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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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moi-même très en colère. Chaque rencontre avec Allia me faisait toujours revivre une partie de mon enfance, la pire, celle que toutes les mémoires judicieuses s’empressent d’effacer.
    Ma mère paraissait fatiguée. Elle se retira, me laissant seul avec Helena.
    — Oh, arrête de faire cette tête ! s’exclama-t-elle.
    Au moins, elle m’adressait encore la parole. Je m’emplis discrètement les poumons avant de dire :
    — Tu ferais mieux de m’en parler.
    — De quoi, Marcus ?
    Je voulais avoir la possibilité de lui expliquer comment les choses s’étaient vraiment passées.
    — Du chardon empoisonné qu’Allia a planté dans le champ de melons.
    — Je vais te trouver de quoi manger, déclara Helena Justina, en faisant comme si elle n’avait pas entendu mon offre magnanime.
    Elle savait comment me punir.

15
    Le repas que me servit Helena était mangeable, sans plus. J’adoptai ensuite l’air affairé de celui qui a beaucoup de pain sur la planche et m’empressai de disparaître. Je passai en fait tout l’après-midi aux thermes à m’entraîner. J’avais besoin de temps pour réfléchir, et aussi de soigner ma forme pour affronter les problèmes qui m’attendaient.
    En me voyant apparaître à la pal æ stra, Glaucus m’avait plutôt regardé de travers. Il ne s’était permis aucun commentaire, mais il était facile de deviner qu’il avait été interrogé par Petronius.
    Ensuite, n’éprouvant aucune urgence particulière à regagner l’appartement de ma mère, je m’étais baladé dans Rome. Alors que je traînassais sans but le long de la route d’Ostie, la pluie avait enfin cessé. Puis un soleil pâle avait réussi à percer les nuages, redonnant une apparence plus pimpante aux toits et aux auvents. Je me risquai à rejeter le capuchon de ma houppelande qui me dissimulait le visage. Je pus enfin respirer à mon aise. L’air était vif mais ne transportait plus de relents d’orage. C’était simplement l’hiver à Rome.
    La cité paraissait à moitié endormie. Les rues étaient pratiquement vides. Seuls quelques individus qui n’avaient pas le choix s’abritaient ici et là. On était loin de l’atmosphère joyeuse de l’été. Aucun promeneur en vue dans les jardins de César, pas une seule personne installée sur son balcon pour discuter en hurlant avec les voisins d’en face, pas un seul individu en train de somnoler sur un tabouret devant sa porte, pas de spectateurs applaudissant dans les théâtres. Je n’entendis aucune note de musique. Je ne vis aucun citoyen ayant l’air de se rendre à une fête. L’odeur âcre de la fumée dégagée par les thermes imprégnait l’atmosphère et prenait à la gorge.
    Des lumières commençaient à s’allumer un peu partout. Il était temps que je me rende dans un endroit précis, même si ce n’était pas à la maison. Déambuler au hasard pouvait attirer fâcheusement l’attention sur moi. En outre, c’était déprimant.
    N’ayant rien à perdre, je décidai de faire une nouvelle tentative du côté de chez Flora.
    Cette fois, je ne remarquai la présence d’aucun représentant de la garde aventine. Je restai néanmoins fort méfiant, car Petronius s’arrêtait parfois avant de rentrer dîner chez lui. Je ne veux pas dire par là qu’il avait besoin de reprendre des forces avant d’affronter sa femme et leurs trois gamines si turbulentes. Non, Petro avait des habitudes bien réglées, et faire halte chez Flora en faisait partie. Sans m’arrêter, l’air désinvolte, je n’en surveillai pas moins attentivement les environs et jetai un coup d’œil à l’intérieur de la caupona avant de m’y risquer.
    J’avais choisi le bon moment pour effectuer ma petite visite domiciliaire. L’adjoint de Petro, sa mission accomplie, était rentré faire son rapport au poste de garde, et il n’y avait pas un seul client. Les pauvres gueux qui s’incrustaient durant la journée étaient partis, et il était trop tôt pour le service du soir. J’avais les mains libres pour agir. À condition de faire vite.
    Je m’appuyai contre le comptoir. Epimandos, le serveur miteux de l’endroit, était en train d’essuyer des bols. En me voyant, il lâcha son torchon et resta un instant bouche bée.
    — Comme d’habitude ? finit-il par bafouiller machinalement, avant d’être de nouveau pétrifié par la panique.
    — Pas le temps de manger. Donne-moi un petit pichet de rouge maison.
    C’était comme si je

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