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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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de mon pays ont pu être en péril, j'ai fait la paix. »
    En réalité, tout est dit.
    Les deux premiers succès ne devaient pas faire illusion: l'armée autrichienne était à peine entamée; désormais installéedans les places fortes de l'Italie du Nord, sa position était inexpugnable, d'autant que l'armée française, qui manquait de matériel adapté, était en proie au choléra et la dysenterie. De plus, Louis Napoléon avait été bouleversé par le spectacle du champ de bataille. Fleury lui-même, qui ne s'émeut pas pour rien, a exprimé son dégoût : « Ces boucheries ne sont plus de notre temps ! »
    Surtout, plus que tout, la Prusse, subitement, menaçait de mobiliser sur le Rhin. Si elle attaquait dans l'Est, la route de Paris lui était grande ouverte. Il était hors de question de se battre sur deux fronts. Mieux valait donc prévenir que guérir.
    Tout compte fait, et la situation étant ce qu'elle est, Louis Napoléon ne va pas si mal s'en tirer à Villafranca, où se négocie l'armistice. Celui-ci a calmé la Prusse tout en permettant à Louis Napoléon de s'exprimer en relative position de force... L'Autriche va céder la Lombardie à la France qui la rétrocède immédiatement au Piémont. Ainsi se trouvent appliqués, pour partie, les arrangements de Plombières. Mais pour partie seulement. Aussi, très logiquement, Louis Napoléon s'abstient de réclamer Nice et la Savoie qui avaient été promises à la France. Pour le reste, on est bien loin des résolutions vosgiennes. En Toscane, à Parme et à Modène, il est prévu de rétablir — oui, mais comment? — les souverains que la révolution vient de chasser. De même, le pape doit retrouver l'intégralité de ses États. Enfin, pour faire bonne mesure et, comme il avait été envisagé avec Cavour, l'Italie constituera bien une confédération placée sous la présidence du pape. Mais ce que Cavour n'avait pas envisagé un seul instant, c'est que l'Autriche en serait, de facto, l'un des membres.
    Cavour, furieux, démissionne, non sans avoir accusé Louis Napoléon de mauvaise foi. Victor-Emmanuel, qui sent bien que son ministre va trop loin, le désavoue. Il reste que l'affaire, ainsi interrompue, laisse partout un goût amer.
    Le retour de Louis Napoléon est peut-être un peu moins triomphal que l'aller. A Paris, pourtant, la déception est largement compensée par la satisfaction de la paix retrouvée. Le 14 août a lieu le défilé de la Victoire. Et le 15, dans l'euphorie, Louis Napoléon signe le décret portant amnistie générale de tous les proscrits.
    Que Louis Napoléon n'ait pas alors tenu toutes ses promesses envers l'Italie, ce n'est guère contestable. Il en est plus conscient que quiconque, et les raisons ne manquent pas de croire qu'il n'apas renoncé à ses objectifs. On le reconnaîtrait bien là: les circonstances n'étant pas favorables, il a ralenti son effort et feint d'avoir oublié son intention première. Que les circonstances redeviennent favorables, et alors, quitte à changer radicalement de méthode, il repartira de plus belle... L'affaire italienne va donner une nouvelle illustration de cette manière d'agir qui n'appartient qu'à lui.
    Car on aurait tort de croire qu'il n'est que le jouet des événements... Comme on aurait tort aussi de trop se fier à ses propos officiels. Sur l'Italie, il est seul. A Paris, pour tout le monde ou presque, c'est une affaire classée. En détrompant les esprits, il ne se créerait que des difficultés. En tout cas, ce n'est pas à l'ambassadeur d'Autriche qu'il va ouvrir son coeur: le 9 novembre 1859, s'adressant à Metternich, il joue l'homme dépassé par les événements:
    « Mon idée fut grande et belle, mes intentions pures et désintéressées. En envahissant le Piémont, vous m'aviez offert un bon prétexte de réaliser un des désirs de ma vie : rendre l'Italie à elle-même. Je croyais avoir réussi à Villafranca, maintenant je vois que les difficultés se sont accrues et je suis au bout de mes ressources. »

    En fait, il se sert des événements, et toujours dans le même sens. Et ce ne sont pas les événements qui manquent. Les États du centre de l'Italie s'insurgent, les États pontificaux se soulèvent, Garibaldi lance une expédition en Sicile. Partout, l'alliance du Piémont et de la révolution bouleverse les choses. A chaque fois, Louis Napoléon va laisser faire ou affecter l'impuissance... Il faut l'entendre jouer les innocents, auprès du même

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