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L'or de Poséidon

L'or de Poséidon

Titel: L'or de Poséidon Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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temple d’Isis en galante compagnie, n’avait jamais compris que la voir s’établir dans le voisinage de la pudique chasseresse ait pu en choquer certains.
    L’adresse faisait cossu, mais c’était bien le seul avantage d’habiter là. Sa famille occupait deux pièces dans un immeuble-clapier qui se dressait à l’arrière d’un vaste atelier où l’on martelait le cuivre à longueur de journée. D’ailleurs, le bruit constant des coups de maillets avait rendu toute la famille un peu sourde. Les planchers de leur modeste logis étaient de travers, les murs fort peu épais, les plafonds menaçants, et l’odeur qui se dégageait d’une vaste cuve d’urine empuantissait toute la bâtisse. Partisan du moindre effort, le propriétaire ne la vidait jamais ; il se contentait de ne pas réparer la fuite qui dégageait continuellement de la place pour les locataires. La lumière du jour éclairait à peine les appartements, ce qui était une chance : voir l’état des lieux trop distinctement aurait pu conduire à une longue file de candidats au suicide sur le pont Probus.
    Je ne m’étais pas senti obligé de venir chez Victorina depuis très longtemps. Si longtemps que je ne savais plus exactement lequel était son appartement. Avançant prudemment dans la pénombre, à cause de la fuite d’urine, je dus faire plusieurs tentatives infructueuses avant de frapper à la bonne porte. J’entrai rapidement, pour échapper aux invectives des voisins que j’avais dérangés. Il ne pouvait pas y avoir de plus grand contraste entre le logement clair et aéré où Maia élevait ses enfants, et ce taudis humide et puant.
    Mico se trouvait à la maison. Pas étonnant, il était presque toujours au chômage. Il faut dire que mon beau-frère ne connaissait pas son métier. La guilde des plâtriers le gardait uniquement par pitié. Même quand un entrepreneur était pris à la gorge pour recruter des ouvriers, Mico était le dernier auquel il faisait appel.
    Je le trouvai en train d’essuyer le miel qui avait coulé sur le menton de son avant-dernière. Avant de se défiler, l’aînée, Augustinilla, celle qui nous avait accompagnés en Germanie, me jeta un regard méchant qui semblait m’accuser d’être le seul responsable de la mort de sa maman. Armé d’une petite chèvre en argile, le garçon de 6 ans frappait méthodiquement sur celui de 4. Je me penchai pour ramasser le bébé, vautré sur une couverture dégoûtante. Il n’était pas du type sociable. La façon dont il s’agrippa à la perche qui lui permettait de se tenir debout n’était pas sans rappeler un chaton sortant ses griffes pour se protéger. Puis il eut un renvoi, en affichant la satisfaction perfide de celui qui a attendu qu’un visiteur lui présente sa cape propre pour vomir dessus.
    Dans un autre coin de la pièce, un ballot de haillons peu affriolant croassa aimablement dans ma direction : la mère de Mico. Elle avait dû se glisser ici à l’instant même où Victorina était morte. Elle s’activait à dévorer la moitié d’un pain, mais ne faisait pas un geste pour aider son fils. Les femmes de ma famille détestaient cette vieille femme, ce qui ne m’empêcha pas de la saluer poliment. Tous les miens paraissaient nés pour se mêler des affaires des autres, tandis que certains personnages ont le tact d’être des parasites discrets. J’aimais le style de la mère de Mico. Avec elle, il n’avait jamais été question de se faire chasser de la maison à coups de balai, ni de se faire sonder la conscience sans aucun ménagement.
    — Marcus ! s’écria Mico avec son élan d’affection habituel.
    Je ne pus m’empêcher de grincer des dents. Mon beau-frère était un petit homme basané, doté d’un visage mou et de quelques dents noires. Il était prêt à rendre service à n’importe qui, mais il s’en acquittait mal et rendait les gens fous par son bavardage incessant.
    — Mico ! m’exclamai-je à mon tour en lui donnant une tape amicale sur l’épaule.
    Pour être déprimé, il n’avait pas besoin de l’excuse d’avoir cinq enfants à moitié orphelins sur les bras, sa propre mère sur le dos, pas de travail et pas d’espoir. Il avait toujours été un long fleuve de tristesse. Sa véritable tragédie était son manque de chance. Si par miracle Mico butait dans un sac d’or en se rendant chez le boulanger, le sac se déchirerait et les pièces d’or s’éparpilleraient hors de sa portée. Pis, en

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