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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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emporté, un mépris de tout le monde, nulle retenue en sa conduite et prête à faire toutes sortes d’extravagances. Vous savez enfin comme moi qu’elle a mille défauts et pas une qualité qui la rende digne de l’honneur de votre bienveillance. »
    Louis jette la lettre, la reprend.
    « Dites-moi, poursuit Mazarin, quel personnage prétend-elle faire après que vous serez marié ? A-t-elle oublié son devoir au point de croire que je serais assez malhonnête homme ou pour mieux dire assez infâme pour trouver bon qu’elle fasse un métier qui la déshonore ? »
    Louis s’emporte. Que Son Éminence abandonne sa charge, crie-t-il.
    Mais la missive de Mazarin contient aussi la lettre de démission du cardinal, et les articles du traité et du contrat de mariage.
    Louis baisse un instant la tête puis, lèvres serrées, il la redresse.
    Ses vingt ans sont passés.
    La mort et l’amour se sont éloignés. Que vienne le temps de la puissance et de la gloire.
     

20.
     
    Il veut être, il sera, il est Louis le Grand.
    Il veut qu’on sache qu’il n’admettra plus que l’obéissance.
    Il regarde s’avancer vers lui, dans la grande salle de l’hôtel de ville de Toulouse, un homme altier, vêtu de noir, qui marche lentement, comme à regret, semble hésiter, puis enfin s’agenouille.
    C’est le pasteur Eustache, le représentant des Églises réformées, dont les députés viennent de se rassembler en synode, ici, à Toulouse. Le pasteur voulait haranguer le Roi Très Chrétien, debout, face à face, comme s’il n’était pas, ne devait pas être d’abord un sujet soumis. Il a finalement dû accepter de s’agenouiller devant le roi.
    Louis ne le regarde pas. Il ne veut pas l’écouter alors que le pasteur s’exprime d’une voix étouffée par l’humiliation et le dépit.
    Ce pasteur n’est qu’un sujet hérétique.
    Il termine sa harangue.
    — Je vous maintiendrai dans mes édits, dit Louis d’une voix méprisante.
    Il faut que ces « religionnaires », ces « mal-sentants de la foi », sachent qu’il n’y a de place en ce royaume que pour l’obéissance.
    Tous doivent l’apprendre. Qu’ils se nomment protestants, jansénistes ou dévots rassemblés dans la Compagnie du Saint-Sacrement.
    Louis va dire aux représentants de l’Église du royaume qu’il faut anéantir ce jansénisme, que trois raisons l’y obligent, « la conscience, l’honneur et le bien du royaume ».
    Et que c’en soit fini des réunions sous couvert de piété et de dévotion.
    « Unité, concorde, obéissance » : tels sont les principes du royaume de France.
    Il pourra pardonner, mais il faudra d’abord que l’on demande grâce.
     
    Il écoute le prince de Condé, venu à Aix-en-Provence, où se trouve la Cour, ce 25 janvier 1660.
    Conformément aux termes du traité, dit des Pyrénées, signé entre l’Espagne et le royaume de France, la trahison de Condé et ses fautes sont effacées, mais il doit s’agenouiller devant le roi en présence de la Cour et faire repentance.
    Après un long moment de silence, Louis d’un geste invite Condé à se relever.
    — Mon cousin, dit Louis, vous avez aussi rendu de grands services à ma couronne, je n’ai garde de me ressouvenir d’un mal qui n’a apporté du dommage qu’à vous-même.
    Puis il tourne le dos à Condé.
     
    C’en est bien fini de toutes les frondes.
    Alors que la Cour s’apprête à quitter Aix pour continuer son périple dans les provinces du Sud, montrer que le roi fait régner l’ordre de Bordeaux à Montpellier, d’Auch à Beaucaire, de Toulouse à Marseille, un message venu de Blois annonce que Gaston d’Orléans, l’oncle du roi, le frère de Louis XIII, qui fut lui aussi frondeur, vient de mourir.
    Dieu met de l’ordre dans le royaume.
    C’est Philippe, le frère de Louis, qui devient duc d’Orléans.
    Louis s’approche de la Grande Mademoiselle, sa cousine, elle aussi frondeuse, mais soumise désormais.
    Il présente ses condoléances à la fille de Gaston d’Orléans. Et en s’efforçant de parler d’une voix égale, sans laisser paraître aucun sentiment, il dit :
    — Vous verrez demain mon frère Philippe, avec le manteau d’Orléans. Je crois qu’il a été ravi de la mort de votre père pour avoir le plaisir de le porter. Je suis bien heureux que votre père ait été plus vieux que moi, sans cela mon frère aurait souhaité ma mort, pour pouvoir mettre ce manteau.
    Il se tourne vers

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