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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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lance ce véritable hymne à la paix:
    « A la vue de tant de merveilles étalées à nos yeux, la première impression est un désir de paix.
    « La paix seule peut développer encore ces remarquables produits de l'intelligence humaine. Vous devez donc souhaiter, ainsi que moi, une paix durable. La France n'a de haine contre aucun peuple; elle a de la sympathie pour tous ceux qui veulent, comme elle, le triomphe du droit et de la justice. »
    A ses yeux, la guerre ne peut être qu'un expédient auquel il faut pouvoir renoncer au plus vite, même si, dans l'instant, il a eu son utilité. Mais le moyen de faire autrement quand, par malheur, les. choses sont figées et que nul ne veut discuter?
    En revanche, si l'on peut obtenir un congrès, c'est-à-dire une négociation générale permettant d'éviter la guerre, on ne s'en porte que mieux. Ces congrès, il a toujours tenté de les imposer avant que la parole ne fût donnée au canon... C'est le cas dès 1849 pour Rome, et plus tard avant que ne commence l'affaire de Crimée; ainsi qu'avant l'intervention en Italie.
    Et lorsque la guerre n'a pu être évitée, il faut n'avoir de cesse que de chercher l'occasion de suspendre les hostilités et de reprendre la négociation, dès que l'évolution des choses en a rendu les conditions plus favorables.
    Jusqu'au bout, le comportement de Louis Napoléon illustrera cette conception. Lorsqu'il part pour l'Italie, n'est-ce pas, finalement, pour négocier? Certes, pour pouvoir engager la discussion, et l'ouvrir dans de bonnes conditions, on doit d'abord se battre. Mais dès que la donne a changé, il faut parler. C'est pour cela qu'il est sur place, afin de battre le fer de la négociation dès qu'il sera suffisamment chaud, et pas seulement pour aller cueillir les lauriers d'une gloire factice. Même si, cette gloire venant de surcroît, il ne fera pas devant elle la fine bouche. C'est le même processus qu'il voudra mettre en oeuvre face à la Prusse, l'affaire, cette fois-ci, tournant à sa confusion et à la nôtre.
    Compte tenu des objectifs qu'il a assignés à sa politique extérieure, la dénonciation des traités de 1815 tient évidemment une place centrale dans son discours. Ces traités sont l'abomination originelle, la source de tous les maux et de toutes les difficultés de l'Europe. Ils étaient, comme l'a écrit Joseph de Maistre « une semence éternelle de guerres et de haines, tant qu'il y aurait une conscience parmi les hommes ».
    Pour Louis Napoléon, le congrès de Vienne n'a pas seulement ignoré les sentiments nationaux, il a organisé délibérément leur oppression. Son acte final repose sur une conception dépassée des rapports internationaux, indifférente aux besoins des peuples, au développement des échanges commerciaux, au progrès économique et social. Il cherche en outre à brimer la France, dont la liberté d'initiative et de manoeuvre est réduite à presque rien, et qui se trouve placée en situation de haute surveillance. Ici, la croisade à mener contre l'ordre européen issu de Waterloo prend une dimension mythique, qu'on aurait tort de minimiser : remettre cet ordre en cause, c'est assurer tout à la fois la réhabilitation de l'époque napoléonienne et la revanche de la France. C'est en quelque sorte se forger une seconde légitimité.
    Du moins la sincérité et la détermination du neveu ne font aucun doute, alors que les desseins de l'oncle n'avaient pas toujours été clairs. Dans le Mémorial, Napoléon I er explique — après coup — qu'il eût voulu « pacifier l'Europe. Y affranchir et y unir les peuples [...]. C'est avec un tel cortège qu'il eût été beau de s'avancer dans la postérité et la bénédiction des siècles ».
    C'eût été beau, mais ça ne l'a pas été; même si Louis Napoléon affecte de croire à l'explication a posteriori du Mémorial et déclare en faire sa ligne de conduite. D'ailleurs, il n'est pas le premier à vouloir mettre en cause les traités. Dès la fin de la Restauration, Polignac a esquissé quelques pas en ce sens, et Louis-Philippe a manifesté quelques velléités d'en faire autant.
    En fait, l'attitude de Louis Napoléon à l'égard des nationalités est à la fois prudente et réaliste. Écrivant à Emile Ollivier en 1869, il en donnera une définition qui est à la fois réductrice — il s'agit de ne pas se laisser entraîner n'importe où — et d'une surprenante modernité : « Je suis comme vous, partisan des nationalités,

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