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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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place dans sa chambre un « en-cas de nuit » composé de trois miches de pain, de trois plats de viande froide, de deux bouteilles de vin et d’une carafe d’eau.
    Il se lève souvent, dévore, exige qu’on lui apporte de nouveaux plats, ou bien il trempe des biscuits dans ce vin de Bourgogne qu’il préfère à tous les autres.
    Il jette des morceaux de viande à ses sept ou huit chiens de chasse, qui couchent dans ses appartements et qu’il aime nourrir.
    Il attend avec impatience, après avoir souvent chevauché toute une partie de la matinée, le moment où il va s’attabler pour le dîner. Il avale quatre assiettes de soupe. Il prend à pleins doigts la chair du faisan, de la perdrix, du mouton à l’ail, il déguste le jambon, accompagné de salade et d’œufs durs, puis viennent les pâtisseries et les fruits. Il espère le souper aussi copieux, suivi souvent de médianoche, où l’on célèbre en mangeant gras la fin des repas des jours maigres.
    Il éprouve à plonger ses doigts dans les plats, à dévorer cette nourriture avec avidité un plaisir de tout le corps et un apaisement de l’âme, une sorte d’engourdissement.
    Il se lève de table alourdi, fait quelques pas dans les jardins de Saint-Germain ou de Versailles, s’en va jusqu’à la serre, là où poussent les arbres fruitiers exotiques, ou bien il admire les chapons, et parfois il en désigne quelques-uns pour le souper.
    Puis il rentre lentement, pressé par le besoin de vider son ventre. Et il s’y essaie plusieurs fois par jour, souvent en vain, et il se sent pesant, encombré, restant assis plus d’une heure sur sa chaise percée.
     
    Il veut pouvoir jouir de ces plaisirs de bouche en Flandre, quand il met le siège devant Condé, et qu’il chevauche sur le parapet des tranchées entouré de la Compagnie des grenadiers à cheval dont il vient de décider la création, et qui est constituée des meilleurs soldats de chaque régiment.
    Il s’irrite de la présence à ses côtés de son frère.
    Philippe d’Orléans a souvent chargé, avec une indifférence au danger qui lui a valu les acclamations de la troupe. Il a pris la ville de Bouchain, et on a crié : « Vive le roi et Monsieur qui a gagné la bataille ! »
    Louis a l’impression que son frère lui arrache, lui vole la gloire qui n’appartient qu’au roi.
    Que Philippe rentre à Saint-Cloud ! Qu’il soit auprès de son épouse, puisque la Palatine est grosse, et qu’elle doit accoucher bientôt.
    La guerre et la victoire sont les affaires exclusives du roi.
    Louis doit prendre conseil des maréchaux et de Louvois, mais c’est lui qui décide et lui seul qu’on couronne des lauriers de la gloire.
     
    Elle semble là, cette couronne, à portée de main.
    L’armée de Guillaume d’Orange, inférieure en nombre, est au bout de la plaine d’Heurtebise. Faut-il l’attaquer frontalement, ou au contraire éviter la bataille ?
    Louis est à cheval. Il caracole, entouré de ses maréchaux, de Louvois, des officiers, tous à cheval.
    — Messieurs, j’attends vos avis, que devons-nous faire ?
    Louvois tire sur les rênes de son cheval qui se cabre.
    — Pas de bataille, Sire, dit-il.
    Tous les maréchaux aussitôt l’approuvent, à l’exception du neveu de Turenne, le maréchal de Lorges.
    — Il faut la livrer, répète Lorges. Guillaume d’Orange sera à merci.
    Louis dévisage les uns et les autres.
    La voix de Lorges est la seule qui fasse écho à ce qu’il pense.
    Il fait tourner son cheval qui piaffe puis revient vers ses maréchaux.
    — Je fais le sacrifice de mes désirs à ce qui est à l’avantage de l’État, dit-il.
    Il maugrée.
    Être roi, ce n’est pas renoncer à ce que l’on désire. Mais choisir entre ses plaisirs.
    Il quitte l’armée, rentre au château de Saint-Germain. On lui a dit qu’Athénaïs était plus rayonnante et plus belle que jamais, plus jeune même, comme si d’avoir vécu loin de la Cour, privée de l’amour, lui avait rendu la grâce de la virginité. Enfin elle apparaît, à l’entrée du grand salon du château où est rassemblée toute la Cour, et tout à coup il s’élance, courant presque vers elle, prêt à la serrer contre lui, y renonçant au dernier instant, parce qu’un roi doit être capable de se maîtriser. Mais il dit, d’une voix forte, pour que chacun l’entende, qu’il se rendra avec Mme la marquise de Montespan à Versailles, puis qu’il visitera avec elle son château de

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