L'Orient à feu et à sang
s’enfonça dans le mur jusqu’au manche. Les mineurs redoublèrent d’effort pour élargir le trou. Crac crac.
— Ça suffit ! cria Mamurra.
Les mineurs se reculèrent, laissant la place aux archers. Ils bandèrent leurs arcs et tirèrent directement dans le trou. On entendit les flèches ricocher sur le mur opposé. Ils tirèrent encore, cette fois-ci vers la droite pour l’un, vers la gauche pour l’autre. Leurs flèches éraflèrent les parois. Les archers s’écartèrent.
Mamurra et l’homme qui était à côté de lui s’engouffrèrent dans la brèche, puis dans la mine perse. Heurtant le mur opposé, Mamurra prit à droite. Le soldat partit vers la gauche. Mamurra fit quelques pas, puis attendit qu’un autre soldat le rejoignît.
Ils avancèrent ensemble, Mamurra courbé en deux. Sans casque ni armure, il se sentait terriblement vulnérable. Au loin, un faisceau de lumière se déversait par le puits de ventilation. Au-delà, Mamurra distinguait les silhouettes indistinctes des Sassanides. Il aperçut un arc recourbé et résista à l’envie de se plaquer contre le mur – les flèches pouvaient suivre les murs. Il s’accroupit, s’efforçant d’offrir la plus petite cible possible. Il entendit le sifflement de la flèche, sentit l’air qu’elle déplaçait.
Se redressant un peu – il ne voulait pas se cogner la tête contre le plafond inégal du tunnel – Mamurra courut vers les Perses. Les deux Sassanides devant lui dégainèrent leurs sabres, firent face un instant, puis se retournèrent et s’enfuirent en courant. L’un deux trébucha. Le légionnaire aux côtés de Mamurra fut sur lui tout de suite. Un pied appuyé sur le bas de son dos, il lui enfonça son glaive à plusieurs reprises dans les épaules, la nuque, la tête.
— Attendez, cria Mamurra. Apportez les boucliers.
Des boucliers d’osiers passèrent de main en main. Quatre légionnaires improvisèrent une barrière.
— Où sont les sapeurs ? Bien, abattez ces étais et effondrez la mine de ces reptiles.
Tandis que les hommes se mettaient au travail, levant leurs pioches, Mamurra se retourna pour voir ce qui se passait de l’autre côté, à l’avant de la mine. Il ne vit pas ce qui le frappa, mais en sentit juste le terrible impact sourd. Il resta debout, étourdi, un instant, ne ressentant qu’une vague surprise. Puis il fut pris d’une violente nausée, tandis que la douleur le submergeait. Il vit le sol rugueux du souterrain en tombant. Son visage s’écrasa sur la roche. Il resta conscient juste assez longtemps pour entendre les Perses contre-attaquer, pour sentir un homme lui marcher sur la cheville.
Ballista sut qu’un désastre se produisait sous terre lorsqu’un légionnaire émergea en courant de l’entrée de la mine, les mains vides. Il s’arrêta, regardant autour de lui, l’air hébété. Un autre légionnaire le suivait et faillit lui rentrer dedans.
— Merde, dit Maximus doucement.
Ils se levèrent tous. Les soldats autour de l’entrée levèrent leurs armes. Antoninus commença à les mettre en formation de combat. Un flot d’hommes sortait maintenant de la mine. Tout le monde savait désormais ce qui s’était passé. Les Perses avaient gagné la bataille souterraine. D’un moment à l’autre, les guerriers sassanides se rueraient hors de la mine à la poursuite des Romains en fuite. Castricius attendait à côté de Ballista.
— Effondre le puits de mine.
Castricius se retourna et donna une série d’ordres. Un groupe d’hommes tenant des pioches et des pieds-de-biche se fraya un passage dans le tunnel à contre-courant des légionnaires paniqués. D’autres se saisirent des cordes déjà attachées aux étais de mine.
— Non !
Maximus attrapa l’épaule de Ballista. Il serrait fort.
— Non, tu ne peux pas faire ça. Nos gars sont toujours en-dessous.
Ballista l’ignora.
— Aussi vite que tu peux, Castricius.
— Salaud ! Tu ne peux pas faire ça. Bordel, Mamurra est toujours en bas !
Ballista se tourna vers son garde du corps, le toisant méchamment.
— Tu veux donc qu’on meure tous ?
Le bruit des hommes s’activant fiévreusement s’élevait de la bouche noire du tunnel.
— Espèce de salaud, c’est ton ami !
« Oui, oui, c’est vrai mais, Père-de-Tout, il le faut. Ne pense pas, agis. Le temps des récriminations, de la culpabilité, viendra plus tard. Ne pense pas, agis. »
Les terrassiers tenant leurs pieds-de-biche et
Weitere Kostenlose Bücher