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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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sorties.
    Mais Louis a la certitude qu’il est invulnérable, et il avance dans les tranchées parmi les blessés et les morts, près de quatre mille, dit-on sans émotion.
    Il ne quitte Montmédy qu’au lendemain de la prise de la ville le 6 août 1657.
    Il chevauche jusqu’à Sedan, où il sait que se trouvent Anne d’Autriche et la Cour.
    Il savoure de passer ainsi de la violence de la guerre aux grâces de la politesse courtisane.
    Il est encore vêtu comme un roi de guerre, harnaché, crotté. Sa mère, entourée de ses femmes, l’accueille.
    — Voici une demoiselle que je vous présente et qui est bien fâchée d’avoir été méchante, commence-t-elle. Elle sera bien sage à l’avenir.
    Louis sourit à sa cousine, la Grande Mademoiselle, qui avait fait tirer le canon de la Bastille contre les troupes royales et qui n’est plus qu’une frondeuse repentie.
    — Je lui en demande pardon, dit Mademoiselle, je le devrais faire à genoux.
    Louis fait un geste pour l’en empêcher.
    — Je m’y devrais mettre moi-même de vous entendre parler ainsi, dit-il.
    — C’est un effet de mon malheur que mon devoir m’ait obligée à agir d’une manière qui a déplu à Votre Majesté, poursuit Mademoiselle. Je la supplie de l’oublier, et de croire que je ne souhaite rien avec tant de passion que de trouver les occasions de faire autant pour son service que j’ai fait contre.
    Il la rassure. Un roi doit pardonner à ceux qui lui font allégeance.
    — Je suis persuadé de ce que vous me dites, reprend-il. Il ne faut plus parler du passé.
    Puis il se tourne, montre ses gardes du corps.
    — Rien n’est plus beau que ces deux escadrons bleus, dit-il. Vous les verrez, ils vous escorteront. Je suis fâché de ne pouvoir vous donner des mousquetaires, ils font garde ici.
    Il refuse qu’elle le raccompagne à son carrosse, s’attarde à lui raconter les batailles auxquelles il a déjà pris part.
    — Le roi, votre grand-père, n’y a pas été si jeune, dit Mademoiselle.
    — Il en a néanmoins plus fait que moi. Jusqu’ici, on ne m’a pas laissé aller si avant que je l’aurais voulu.
    Il reste un moment silencieux, puis ajoute :
    — À l’avenir, j’espère que je ferai parler de moi.

17.
     
    Louis est encore dans l’ombre.
    Les danseurs qu’il a choisis avec Lully virevoltent déjà sur la scène, accompagnés par les violons du roi.
    Louis a refusé que paraissent dans ce ballet royal d’ Alcibiade les Grands, princes et ducs, et même son frère Philippe, qui l’avaient accompagné dans les précédentes chorégraphies.
    Il aperçoit, assis au premier rang, son frère, poudré, les cheveux noirs frisés. Philippe se penche à droite, chuchote quelques mots à son amant le comte de Guiche, puis il se tourne vers Mme de Choisy ou Mme de Fiennes, deux intrigantes, qui l’enveloppent de leurs flatteries, lui rapportent toutes les rumeurs.
    Il faut se défier de ces bavardes avides.
    Louis ne regrette pas d’avoir bousculé son frère qui prétendait se gaver les jours de carême et, lorsque Philippe lui a jeté son « assiette au nez », Louis s’est emporté, le menaçant de le chasser à coups de pied. Philippe a boudé dans sa chambre, comme une femme. La reine et Son Éminence Mazarin l’ont forcé à se réconcilier. Mais Philippe ne dansera plus.
    Il faut que sur scène il n’y ait que le roi, qu’on sache ainsi qu’il est le centre du royaume, même s’il ne peut encore gouverner et s’il est contraint de se soumettre au cardinal et à la reine.
    Louis frappe du talon. Il s’impatiente. Il veut qu’on le voie seul, au milieu de ces danseurs, qui sont gens de métier qu’on paie et qui ne sont autour du roi que pour, par leurs pirouettes, leurs culbutes et leurs arabesques, faire ressortir sa majesté.
    Il s’avance enfin dans la lumière des grands candélabres.
    Il aime entendre ce murmure admiratif qui peu à peu se substitue à la musique.
    Il a vingt ans.
    Il danse. Il gouverne le ballet comme il veut dans l’avenir gouverner le royaume.
     
    Mais il s’interroge.
    Les paysans se soulèvent en Normandie, en Saintonge, en Auvergne, en Beauce, en Sologne. Ils sont des milliers, armés de faux et de battes. Les bateliers de la Loire brandissent haches et gaffes. Tous, « sabotiers » de Sologne, mariniers, protestent contre le cours forcé de la monnaie de cuivre, dévaluée. Ils pillent, assurent qu’on les étrangle, qu’on les prive du tiers de leurs

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