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Louis Napoléon le Grand

Louis Napoléon le Grand

Titel: Louis Napoléon le Grand Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philippe Séguin
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Metternich:
    « J'ai tous les jours des lettres qui me prouvent que ce n'est pas le parti révolutionnaire proprement dit qui est à la tête de l'agitation. Ce sont des gens comme il faut et ils ont l'adresse de mettre en place tous mes anciens amis qui m'écrivent que le parti mazzinien n'a pas la moindre chance de réussir, que l'ordre ne sera pas troublé et que tout serait perdu si je les abandonnais. »
    On ne saurait être plus hypocrite... pour la bonne cause ! En tout cas, l'agitation perdure et Louis Napoléon ne l'abandonne pas un instant. Comme l'a observé le député Darimon, « l'Empire marchait littéralement à la remorque du Piémont ». Au fur et à mesure que la cause de l'unité marque des points, Louis Napoléon veille à les entériner un par un, quitte à donner l'impression qu'il y est contraint et forcé, dépassé qu'il serait par le cours des choses.
    Le traité de Zurich a consacré en novembre 1859 l'accord de Villafranca? Très vite, Louis Napoléon fait connaître qu'il se refuse à imposer par les armes l'application effective de ses clauses... Il ne faudra donc pas compter sur la France pour rétablir les anciens souverains en Toscane et à Modène, ou pour contrecarrer l'insurrection en Romagne pontificale. Le traité de Zurich prévoyait un congrès? Certain qu'il y sera isolé et que la cause de l'Italie, au vu des récents événements, risque de ne pas y gagner grand-chose, Louis Napoléon se charge de le torpiller.
    En décembre 1859, son cabinet publie une brochure anonyme — mais dont l'origine réelle est secret de polichinelle — intitulée le Pape et le Congrès. Son contenu est explosif: il y est dit que le pouvoir spirituel du pape sera d'autant plus grand que son pouvoir temporel saura se réduire. Il est suggéré à cet effet que le pape s'en tienne à la souveraineté sur Rome et ses environs immédiats. Au cas où Pie IX pourrait affecter de ne rien entendre, Louis Napoléon lui écrit le jour de la Saint-Sylvestre pour l'inciter « à faire le sacrifice de ses provinces révoltées et à les confier à Victor-Emmanuel ».
    Pie IX en conçoit une colère indicible qui le conduit à traiter Louis Napoléon de « menteur et [de] fourbe ».
    Ce qui est sûr, c'est que le congrès n'a plus lieu d'être. La voie est ouverte pour une amputation des États pontificaux, avec la bénédiction de la France. Si l'on a encore quelque doute sur la détermination et la cohérence de la politique de Louis Napoléon, on notera de surcroît qu'il choisit ce moment pour renvoyer Walewski, jugé trop clérical.
    Le Piémont et Cavour ont la route dégagée. Ils annexent à tour de bras, en appliquant toujours et partout, à l'image de leur allié, désormais discret mais si efficace, la méthode du plébiscite. C'est ainsi qu'au début de 1860, vérification ayant été faite de la volonté populaire, la Romagne, Parme, Modène, la Toscane, vont passer sous le contrôle piémontais. Manque, certes, la Vénétie. Mais du point de vue territorial, les gains du Piémont sont à peu près ceux qui avaient été prévus à Plombières. Dès lors, Louis Napoléon obtient la cession de Nice et de la Savoie que, fidèle lui aussi à sa méthode, il annexe après deux plébiscites triomphaux: 130 533 voix contre 235 en Savoie, 25 734 contre 260 à Nice.
    Voilà donc que, sur les Alpes, l'empereur a rétabli les frontières naturelles de 1813. C'est un immense succès. Imagine-t-onque le Piémont aurait payé ce prix si, quoi qu'on ait dit, pensé ou écrit, Louis Napoléon n'avait pas en fait conduit après Villafranca, mais avec d'autres moyens, la même politique qu'auparavant ?
    Cela étant dit, si les objectifs de Plombières ont été à peu près atteints, le séisme qui ébranle l'Italie ne s'arrête pas pour autant. Et cette fois, c'est un saut dans l'inconnu. Ni Cavour ni Louis Napoléon n'avaient probablement prévu que les choses iraient si vite. Plus personne ne dispose de tableau de marche. L'empereur improvise. Il rêve d'une réconciliation entre le pape et Victor-Emmanuel. Il cherche à ménager une transition en Sicile où Garibaldi et ses Chemises rouges ont soulevé l'île contre le roi de Naples, il propose l'indépendance de la Sicile qui pourrait passer alliance avec le Piémont. Mais tout s'accélère. Garibaldi est déjà à Naples.
    Louis Napoléon, une fois encore, ne s'y oppose pas. A ce pauvre Metternich, il explique benoîtement : « L'ancien état de choses ne

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