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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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bien avant que Vespasien ne pose la première pierre avec une truelle d’or. Des promeneurs venaient régulièrement jeter un coup d’œil aux travaux. Pour quelqu’un qui souhaitait passer une heure tranquille à regarder les autres travailler, c’était l’endroit idéal.
    La dernière fois que j’y étais venu, le centurion Laurentius et Petro m’accompagnaient. Nous avions jugé bon de lui parler après le suicide d’Epimandos, et il ne nous avait pas paru idéal de le faire dans la maison de sa sœur pleine des cris de ses jeunes enfants. Nous nous étions donc retrouvés sur ce chantier, où nous avions dit à Laurentius que nous pensions que Censorinus avait été assassiné par le serveur.
    Il n’en avait pas été surpris le moins du monde. Après avoir reconnu l’esclave en fixité, il avait assez rapidement envisagé cette possibilité. Malgré tout, sur le moment, cette conversation nous laissa tous les trois assez démoralisés.
    Laurentius, qui avait pourtant la tête sur les épaules, commença à philosopher d’une façon mélancolique.
    — Regardez ceux-là, par exemple ! s’était-il exclamé en désignant un groupe de prisonniers d’Orient.
    Ils creusaient des fondations, mais sans faire preuve d’un zèle excessif. Les chantiers ont leurs moments d’activité frénétique, ce n’était pas l’un d’eux.
    — Nous, les légionnaires on nous laisse plantés au soleil dans le désert et nos cerveaux se mettent à bouillir sous nos casques, tandis que ces individus se laissent capturer et viennent se la couler douce à Rome… À quoi bon risquer notre vie, hein ?
    L’éternelle rengaine.
    C’est à ce moment-là que je lui parlai de Festus. Lui-même n’était pas présent à Béthel.
    — J’étais parti avec un détachement sous le commandement de Cerialis, plus au sud, dans une région infestée de bandits. Nous avions pour mission de nettoyer le terrain autour de Jérusalem en prévision du siège, tandis que le vieux s’occupait lui-même des villes dans les collines. (Il faisait référence à Vespasien.) Il y a un problème, Falco ?
    — Pas vraiment, non. (J’étais obligé de faire preuve de beaucoup de diplomatie. Critiquer le héros d’une campagne militaire, c’est critiquer la conduite de cette campagne et aussi les survivants.) Je me demandais seulement comment ça s’était passé.
    — Tu n’as pas reçu un rapport ?
    — Je devrais croire un rapport officiel ? J’ai été dans l’armée moi aussi !
    — Qu’est-ce qui te tracasse exactement ?
    Je répondis, en essayant de le faire passer pour une plaisanterie :
    — Eh bien, sachant ce que je sais aujourd’hui, je me demande si un membre de votre association furieux de ses pertes ne l’aurait pas poussé du rempart…
    — Tu ferais mieux de croire le rapport, rétorqua sèchement le centurion qui apparemment n’avait pas goûté tout le sel de la plaisanterie. (Cependant, en partant, il avait jeté par-dessus son épaule :) Tu peux vraiment croire ce qu’on t’a dit, Falco ! (Ses yeux durs brillaient dans son visage qui inspirait la confiance.) Mais au fond, tu sais comment ça se passe… ce qui a emporté Festus, c’était probablement un accident stupide.
    Il avait raison, le mieux était de laisser tomber et de croire le rapport. Je savais cependant que ma mère exigerait d’en savoir davantage.
    Je pouvais évidemment me rendre en Pannonie. J’y retrouverais les légionnaires qui étaient présents au moment de la mort de Festus : les hommes de sa centurie qui l’avaient suivi sur le rempart. Mais je savais déjà qu’ils me diraient la même chose que l’armée.
    Évidemment, si je parvenais à les soûler, ils me donneraient une autre version des faits – uniquement parce que des soldats ivres haïssent l’armée et l’accusent alors de tous les maux. Des maux qui n’existent plus dès qu’ils ont cuvé leur cuite. Ses camarades de combat avaient un intérêt personnel dans le sort officiel de mon frère : les soldats morts ne peuvent être que des héros.
    À plus forte raison les officiers.
    La campagne de Judée était d’autant plus célèbre qu’elle avait produit un empereur. Voilà un avatar auquel personne ne s’attendait au moment de la mort de Festus. Mon frère s’était fait tuer en mars ou en avril, Vespasien n’avait pas été proclamé empereur avant juillet, et il lui avait fallu encore pas mal de temps pour conquérir le trône.

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