L'or de Poséidon
années.
Gaius tenait toujours à ajouter une petite note d’optimisme.
— Sans oublier le fait qu’il a peut-être vraiment coulé. Je suis donc en train de perdre mon temps.
— Le naufrage est vraisemblable. Je me souviens encore du foin que Festus a fait à ce moment-là.
— Je suis vraiment heureux de rencontrer quelqu’un au courant du problème, le flattai-je. Je commençais à désespérer. Je crois que nous pouvons estimer que l’ Hypericon n’est pas arrivé à Ostie. Soit il a vraiment coulé, soit on l’a dissimulé quelque part. Mais serais-tu tout de même prêt à faire quelque chose pour la famille ?
— Tu veux dire vérifier malgré tout ?
— Oui, mais pas seulement l’ Hypericon. Je voudrais que tu épluches les listes de l’année entière.
— Il faudrait que j’aille à Ostie.
— Je paierai la location de ta mule.
Si je le connaissais bien, il se débrouillerait à bénéficier d’un transport officiel et ce serait autant de gagné. Mais qu’importe. Ce qui comptait, c’est qu’il paraissait prêt à m’aider. C’était sans doute une bonne excuse pour ne pas avoir Junia sur le dos pendant quelque temps. Quant à ma sœur, elle n’oserait émettre aucune objection car Festus était son frère à elle aussi. Et j’étais persuadé que, maniérée comme elle l’était, ce scandale possible l’alarmait davantage qu’aucun autre membre de la famille.
— Si j’ai bien compris, Falco, tu veux savoir si un autre navire affrété par Festus a débarqué des marchandises à Ostie ? (Gaius Bæbius paraissait beaucoup aimer cette idée.) Oho ! Tu crois qu’il a transféré la cargaison sur un autre bateau ?
— Je n’en ai pas la moindre idée. J’essaie d’envisager toutes les possibilités, c’est tout. En fait, c’est un travail que j’aurais dû faire il y a longtemps, puisque je suis son exécuteur testamentaire. Même si l’ Hypericon a fait naufrage, il y a peut-être des objets de valeur dans une cachette ou une autre. Des objets que je pourrais vendre pour que la légion cesse de nous harceler.
En réalité, j’espérais trouver bien plus.
— Pourquoi tu ne leur dis pas simplement qu’il n’y a rien ? demanda Junia d’une voix coléreuse.
— Ça, je l’ai déjà fait. Ils ne me croient pas, et ils s’en fichent. Ils veulent être payés, même si ça doit ruiner toute la famille. (Je ne jugeai pas utile de mentionner la théorie de Geminus sur la provenance des fonds.) Alors, Gaius, es-tu prêt à m’aider ? Est-ce que ces listes existent encore, d’après toi ?
— Oh ! je suis sûr qu’elles existent. Mais as-tu une idée du nombre de bâtiments qui viennent à Rome en une saison ?
— Je peux t’aider à faire les recherches, proposai-je.
— Qu’on soit un ou deux, ça ne fera pas une grosse différence. C’est un travail énorme. (Mon beau-frère avait beau grommeler, il était clair qu’il allait accepter.) Je pourrais aller sur la côte aujourd’hui, pour voir mes copains du port. J’aurais au moins une idée de ce qui nous attend.
Gaius Bæbius était un vrai bureaucrate. L’idée qu’il était si important qu’il fallait qu’il gâche ses vacances pour se précipiter au travail lui plaisait beaucoup. Il était prêt à galoper jusqu’à Ostie sur-le-champ.
— Bon, je serai de retour en fin de matinée.
Cet homme était idiot. Si je poursuivais mes enquêtes à ce rythme, je serais mort de fatigue depuis longtemps.
— Où est-ce que je pourrai te trouver ? me demanda-t-il.
— Déjeunons ensemble. Je serai dans un bar près du mont Cælius.
Junia dressa tout de suite l’oreille.
— J’espère que ce n’est pas un endroit qui a mauvaise réputation, Falco ?
Ma sœur cherchait à éviter tout ennui à son mari. Inutilement, car il n’était pas du genre à se fourrer dans les ennuis.
— Tu n’as pas à t’inquiéter, ça s’appelle La Vierge…
Elle fut tout de suite rassurée par le nom et autorisa Gaius à aller m’y retrouver.
— Il se peut qu’il y ait un autre problème, avouai-je. Festus peut avoir affrété un bateau au nom d’un agent qu’il utilisait. Malheureusement, personne n’a pu…
— Il veut dire Père ! me coupa Junia.
— … personne n’a pu me donner le nom de cet agent.
— Dis donc, ça devient insoluble ! s’inquiéta mon beau-frère.
— T’en fais pas, je finirai par savoir de qui il s’agit.
— Gaius Bæbius ne peut
Weitere Kostenlose Bücher