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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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revenons pas, dis à notre maître Mariadès que nous avons fait notre devoir. Souviens-toi de nos noms : Petronius et Nero.
    Vardan ne répondit pas, mais à son signal, les deux soldats qui leur barraient la route s’écartèrent. Ballista se mit en marche.
    Il est malaisé de marcher normalement quand on se sait observé, plus encore quand on pense que quelqu’un cherche à vous tuer. Ballista se força à ne pas courir. Maximus, que le Père-de-Tout le bénisse, avait emboîté le pas à son dominus. L’Hibernien recevrait la première flèche, mais Ballista se sentait malgré tout terriblement exposé.
    La portée efficace d’un arc était d’environ cinquante pas, moins dans la pénombre. Quelle distance avaient-ils parcourue ? Ballista commença à compter ses pas, trébucha et s’efforça à nouveau de marcher normalement. Il lui sembla qu’ils marchaient depuis des heures. Il sentait des contractures dans les muscles de ses cuisses.
    Enfin, la paroi du ravin émergea soudain de l’ombre et se dressa devant eux. Les deux hommes se retournèrent et s’accroupirent, cherchant à offrir la plus petite cible possible. Ballista était essoufflé, sa tunique trempée de sueur.
    —  Petronius et Nero  ? En voilà une putain d’idée ! chuchota Maximus.
    — C’est de ta faute. Si tu lisais autre chose que le Satyricon, j’aurais peut-être pu penser à d’autres noms. Maintenant, tirons-nous en vitesse. On n’est pas encore à l’abri. Ces bâtards pourraient bien changer d’idée et se lancer à notre poursuite.
    Demetrius se tenait debout dehors, juste derrière la poterne. Il s’étonnait de se trouver là. Même si Coeccius, le décurion, et deux de ses soldats se tenaient non loin, son courage ne manquait pas de le surprendre. Une partie de lui-même ne cessait de lui souffler qu’il verrait et entendrait aussi bien, peut-être mieux, sur la tour. Mais il chassa ces pensées. Il ressentait une étrange excitation à se trouver hors les murs, après de si longs mois de confinement.
    En compagnie des trois soldats, il observait et écoutait. L’obscurité bruissait de mille friselis ; la fuite furtive d’animaux nocturnes, le soudain battement d’ailes d’un rapace. La brise avait tourné au sud, amenant vers eux des bribes de conversation, des rires, la toux d’un cheval en provenance de la ligne de sentinelles perses de l’autre côté du ravin. Un chacal jappa, aussitôt imité par des congénères. Le tintement des pioches sur la pierre se faisait entendre par intermittence, mais rien n’annonçait l’arrivée de Ballista et Maximus.
    Les pensées du jeune Grec le transportaient très loin, vers la morne plaine s’étendant devant les murs de Troie, vers Dolon le Troyen passant son arc en bandoulière sur son épaule, se couvrant d’une peau de loup gris et partant furtivement espionner le camp grec. Les choses s’étaient mal passées pour Dolon. Là-bas, dans la plaine sombre, il avait été pourchassé comme un lièvre par le rusé Ulysse et par Diomède au grand cri de guerre. En larmes, implorant la pitié, Dolon avait révélé l’emplacement des troupes troyennes. En vain, d’un coup de sabre, Diomède lui avait tranché les tendons du cou. Sa tête avait roulé dans la poussière et son corps fut dépouillé de son arc et de sa peau de loup gris.
    Demetrius priait les dieux avec ferveur pour que Ballista et Maximus ne connussent pas le sort de Dolon. Si le jeune Grec avait eu à portée de main les poésies d’Homère, il s’en serait servi pour chercher à connaître la tournure que prendraient les événements. C’était une méthode de divination bien connue que de choisir au hasard un vers de l’Iliade et de voir comment le divin Homère éclairait l’avenir.
    Demetrius fut brusquement ramené à la réalité par le bruit d’une patrouille perse avançant au fond du ravin depuis le fleuve. Il entendit la formule convenue « Peroz-Shapur » et le mot de passe donné en réponse « Mazda », puis un échange de paroles en persan. Demetrius, comme ses trois compagnons, se retrouvèrent au bord du ravin, penchés en avant, tendant l’oreille pour entendre ce qui se disait en contrebas. C’était inutile. Il ne connaissait pas un mot de persan.
    Demetrius sursauta lorsqu’un faisceau de lumière les éclaira depuis la poterne. Il se retourna. La silhouette d’Acilius Glabrio se dressait devant la porte. La lumière de la torche se reflétait sur la

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