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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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moins, en Campanie, le sol était-il fertile, et de bonnes routes permettaient d’envoyer au marché tout ce qui voulait bien pousser.
    C’était d’ailleurs de cette façon que mes parents s’étaient rencontrés. Lors d’un voyage à Rome, ma mère avait vendu à mon père des légumes douteux. Quand il revint pour se plaindre, elle se laissa audacieusement inviter pour aller boire une coupe de vin. Trois semaines plus tard, avec ce qui avait dû passer à l’époque pour un bon instinct paysan, elle l’épousa.
    Je tentai de brosser un tableau de la situation à Helena, sur le chemin conduisant à la ferme.
    — Dans le temps, mon grand-père et le grand-oncle Scaro se partageaient cette ferme. Maintenant, les frères de ma mère s’en occupent en alternance. En général, on en trouve toujours un sur place. Pour partir à son tour, il attend que l’autre revienne de l’étranger où il est tombé amoureux, ou cesse d’être déprimé parce que sa charrette a écrasé une sauterelle. Quelle équipe ! Impossible de savoir à l’avance qui sera là pour nous accueillir. Pour débarquer à l’improviste, celui qui s’était absenté choisit en général le moment où quelqu’un est en train de donner naissance à des jumeaux sur la table de la cuisine, ou celui où on vient de s’apercevoir que la plantation de radis n’a rien donné. Il arrive naturellement la tête pleine de folles idées pour de nouvelles méthodes de culture, et rêve de violer la fille adolescente du berger. Prépare-toi au choc. On va arriver juste après une dispute féroce, à propos d’un adultère ou d’un bœuf qui aura été empoisonné par un voisin. Si l’oncle Fabius n’apprend pas qu’il vient d’avoir un fils illégitime avec une femme dont le cœur donne des signes de faiblesse mais qui ne va pas moins le traîner devant les tribunaux, il considère qu’il a perdu sa journée.
    — Quand trouvent-ils le temps de travailler ? demanda judicieusement Helena Justina.
    — Ils se débrouillent. Les fermes sont des endroits animés !
    — C’est bien normal ! Les gens qui passent leur temps en étroite collaboration avec la Nature, c’est-à-dire avec la vie, la mort, la croissance, doivent éprouver des émotions en rapport.
    — Cesse de railler, femme ! J’ai passé la moitié de mon enfance dans cette ferme. À chaque fois que ça n’allait pas à la maison, on nous expédiait ici pour nous refaire une santé.
    — D’après ce que tu viens de me raconter, ce n’était peut-être pas l’endroit idéal pour se reposer ?
    — Les gens qui vivent dans une ferme trouvent toujours une solution aux problèmes. Pour eux, c’est aussi simple que d’arracher une feuille de salade… Laisse-moi finir de t’éclairer parce qu’on ne va pas tarder à arriver. Au centre de toute cette agitation, la grand-tante Phœbe se tient comme un roc au milieu du foyer et fait une polenta qui pourrait arrêter n’importe quelle épidémie.
    — La sœur de ton grand-père ?
    — Non, c’est sa deuxième femme, mais il ne l’a pas épousée. Ma grand-mère est morte jeune.
    — Épuisée par toute cette agitation, je suppose ? suggéra Helena.
    — Tu es trop romantique ! Épuisée par toutes ses maternités. Avant de réconforter mon grand-père pendant des années, Phœbe n’était qu’une esclave. C’est fréquent. Depuis aussi longtemps que je m’en souvienne, ils ont partagé leur lit, leurs repas, et tout le travail pénible que mes oncles n’avaient pas le temps de faire à cause de leur vie sociale trop bien remplie. Grand-père en a fait une femme libre et a toujours eu l’intention de l’épouser, mais ça ne s’est jamais fait. Ne me demande pas pourquoi.
    — Je ne vois là aucun problème, s’ils étaient heureux comme ça, déclara Helena d’une voix sévère.
    — Moi non plus, renchéris-je d’un ton beaucoup plus suave. L’ennuyeux, c’est que Phœbe en a honte. Tu vas t’apercevoir très vite qu’elle manque de confiance en elle.
    Jusqu’à ce que nous arrivions sur place, Helena avait ri de mes histoires comme s’il s’agissait d’une bonne plaisanterie.
    Nous trouvâmes grand-tante Phœbe, toujours aussi imperturbable, en train de filer près du foyer. C’était une charmante petite femme aux joues rondes qui paraissait très frêle mais possédait la force de trois hommes. Ce qui valait mieux, parce que pendant que les autres se contemplaient le nombril,

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