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L'Orient à feu et à sang

L'Orient à feu et à sang

Titel: L'Orient à feu et à sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harry Sidebottom
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Anamu s’avancer dans le soleil, Ballista ressentit une étrange impression de déjà-vu. Tel un pécheur dans l’Hadès, il semblait condamné à répéter éternellement cette tâche peu enviable : il attendait dans la cour, était accueilli par Anamu et assénait aux conseillers des vérités dures à entendre, leur disant des choses qui les conduiraient à le haïr. C’était peut-être un châtiment mérité pour un homme qui avait tué l’empereur auquel il avait juré fidélité, peut-être était-ce ainsi qu’il devait expier le meurtre de Maximin le Thrace.
    — Bonjour, Marcus Clodius Ballista.
    La bouche d’Anamu tournée vers le bas en une éternelle moue sembla bouger aux commissures, probablement sa manière de sourire.
    Les choses étaient comme de coutume à l’intérieur du bouléuterion  ; quelques quarante conseillers répartis sur des gradins en forme de U. Seuls Anamu, Iarhai et Ogelos, assis loin les uns des autres, occupaient le premier rang. Un silence profond, lourd d’expectative, régnait dans la petite pièce.
    Ballista commença :
    — Conseillers, si Arété doit survivre, des sacrifices doivent être faits. Les prêtres parmi vous pourront vous dire comment s’attirer la faveur des dieux.
    Les prêtres, Ogelos en tête, hochèrent la tête en signe d’approbation. Le chrétien hirsute sourit jusqu’aux oreilles.
    — Je suis ici pour vous dire comment, nous les hommes, pouvons mettre les chances de notre côté.
    Ballista marqua une pause et consulta ses notes inscrites sur un morceau de papyrus. Il crut déceler de la déception, évoluant peut-être vers le mépris, sur le visage d’Anamu. Il n’en eut cure : il recherchait la clarté, non les effets rhétoriques.
    — Vous savez tous que je stocke les vivres – les prix sont fixés, seuls les agents du Dux Ripæ peuvent acheter plus cher. Et vous n’ignorez pas non plus que l’approvisionnement en eau est désormais confié à l’armée : toute l’eau consommée doit provenir de l’Euphrate ; l’eau des citernes ne doit pas être prélevée.
    Ballista les amadouait en leur disant des choses qu’ils savaient déjà, auxquelles ils n’avaient pas d’objections majeures.
    — Diverses choses vont être réquisitionnées : tous les bateaux sur le fleuve, tous les stocks de bois de construction et une bonne partie du bois à brûler. De même que des grandes jarres en terre cuite et des chaudrons en métal, tout le cuir de vache et toute la paille qu’il y a en ville.
    Ballista remarqua que quelques conseillers se regardaient avec un sourire de connivence. S’ils étaient encore en vie le moment venu, ils feraient en sorte que ces dernières réquisitions ne soient pas autre chose que les lubies d’un Barbare.
    — Vous savez aussi que tout que ce qui entre ou sort de la ville est fouillé, les personnes y compris. (Quelques murmures s’élevèrent des gradins du fond.) Cela provoque du retard et des inconvénients. C’est une atteinte à la vie privée, mais c’est nécessaire. En fait, nous devons aller plus loin : à partir d’aujourd’hui, un couvre-feu est décrété de la tombée de la nuit à l’aube. Toute personne se trouvant dans les rues la nuit sera arrêtée et courra le risque d’être tuée. Toute réunion de plus de dix personnes devra être autorisée par le Dux Ripæ.
    Les murmures se firent un peu plus sonores, mais, jusqu’à maintenant, les conseillers ne trouvaient pas grand-chose à redire : peu leur importait que quelques hommes du peuple fussent tués dans la rue, la nuit.
    — Certains soldats sont cantonnés dans des demeures privées.
    Les murmures cessèrent. Maintenant, il avait toute leur attention. Les soldats étant notoirement aptes à la destruction gratuite, au vol, à la violence et au viol, le cantonnement des troupes chez l’habitant était extrêmement impopulaire.
    — Afin que les troupes puissent rejoindre leurs postes plus rapidement, le cantonnement devra être étendu. Les bâtiments du deuxième îlot à partir de la muraille ouest et ceux des premiers îlots à partir des autres murs pourront être affectés par cette mesure. Une compensation raisonnable sera payée aux propriétaires de ces bâtiments.
    Le silence se fit. Les conseillers étaient de grands propriétaires, ils pourraient bien tirer profit de cette disposition ; l’important étant que les soldats ne logent pas dans leurs propres maisons.
    — De plus, le caravansérail

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