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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pour vous en défendre la continuation. Je veux que les édits soient exécutés. Monsieur le président, je vous défends de souffrir aucune assemblée et à pas un de vous de les demander.
    Il éprouve une satisfaction intense. Il a l’impression que son sang est plus chaud, son corps plus nerveux.
    Il quitte le Parlement, entre au Louvre.
    Il imagine bien que les parlementaires vont résister, et que Mazarin l’habile va négocier avec eux, corrompre certains, peut-être même retirer quelques-uns des édits. Mais il veut faire entendre sa voix, ne pas remettre en cause les privilèges du Parlement, mais sévir si nécessaire, envoyer un conseiller à la Bastille et en exiler quelques autres.
    Être roi, c’est ne pas accepter la fronde des sujets, fussent-ils parlementaires, croquants ou princes.
     
    Et s’il faut se battre, faire la guerre, pourquoi pas ?
    Il aime les chevauchées militaires.
    Il avance avec l’armée dans les Pays-Bas espagnols. Il reste en selle quinze heures durant.
    Dans le Hainaut, on met le siège devant la ville de Landrecies, que l’on force à capituler. Puis on bat les Espagnols à Condé-sur-Escaut, la ville du prince félon.
    Louis ne quitte pas Turenne, dont il apprécie l’intelligence et le courage. Il se félicite d’avoir signé la lettre qui, il y a quatre ans, a détaché le maréchal des frondeurs.
    « J’excuse tout ce que vous avez fait, avait-il approuvé, je le veux oublier pourvu que vous quittiez promptement le parti que vous avez embrassé… Je souhaite vous voir en ma Cour et vous témoigner que je n’ai aucun ressentiment de tout ce que vous avez entrepris contre mon service. »
    Il avait appris ce jour-là qu’un roi doit savoir pardonner, s’il doit aussi montrer son dédain et son mépris.
    Quand on lui apprend que Condé, le traître, a renvoyé aux troupes royales, au prétexte qu’il est du même sang français, les étendards aux fleurs de lys pris par les Espagnols qu’il commande, Louis répond :
    — C’est une chose si rare de voir les Espagnols battre les Français qu’il ne faut pas pour le peu que cela arrive leur enlever le plaisir d’en garder les marques.
    Condé doit apprendre à se souvenir qu’on ne dispose pas d’un roi de France.
     

15.
     
    Il est rentré victorieux et fier de cette guerre contre l’Espagne qui n’en finit pas.
    Les femmes dans le salon du Louvre où l’on s’apprête à danser l’entourent. Et il éprouve à sentir leurs regards admiratifs une sorte d’ivresse.
    Il doit ne rien laisser paraître, mais Olympe Mancini, mariée désormais, est plus séduisante qu’autrefois. Elle paraît disposée, maintenant qu’elle est l’épouse du comte de Soissons, à ne plus défendre sa vertu.
    Et il découvre aussi cette jeune fille maigre, Henriette d’Angleterre, qu’on veut marier à Monsieur. Elle l’attire. Elle ne baisse pas les yeux quand Louis la fixe.
    Toutes ces femmes sont prêtes à se donner, et même cette brune, à peine une jeune fille, Marie Mancini, encore une nièce de Son Éminence, qui soutient aussi son regard, qui est comme une invite.
     
    Louis s’assied à la table de Mazarin, où comme chaque soir Son Éminence joue aux cartes. Louis prend les siennes, augmente la mise, et en quelques heures ce sont des centaines de louis d’or et de pistoles qui changent de main. Les dettes des uns se creusent et d’autres échappent à la ruine.
    Louis se lève. Il veut encore danser. Il sent en lui une énergie, un désir inépuisables.
    Et pourtant, depuis quelques mois, il souffre, la verge souvent brûlante et purulente. Est-ce le legs de la vieille borgnesse, Catherine de Beauvais, l’initiatrice, ou bien de l’une de ces femmes, chevauchée un soir, oubliée comme un cheval qu’on a loué pour une randonnée dans un relais de poste ?
    Mais il surmonte la douleur, se laisse soigner, sans un murmure, et cependant ces onguents, loin d’éteindre le feu qui dévore le bout de sa verge, paraissent l’aviver.
    Il ne faut pas y prêter attention, continuer de vivre comme si cette souffrance n’existait pas !
    Il danse le Ballet de la galanterie du temps composé tout entier par Lully et, emporté par le mouvement des violons du Florentin, il oublie sa douleur.
    Danser, jouer, chevaucher, être admiré, désiré, aimé, ce sont là les vrais remèdes.
     
    Il faut donc agir, quitter parfois le Louvre pour, sans aucun apparat, se rendre à l’une de ces foires qui bourgeonnent

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