieues de la poésie épique.
    J’avais néanmoins un sérieux avantage sur Horace : ma mère m’avait pourvu d’un panier garni de bon pain romain et d’assez de saucisse fumée de Lucanie pour nous nourrir pendant un mois. J’avais également pris la précaution d’emmener ma propre donzelle. Je pouvais donc me dire avec satisfaction que si je n’avais pas été aussi épuisé par les fatigues du voyage, elle se serait tenue à ma disposition la nuit de mon choix.
    Une autre chose qu’Horace n’avait pas sur la route de Tarente, c’était une grand-tante Phœbe entourée d’une flopée de cousins moroses. (S’il en avait une, il n’a pas cru bon de la mentionner dans ses Satires, et si sa famille ressemblait à la mienne, personne ne pourrait lui en vouloir.)
    Il existait cependant trois raisons de visiter le jardin maraîcher. D’abord, Phœbe elle-même devait avoir entendu parler d’Helena et il était grand temps que je la lui présente si je voulais de nouveau goûter à sa polenta. Ensuite, nous pouvions laisser Geminus dans le mansio voisin, où le défunt Censorinus, et très probablement son copain centurion Laurentius, s’étaient arrêtés. De nos jours, faisant preuve de ce qui passe pour du tact dans notre famille, mon père ne se permettait plus de visiter le jardin maraîcher. Il reçut donc pour mission de devenir copain avec le propriétaire de l’auberge par tous les moyens, afin de découvrir les intentions de ce soldat (ou peut-être de ces soldats). La troisième raison était de jeter un coup d’œil dans la grange qui servait de réserve à mon frère.
    On a beaucoup entendu parler des grandes propriétés romaines peuplées de milliers d’esclaves s’épuisant à la tâche pour le compte de sénateurs romains qui n’y mettent jamais les pieds. On ne mentionne jamais, ou rarement, les petites fermes ressemblant à celle que les frères de ma mère cultivaient. Il en existe pourtant beaucoup. Dans les environs de Rome, et de bien d’autres villes, de pauvres paysans avaient bien du mal à nourrir leur famille. Au

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