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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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qu’il commandait, non pas un général romain terrifié à l’idée d’être désapprouvé par l’empereur. Les pertes importeraient peu : les hommes qui mourraient seraient bénis, ils auraient gagné leur place au paradis. Shapur n’abdiquerait pas. Il n’aurait de cesse que tous les habitants d’Arété fussent morts ou enchaînés, que seules les bêtes sauvages en parcourussent les rues dévastées.
    Le groupe se dirigea vers le bord du ravin sud. Là, ils mirent pied à terre et menèrent leurs chevaux au bas de la pente rocailleuse. Ballista en tête, ses bottes dérapant sur les pierres, glissant dans la boue. Au bas de cette pente, le chemin devenait moins raide et ils purent remonter à cheval et continuer à descendre. Lorsque les murs d’Arété se dressèrent tout près d’eux sur la gauche, ils virent à quel point le ravin était profond.
    Un seul regard suffisait pour se rendre compte que personne ne serait assez fou pour tenter de prendre d’assaut la muraille sud de la ville. Il faudrait une éternité pour l’atteindre car elle était érigée au sommet d’une longue pente abrupte et lisse, mis à part quelques bosquets d’épineux.
    L’assaillant serait totalement à la merci des projectiles lancés depuis les remparts et s’y ferait massacrer sans coup férir.
    Non pas que ce versant du ravin ne pût être escaladé. Il y avait une poterne au sommet et il était traversé par de nombreux chemins ou sentiers de chèvres. Il faudrait y monter la garde. De nombreuses villes étaient tombées parce que les assaillants avaient escaladé des endroits difficilement accessibles que les assiégés avaient négligé de protéger. Cependant, seule la surprise ou la traîtrise pourrait permettre à l’ennemi de pénétrer dans la ville par cette voie.
    Au fur et à mesure qu’ils avançaient, le fond du ravin s’élargissait devant eux. À cette distance, des balistes ne pourraient rien contre les murs de la ville. Ballista remarqua la présence d’un grand nombre de grottes en haut de la pente, juste au-dessous de la muraille. Plusieurs sentiers escarpés y conduisaient.
    — Ce sont des tombes, Dominus , dit l’un des cavaliers. Des catacombes chrétiennes. (Il cracha par terre.) Ils ne veulent pas être enterrés dans notre nécropole, et nous ne voulons pas de leurs morts non plus. (Il cracha à nouveau.) Si vous voulez savoir, ce sont eux la cause de tous nos problèmes. Les dieux ont veillé sur nous, étendu leurs mains sur l’ imperium pendant des siècles, et voilà que ces chrétiens arrivent. Ils nient l’existence des dieux, refusent de leur faire des sacrifices. Alors les dieux sont fâchés, ils cessent de nous protéger, et les problèmes surviennent. C’est logique.
    Il mit son pouce entre son index et son majeur, pour éloigner le mauvais œil.
    — Je ne sais pas grand-chose sur eux, dit Ballista.
    — Plaise aux dieux que vous n’en sachiez pas plus, Dominus, répondit le soldat en enfourchant son cheval de bataille. Quant à leur : « Tu ne tueras point », quelle couillonnade ! J’aimerais bien savoir ce qu’ils en penseront, quand un grand escogriffe de Barbare leur enfoncera sa bite dans le cul, sauf votre respect, Dominus.
    Ballista eut une petite mimique de dénégation comme pour dire : « Pensez-vous, je suis moi-même souvent d’humeur à sodomiser les membres d’une secte religieuse minoritaire. »
    Le ravin rétrécissait un peu avant de s’élargir à nouveau devant la plaine inondable de l’Euphrate. Au loin, sur la droite, on voyait d’épais bosquets de tamarins ainsi que quelques peupliers et palmiers dattiers sauvages. Ils prirent à gauche et se retrouvèrent devant une porte enchâssée dans un mur de telle manière qu’il fallait la contourner par la gauche pour entrer, exposant ainsi le flanc droit, non protégé par le bouclier. La porte n’était pas des plus robustes et le mur, d’à peine une douzaine de pieds de haut, non plus. Mais Ballista ne se souciait pas de la faiblesse de ces défenses. Pour s’en approcher, les Perses devraient ou bien venir par le fleuve – ce qui était peu probable car les assiégés auraient réquisitionné ou détruit tous les bateaux sur le moyen-Euphrate – ou bien suivre le chemin qu’ils venaient d’emprunter – ce qui aurait été téméraire car il fallait progresser sur un terrain difficile pendant environ un demi-mille, constamment exposé aux projectiles lancés depuis les

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