Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
Vom Netzwerk:
dirigeantes et par les chancelleries. Et parce qu'il lui fallait des professionnels. Ses ministres répondent, du moins, à ces critères.
    Drouyn de Lhuys est, certes, un partisan de l'alliance autrichienne (« Avec l'Autriche, déclare-t-il, Napoléon III est maître de l'Europe »), mais ce diplomate de tradition connaît son métier, qu'il a commencé sous Louis-Philippe. Son souhait le plus cher serait de pouvoir tenir solidement « la Prusse ambitieuse » et « l'Italie révolutionnaire ». Deux fois ministre, d'abord au début du règne, jusqu'en mai 1855, puis de 1862 à 1866, il devra abandonner son portefeuille, peu après Sadowa, non sans avoir — rendons-lui déjà cette justice — prôné en vain une attitude de fermeté.
    Walewski, qui occupe le poste de 1855 à 1860, est lui aussi un diplomate de carrière. C'est d'abord un « politique » en même temps qu'un mondain. Il a des titres à faire valoir pour justifier un rôle d'exception : être le fils de Napoléon I er et de Marie Walewska, cela compte évidemment. Il avait été aussi l'un des tout derniers visiteurs à Arenenberg, avant la mort d'Hortense, et cela compte aussi beaucoup. On raconte que, pour mieux asseoir sa position, il sut ne pas se montrer trop regardant sur l'étendue et la nature des relations de sa femme, Marianne, avec l'empereur: ainsi s'expliquerait qu'il restât en place pendant la guerre d'Italie, qu'il avait désapprouvée. D'une façon générale, ce conservateur libéral, qui avait commencé sa carrière politique sous la protection de Thiers, était plus que réticent à l'égard de la politique des nationalités. Il lui revint pourtant de présider le congrès de la paix à Paris après la guerre de Crimée. Nommé ministre d'État après son départ des Affaires étrangères, Walewski voulut en 1863 s'imposer comme le leader d'une politique conservatrice qui suscita l'opposition de Morny. Écarté des affaires, et peu scrupuleux sur les moyens, il reprit les idées de réforme de celui-ci pour tenter une rentrée. Choisi comme président du Corps législatif, en 1867, il ne manifesta pas à ce poste l'autorité nécessaire, dut démissionner au bout de quelques mois, et se replia sur le Sénat. Il mourut en 1868.
    Thouvenel, fut, avec Walewski et Drouyn de Lhuys, entre lesquels il s'intercale, le troisième ministre à excercer une action effective. Des trois, il fut probablement le moins éloigné des vues de Louis Napoléon. Favorable à la cause italienne, il rechercha, en1861, un arrangement avec Cavour dont la mort empêcha qu'il aboutisse. Contre la plus grande partie de l'entourage, il milita pour une évacuation de Rome. Son indépendance d'esprit fut suffisante pour lui faire exprimer son hostilité à une attitude d'entêtement au Mexique.
    Il y a peu à dire de Moustier, qui fut nommé à la fin de 1866, et qui était jusque-là notre ambassadeur à Constantinople. Le député Daru ne resta en fonction que quelques semaines au début de 1870. Après un intérim assuré par Emile Ollivier en personne, on fit appel au duc de Gramont, alors ambassadeur à Vienne. C'était un mauvais choix, qu'on allait payer.
    Compte tenu de leur profil, tous ces ministres doivent généralement se borner à traiter les affaires courantes, tout en s'adaptant aux situations nouvelles que va créer, si souvent et parfois si brutalement, l'action propre de l'empereur. Du coup, pour rester le maître du jeu, celui-ci se trouve contraint de pratiquer une diplomatie personnelle et secrète. Il prend donc l'habitude de s'introduire, de biais, dans les négociations et de recourir à des émissaires dont les conversations et les initiatives doublent la diplomatie officielle, quand elles ne s'y substituent pas. Parmi ces envoyés personnels de l'empereur, quelques hommes émergent: Arese, Pepoli, Vimercati, le Hongrois Turr, le Saxon Vitzhum, le docteur Conneau et, bien sûr, Napoléon Jérôme. Louis Napoléon s'implique lui-même dans le processus, multipliant les entrevues et les entreprises clandestines, à l'insu de ses ministres.
    ***
    Le rapprochement entre l'Angleterre et la France sera l'objet de tous les soins, de toute la sollicitude de Louis Napoléon. C'est pour lui une véritable idée fixe, comme un préalable à toute autre pensée. Il sait que l'antagonisme franco-anglais a pesé d'un poids décisif dans la défaite du premier Empire. Sa répétition serait, à n'en pas douter, également fatale au second. Mais cela

Weitere Kostenlose Bücher