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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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contiennent la foule, forment la haie, jusqu’au Louvre.
    Quel roi peut, en ce monde, connaître une telle apothéose ?
    Il voit, peint sur un portique, un soleil dont la lumière d’or dissipe les nuées.
    Il est le Roi-Soleil.
    Les cloches et le canon accompagnent son entrée.
    On chante des vers de Corneille qui saluent la reine :
    C’est trop faire languir de si justes désirs
    Reine, venez , venez assurer nos plaisirs
    Par l’éclat de votre présence
    Venez, venez nous rendre heureux
    Sous vos augustes lois
    Et recevez tous les cœurs de la France
    Avec celui du plus grand de nos rois.
    Il lève les yeux. Le soleil l’éblouit. Il ne voit pas, rue Saint-Antoine, aux fenêtres de cet hôtel qui a été donné à Mme de Beauvais, Cateau la Borgnesse, par Anne d’Autriche, peut-être pour la remercier d’avoir été l’initiatrice de Louis, Mazarin, Henriette d’Angleterre et Marie Mancini. Au second étage de l’hôtel, la jeune femme qui se penche se nomme Françoise d’Aubigné, épouse Scarron, un écrivain difforme, paralysé, qui s’est offert une belle compagne mais de basse extraction, pauvre, à laquelle il a procuré gîte et couvert, et entrée dans le monde, comme gouvernante de l’une de ces dames importantes qui ont l’honneur d’être à la Cour.
    Le regard de Louis passe sur ces visages.
    Il n’est touché que par celui de Son Éminence, émacié, couvert de poudre, maquillé pour tenter de masquer les empreintes profondes de la maladie.
     
    Mazarin veut lui aussi fêter l’entrée du roi et de la reine Marie-Thérèse. Cette paix, ce mariage sont son œuvre.
    Il reçoit dans son palais. Il ne peut se lever de son fauteuil où, fardé, il accueille le roi et la reine, les princes et tous ceux qui espèrent obtenir une faveur, une part de son héritage, une fonction.
    Louis s’avance. Il se veut impassible et pourtant ce visage gris l’émeut.
    C’est l’homme qui l’a guidé, instruit de politique, et qui chaque jour encore passe plusieurs heures avec lui pour le conseiller, lui expliquer l’état des finances, le rôle indispensable de Nicolas Fouquet, de Colbert, de Michel Le Tellier et de son fils, qui brigue le marquisat et portera ainsi le nom de Louvois.
    Louis se penche. Mazarin, qui mâchonne des pastilles, lui confie qu’il va le 23 septembre se faire ordonner prêtre. Car la mort s’avance, ajoute-t-il, les yeux fixes.
    Louis recule. L’haleine de Mazarin est irrespirable. C’est comme si toutes les chairs malades exhalaient leur pourriture.
     
    Louis quitte le palais de Son Éminence, où s’entassent, autour d’un homme qui agonise, des trésors : tableaux, sculptures, livres précieux.
    « Les Italiens viennent ici gueux et maigres pour s’engraisser », chuchote-t-on à la Cour.
    Pourtant, Louis en est persuadé, même si Mazarin a pillé l’État et est devenu la plus riche fortune d’Europe, dotant tous les siens, il a bien servi le royaume.
    Mais la mort s’approche.
    Louis le sait.
    Il parcourt lentement les salles du Louvre. Il va bientôt être le seul maître du royaume.
    Il évite de se rendre dans les appartements de Marie-Thérèse. C’est la meilleure femme du monde, et la plus vertueuse, mais elle le lasse déjà.
    Il ne peut plus voir ses vilaines dents noires et gâtées. Elle mange à tout instant, par petits morceaux, comme si elle était un serin. Et il a découvert qu’elle aime le jeu outre mesure, mais qu’elle ne gagne jamais, car elle ne semble pas avoir compris les règles des cartes. Alors il l’honore quand il le faut, puisqu’elle est chargée d’assurer la descendance du roi.
    C’est devoir de roi plus que plaisir d’homme.
    Il préfère aller voir les comédiens italiens, qui attendent l’achèvement des travaux du théâtre qui doit s’élever aux Tuileries. Ils composent une chorégraphie, qu’ils se proposent de nommer Ballet royal de l’Impatience.
    Et il est vrai qu’il est impatient de régner seul.
    Il se calme en galopant jusqu’à Fontainebleau. Il parcourt les salles du château, regarde peindre Charles Le Brun qui achève un tableau fascinant, qu’il va titrer : Les Reines de Perse aux pieds d’Alexandre.
    Louis rêve devant ces corps pulpeux et soumis.
     

22.
     
    Il a vingt-trois ans.
    Il aime chaque jour davantage le corps des femmes.
    Il aperçoit, sur le bord de la route qui mène de Fontainebleau à Paris, une paysanne, bras nus, le col de sa blouse échancré. Il fait arrêter le

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