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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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toi-même… à ta putain de faute, grommela Calgacus en apportant de la nourriture et des boissons.
    Ballista remarqua que le vieux Calédonien, contrairement à son habitude, ne se privait pas d’exprimer ses opinions devant Maximus et Demetrius.
    — Ces écriteaux que tu fais afficher à l’agora : « Le Dux Ripæ va se rendre à cheval, pratiquement seul, dans un trou à rat infesté de mouches au beau milieu de nulle part ; faites-le savoir aux Sassanides, ils pourront lui tendre une embuscade. » Tu n’écoutes jamais… comme ton père.
    — Tu as raison, dit Ballista avec lassitude. Il n’y aura plus d’écriteaux, on n’avertira plus personne de ce que nous allons faire.
    — Mais cela pourrait être un hasard, un coup de malchance. Leur patrouille s’est juste trouvée là et on l’a rencontrée. Ce n’est pas forcément à cause d’un traître.
    Demetrius voulait à tous crins que quelqu’un lui donne raison ; cela ne risquait pas d’arriver.
    — Si, j’ai bien peur que si, dit Ballista. Ils savaient que nous venions. Ce nuage de poussière au sud était soulevé par le gros de leur troupe. Ils devaient nous attaquer au caravansérail désaffecté, lorsque nous y aurions campé pour la nuit. Nous étions en retard. Nous n’étions pas censés voir ceux que nous avons rencontrés ; ceux-là avaient pour mission de rattraper ceux d’entre nous qui auraient réchappé au massacre.
    — Donc, dit Maximus, tu comprends maintenant les vertus de la paresse – une bonne sieste bien longue nous a sauvé la vie.
    Quatre heures après le retour du Dux Ripæ, les frumentarii étaient assis dans leur taverne favorite au sud-est de la ville.
    — L’ont laiché crevé comme un chien.
    L’émotion n’était pas feinte ; le Nord-Africain bouillait de colère.
    — Oui, dit son compère de Subura.
    Sa voix était neutre. Il était désolé pour l’Espagnol, Sertorius comme il l’avait surnommé, mais qu’aurait pu faire le Dux Ripæ  ? S’arrêter et se faire tuer avec toute la troupe ?
    — Comme un chien… J’espère que le pauvre bougre était déjà mort quand ils l’ont trouvé.
    — Oui, répéta celui de Subura.
    L’accent punique du Nord-Africain se faisait plus prononcé, sa voix plus forte et bien que la taverne fût presque vide, le Romain ne tenait pas à attirer l’attention.
    — Je vais m’occuper de che bâtard de Barbare… m’en vais lui coller un rapport, je te dis que cha. Je voudrais juste être là lorsque le princeps peregrinorum [68] le donnera aux empereurs, voir la tête de Valérien lorsqu’il apprendra comment son Barbare a merdé, le chalaud.
    — Tu es sûr que c’est une bonne idée ?
    — Bien chûr… cha lui réglera son compte, à ce bâtard.
    Quelqu’un écarta le tapis persan qui séparait l’arrière-salle du reste de la taverne. Mamurra entra et vint à la table des frumentarii. Il se pencha, approchant son gros visage carré tout près d’eux.
    — Toute mes condoléances pour la perte de votre collègue.
    Il avait parlé à voix basse et était sorti sans attendre de réponse. Les deux frumentarii se regardèrent, l’air consterné. Depuis combien de temps le prœfectus fabrum s’était-il trouvé là ? Qu’avait-il entendu ? Et n’y avait-il pas quelque chose dans la manière dont il avait prononcé le mot « collègue » qui suggérait que l’Espagnol eût pu être plus qu’un autre membre de la suite du Dux Ripæ ?
    Sept jours après les événements de Castellum Arabum, Antigonus entra dans la ville, juché sur un âne mené par un paysan. Il dit au telones et au boukolos d’aller se faire foutre, déclina son identité au centurion de Legio IIII en charge de la porte de la Palmyrène et, dans la demi-heure qui suivit, se retrouva au palais. Assis dans les appartements privés du Dux Ripæ, nourriture et boisson à portée de main, il raconta son histoire.
    Oui, Antigonus avait bien trouvé les deux soldats partis en pointe. Les Sassanides étaient en train de les interroger, les pauvres bougres, lorsqu’il était passé. Étrangement, personne ne l’avait poursuivi. Mais une colonne de cavaliers perses arrivait du sud, ils étaient très nombreux. Antigonus avait relâché son cheval – une excellente monture, soit dit en passant, caché le gros de son équipement dans un ravin et nagé jusqu’à une île au milieu de l’Euphrate. C’était un Batave du Rhin, leur dit-il fièrement. Et tout le monde

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