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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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Sous lui, le drap était humide, moite de sueur. Il se mit à prier : « Ô Père-de-Tout, Ô Borgne, Ô Faiseur de mal, Ô Terrible, Ô Encapuchonné, Ô Exauceur de vœux, Ô Secoueur de lance, Ô Vagabond. » Il doutait que cela servît à grand-chose.
    Il se leva peu après. Encore nu, il ouvrit la porte, enjamba Calgacus endormi, monta sur le pont et pissa par-dessus le bastingage. L’air du petit matin était frais sur sa peau. Lorsqu’il revint à la cabine, Calgacus avait disposé sur une table son petit déjeuner et Maximus était en train d’en manger la majeure partie.
    Il était inutile de poser la question, mais il s’y sentait obligé.
    — Calgacus ?
    Le Calédonien se retourna.
    — As-tu vu ou entendu quelque chose cette nuit ?
    Le vieil homme au visage disgracieux secoua la tête.
    — Et toi, Maximus ?
    Le garde du corps, la bouche pleine de pain et de fromage, secoua lui aussi la tête. Il fit passer la nourriture avec une lampée du vin coupé d’eau de Ballista, puis dit :
    — Tu as vraiment mauvaise mine. C’est quand même pas encore le grand type qui est revenu, si ?
    Ballista fit signe que oui.
    — Vous ne mentionnez cela à personne, vous deux. À personne, c’est bien compris ? Les hommes sont bien assez nerveux comme ça depuis qu’un abruti a éternué quand nous avons pris la mer. Imaginez ce que ce serait s’ils venaient à apprendre que leur commandant, leur Barbare de commandant, est accompagné de son propre démon maléfique ?
    Les deux autres acquiescèrent solennellement.
    — Les hommes sont peut-être nerveux parce qu’ils savent où nous allons, suggéra Maximus en souriant. Tu sais bien, la très forte probabilité que nous, nous mourions tous.
    — Je me sens rouillé, dit Ballista. Maximus, sors l’équipement. Nous devons nous entraîner.
    — Les épées d’entraînement en bois ?
    — Non, celles d’acier.
    Tout était prêt. C’était la cinquième heure du jour, tout juste une heure avant midi. Bien que l’on fût à la fin octobre, il faisait chaud. Ballista avait choisi la fin de la matinée pour le combat d’entraînement pour plusieurs raisons. Cela lui permettait de faire preuve de courtoisie envers le triérarche en lui demandant la permission de s’entraîner sur le pont de son navire de guerre. L’heure tardive donnerait le temps à l’équipage de prendre le petit déjeuner et d’accomplir les tâches essentielles. Et surtout, cela inspirerait un sentiment d’anticipation grandissant, peut-être engagerait-on même quelques paris.
    Ballista noua son casque et regarda autour de lui. Tous les fantassins de marine, les matelots et les membres de sa suite, ainsi que les rameurs qui en avaient obtenu la permission, étaient assis le long du bastingage. C’était un public averti : tous étaient militaires, même si seuls les fantassins avaient reçu un entraînement au maniement des armes blanches. Là où il y avait des soldats, il y avait des gladiateurs, et là où il y avait des gladiateurs, il y avait des aficionados du combat à l’épée.
    Ballista s’avança vers le périmètre qu’on avait aménagé. La lumière semblait beaucoup plus vive à cet endroit, l’espace plus dégagé et le pont, qui jusqu’à maintenant ne penchait ou ne bougeait presque pas, gîtait et remuait de manière inquiétante. Le soleil dardait d’implacables rayons et il plissa les yeux tandis qu’il regardait les visages impatients des spectateurs faisant cercle autour de lui. Un murmure grave parcourut l’assistance.
    Ballista se livra à son rituel habituel, touchant tour à tour sa dague, le fourreau de son sabre et l’amulette en pierre qui y était attachée. Il se demanda pourquoi il combattait. Était-ce dans l’intention d’impressionner ses hommes ? Ou pour effacer tout souvenir de l’homme, mort depuis presque vingt ans, qui lui avait rendu visite la nuit dernière ?
    Maximus entra dans l’arène improvisée. L’Hibernien était doté du même équipement que Ballista – casque, cotte de mailles, bouclier – mais les deux hommes portaient une épée différente. La préférence de Maximus allait au gladius, l’épée courte, une arme d’estoc, qui, bien qu’elle n’eût plus cours dans les légions depuis longtemps, était encore utilisée par nombre de gladiateurs, parmi lesquels le mirmillon. Ballista se servait de la spatha, plus longue, qui était plutôt une arme de taille.
    Après quelques passes

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