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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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leurs compliments, leurs propres ambitions.
    Il se souviendra d’eux, de ces loups et de ces louves aux aguets, et de cette Marie Mancini dont on lui dit qu’elle s’est « tuée à pleurer », priant pour la guérison de son souverain, restant seule, alors que tous les autres couraient à Compiègne pour faire leur cour à Philippe, Monsieur, le frère du roi.
    Il n’oubliera pas.
    On peut mourir à vingt ans, même si l’on est roi de France. Mais Dieu a voulu qu’il survive. Peut-être cette maladie, ce frôlement de la mort sont-ils une leçon pour qu’il apprenne que la solitude est la condition des rois, et peut-être aussi que cette guerre contre les Espagnols doit cesser, qu’il est temps de faire la paix.
     
    Louis se lève. Il marche. Ses forces reviennent. Il lui semble même qu’il est plus vigoureux, qu’il a appris à voir dans le cœur des êtres.
    Il rencontre son frère, le regarde avec ironie.
    — Si vous eussiez été roi, vous auriez été bien embarrassé, lui dit-il.
    Il égrène les noms de Mme de Choisy, de Mme de Fiennes, du comte de Guiche. Maîtresses, favorites et amant : qui l’aurait emporté auprès du futur roi ?
    Il laisse Philippe se récrier, dire qu’il n’a jamais souhaité la mort du roi.
    — Je le crois tout de bon, répond Louis.
    Il s’éloigne. Il veut revoir cette Marie Mancini qui a pleuré et prié alors qu’il n’était qu’un homme dont on attendait et espérait la mort.
     

18.
     
    Il vit.
    Louis n’a jamais ressenti une telle joie à chevaucher aux côtés d’une femme, cette Marie Mancini qui, bonne cavalière, galope près de lui alors que les carrosses roulent plus lentement sur ces routes de Bourgogne, puisque la Cour se rend à Lyon afin d’y rencontrer la princesse Marguerite de Savoie et sa mère, et conclure peut-être un mariage entre le roi de France et la princesse.
    Il rit. C’est sa manière de répondre à Marie Mancini qui se montre quelques instants jalouse, puis laisse à nouveau son intelligence jaillir.
    Le soir, à l’étape, Louis est espiègle. Il irrite la reine mère. Tout lui est plaisir et joie. C’est comme si après la maladie, cette mort côtoyée, il désirait jouir de chaque instant.
    — N’est-il pas vrai, dit-il, que ceux de la maison d’Autriche n’étaient que comtes de Habsbourg quand nous étions rois de France ?
    Sa mère, Anne d’Autriche, sœur du roi d’Espagne Philippe IV, ne peut que défendre Charles Quint, les Habsbourg, préférer un mariage espagnol avec l’infante Marie-Thérèse, sa nièce, à un mariage savoyard.
    — Si nous étions à nous disputer, le roi d’Espagne et moi, je le ferais bien céder, reprend Louis. Que je serais aise s’il se voulait battre contre moi pour terminer la guerre en tête à tête ! Mais il n’aura garde de le faire ! De cette race ils ne se battent jamais. Charles Quint ne le voulut pas contre François I er qui l’en pressa instamment.
    — Ce discours-là ne me plaît pas, répond sa mère.
    Louis s’incline, moqueur.
     
    La vie est neuve. Se marier avec la princesse Marguerite de Savoie et continuer de passer des heures en compagnie de Marie Mancini, pourquoi pas ?
    Elle se dérobe pourtant chaque fois qu’il l’effleure, mais il aime de plus en plus sa voix, son esprit.
    Il danse avec elle, dans ces salles sombres de l’hôtel de ville de Lyon. Elle chante, elle raconte. Elle donne à la vie des couleurs que Louis ne lui connaissait pas.
    Il écoute distraitement Mazarin qui lui parle de l’élection du nouvel empereur du Saint Empire romain germanique Léopold I er , et de la constitution de la ligue du Rhin, composée de princes favorables à la France. Car il faut, poursuit Mazarin, prendre en compte les changements qui se produisent. Cromwell vient de mourir. Quels seront les lendemains en Angleterre ? Il faudrait conclure la paix avec l’Espagne, et pour cela le mariage avec l’infante Marie-Thérèse…
    — Marguerite de Savoie ou Marie-Thérèse d’Espagne, murmure Louis.
    Il a vingt ans. Il a envie de se marier.
     
    Il chevauche à la rencontre du cortège de la duchesse et de la princesse de Savoie qui se dirige vers Lyon. Il voit d’abord les mules chargées des bagages, puis les gardes à casaque noir et or qui entourent le carrosse de la duchesse de Savoie et de sa fille.
    Il veut la voir. Le carrosse s’arrête. Il dévisage la princesse, s’installe près d’elle dans le carrosse, faisant ainsi la

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