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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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roi Gustave Adolphe qui a régné dix ans puis a abdiqué, et qui vient d’arriver à Paris, le 8 septembre de cette année 1656.
    Louis est surpris. Christine paraît sale avec ses mains douteuses, ses cheveux en désordre, son justaucorps et ses bottines d’homme, ses manières de soldat, posant ses jambes sur les fauteuils, disant :
    — Ma foi, je baiserais tous les jours si j’y trouvais du plaisir…
    Louis feint de ne pas avoir entendu, mais elle poursuit, lui dit qu’il est « grand, bien fait et beau », mais qu’il est « d’une prudence qui excède son âge ». Timide ? interroge-t-elle. Vaillant elle n’en doute pas et – elle sourit –, « s’il s’applique jamais aux affaires, grand prince assurément ».
    Puis elle se penche, murmure :
    — Si j’étais à votre place, j’épouserais une femme que j’aimerais.

16.
     
    Il a dix-neuf ans.
    Aimer une femme, l’épouser ?
    Pourquoi suivrait-il les conseils de Christine de Suède ?
    Il va d’un corps à l’autre, au gré du hasard, des habitudes, de sa fantaisie.
    Il croise dans un couloir du Louvre une domestique dont la poitrine et la taille, mais aussi le trouble, l’attirent. Il n’a qu’un geste à faire, déjà elle se pâme. Il est le jeune roi. Elle le sait. Il la prend avec douceur, il la comble d’une dernière caresse, d’un cadeau, puis il s’éloigne.
    Chaque jour il remercie Dieu de lui avoir donné cette vie pleine de surprises, d’émotions, de pouvoir et de plaisirs.
     
    Il s’assied, ce 5 janvier 1657, dans la nef de l’église des Jésuites, rue Saint-Antoine.
    En son honneur, tout autour de l’église on a allumé plus de quatre mille cierges. L’autel est éclairé par des dizaines de chandelles. Des machines et des ressorts font descendre jusqu’à l’évêque qui officie les hosties consacrées. Puis, sous les voûtes, mille voix entonnent, accompagnées par les orgues et les violons du roi, les chants sacrés.
    La messe est un spectacle dont il jouit. La vie est une scène, dont il est le principal acteur.
    Il se retourne, derrière lui sont assis la reine mère, Son Éminence, les princes et les ducs, et un peu à l’écart son frère Philippe, qui doit se faire pardonner ses frasques. Il va d’un bal à l’autre, en perruque blonde, vêtu en femme, entouré de jeunes nobles oscillant sur leurs chaussures à hauts talons, parfumés comme des catins, minaudant comme des jeunes filles en émoi.
    Louis se lève. C’est la fin de la messe. L’évêque le précède dans la nef, avançant d’un pas lent vers ces portes de l’église maintenant ouvertes. La foule rassemblée crie « Vive le roi ! ».
    Louis aime cette vie, cette musique et ces chants, ces lumières, ces corps qui de part et d’autre de l’allée s’inclinent.
    Il dévisage ces femmes qui tardent à baisser les yeux. Dans le petit groupe que forment les nièces de Son Éminence, il ne peut détacher ses yeux de la plus jeune, Marie Mancini, à laquelle il n’a guère jusqu’alors prêté attention, se contentant de lui faire l’aumône de quelques mots, alors que l’on portait en terre sa mère, Géronima Mancini, la sœur de Mazarin. Le cardinal avait voulu des obsèques royales, vingt carrosses d’apparat suivant le cercueil, placé dans une voiture tirée par six chevaux.
    Le visage de cette Marie Mancini l’avait retenu, puis sa silhouette qu’il avait devinée, maigre sous les voiles de deuil, si différente de ces corps aux formes épanouies, à la peau laiteuse. Quelqu’un près de lui avait murmuré que cette jeune nièce de Son Éminence était piquante, qu’elle avait de l’esprit, puis il avait persiflé, disant qu’elle avait l’air d’une cabaretière, mais celles-ci sont distrayantes, n’est-ce pas ?
    Louis avait donc dit quelques mots à cette petite brune.
    Il la retrouve dans la lumière dorée des cierges et des chandelles, qui lui donne une beauté inattendue.
    Il passe, avec la tentation, à laquelle il résiste, de se retourner. Il a le désir de la revoir, et il est surpris par cette sensation de regret et d’impatience qui l’envahit.
    Il faut qu’il la revoie.
     
    Il est irrité quand, au Louvre, sa mère puis Son Éminence évoquent le moment, qui ne saurait être différé trop longtemps, où il devra se marier, ce qui quand on est roi de France exige une longue négociation, doit être un acte conçu dans l’intérêt du royaume.
    « Si j’étais à votre place

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