Louis Napoléon le Grand
impériales, futures Messageries maritimes, qui progressivement assura le transport de la poste vers les pays d'Orient, puis des services réguliers, depuis Marseille, avec le Levant, l'Algérie, le Sénégal, l'Amérique du Sud, la Cochinchine, l'Océanie, le Japon. Ce fut le tour ensuite de la Compagnie générale maritime qui deviendra la Compagnie générale transatlantique, et qui, dès 1864, relia Le Havre aux Etats-Unis. Vint ensuite la société Paquet.
Simultanément, les ports étaient profondément modernisés : Marseille, avec ses 2 150 000 tonnes de trafic, Le Havre, avec son million de tonnes, mais aussi Bordeaux ou Nantes, tournés vers l'Amérique centrale, l'Amérique du Sud et l'Australie, ou encore Dunkerque et Brest.
Ainsi stimulée, la marine marchande française va passer sous le second Empire du quatrième au deuxième rang mondial. Son tonnage, de 668 130 tonnes en 1850, atteint le million à la fin du régime. Surtout, alors que les bateaux à vapeur ne représentaient pas plus de 13 200 tonnes à la veille de l'Empire, ils avaient atteint en 1870 20 p. 100 du tonnage, avec un total de cinq cents bâtiments.
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Sur le plan économique, les heureux effets de ces politiques rondement menées et cohérentes sont aussi rapides que spectaculaires. Selon William Smith, le rendement total de l'industrie française augmenta de 73 p. 100 sous le second Empire, soit deux fois plus vite qu'en Angleterre, celui de l'agriculture progressant pour sa part de 60 p.100.
Après une longue période de marasme, la production industriellene cessa de croître sur un rythme extrêmement soutenu. Dès la période 1850-1857, son taux de croissance annuel — bâtiment inclus — dépassait les 5 p. 100.
En matière d'énergie, les données connues fournissent des indications allant dans le même sens: au début du règne, on comptait 7 290 machines à vapeur pour une force motrice de 90 000 chevaux-vapeur; à la fin, on en compte 24 787 pour 305 000 chevaux-vapeur. Au cours de la même période, la consommation de charbon a été multipliée par trois. Entre 1851 et 1856, la production de fonte a plus que doublé, celle des fers et aciers pratiquement triplé: elles dépassent respectivement 1,4 et 1 million de tonnes à la veille de Sedan.
La balance commerciale est constamment créditrice. Notre commerce extérieur, qui nous placera bientôt au deuxième rang mondial, augmente plus vite que celui de l'Angleterre, les échanges de produits métallurgiques qui progressent en quelques années de 90 p. 100 comptant évidemment pour beaucoup dans le total.
Sur la période de 1855 à 1859, les importations s'élevaient en moyenne à 1 732 millions de francs et les exportations à 1 894 millions. De 1861 à 1865, ces chiffres passent respectivement à 2 247 et 2 564 millions soit une progression en volume de 30 p. 100, dans laquelle les produits agricoles ne comptent d'ailleurs pas pour rien.
Car l'expansion de l'agriculture n'est pas moins remarquable. Il est vrai que l'engagement public y est particulièrement vigoureux. Le monde agricole ne bénéficie pas seulement des nouveaux débouchés que lui ouvrent la révolution des transports et l'application du traité de libre-échange, il engrange les effets positifs d'actions particulièrement efficaces sur son environnement. Le gouvernement multiplie les écoles d'agronomie et de chimie agricole qui vont contribuer à diffuser les innovations techniques, avec l'aide, à la base, des instituteurs formés à cette fin dans les écoles normales. Il distribue des primes de développement, et stimule l'innovation en organisant des concours agricoles. Il encourage la construction de chemins vicinaux. Les régions défavorisées ne sont pas oubliées: l'État y lance de grands travaux pour rendre à la culture des terres jusque-là inutiles. Les marais de Sologne, de la Brie, sont ainsi asséchés, de même qu'une partie de la Dombes; le boisement des Landes en pins est entrepris. Deuxlois sont votées, en 1854 et 1858, pour encourager le drainage et les défrichements. Et les crédits sont là pour appuyer les textes.
Ces efforts transforment en profondeur l'agriculture française: seules, jusque-là, la Flandre et la Normandie pratiquaient l'agriculture intensive. La mise en jachère était utilisée un an sur trois dans le Nord, un an sur deux dans le Midi ; sous le second Empire, elle recule de près de moitié, tandis que les prairies artificielles gagnent
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