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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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plus fortuné d’Europe, n’est plus que ce corps souffrant, pourrissant, avec ces croûtes purulentes qui couvrent ses bras et ses jambes. Il est incapable de se déplacer, il parle avec difficulté.
    Il dit qu’il veut léguer au roi toute sa fortune, afin que celui-ci en dispose à sa guise, veille sur les intérêts de la famille du cardinal, dont le roi est si proche.
    Louis comprend le sens de cette requête : faire reconnaître par cette proposition habile et d’apparence désintéressée la fortune immense, empêcher qu’au lendemain de sa mort elle ne soit confisquée, contestée, morcelée. Il la donne au roi afin que celui-ci la lui rende, et que par ce simple jeu d’écritures elle devienne légale.
    Louis hésite. Il s’enferme au Louvre. Il est tenté de duper Mazarin, d’accepter cet héritage, de se comporter comme s’il croyait à la sincérité de ce don, de prendre ainsi Mazarin à son propre piège.
    Mais peut-il oublier ce qu’il doit à cet homme qui l’aimait, qui lui avait appris la manière dont il faut conduire les affaires du royaume ? Et il aimait Mazarin.
    Il annonce qu’il renonce au legs universel que lui a consenti le cardinal.
    C’est la dernière joie du cardinal. Il partage. Il attribue. Il marie sa nièce Hortense avec Armand de La Porte de Meilleraye, un riche descendant de Richelieu. Mais il ne peut même pas assister à la cérémonie qui se déroule dans la chapelle du palais Mazarin, située près du Louvre. Lors du festin qui suit, Louis aperçoit Marie Mancini que Mazarin a fiancée à un prince Colonna, mais le mariage tarde.
    Louis détourne les yeux.
    L’émotion le gagne, les souvenirs reviennent.
     
    Il se rend au château de Vincennes.
    Il entre dans la chambre de Mazarin et, à la vue de cet homme dans lequel déjà la mort a planté ses griffes, il ne peut étouffer ses sanglots.
    Il fait chaud dans cette chambre où l’atmosphère est nauséabonde. Derrière les portes, il y a la rumeur de cette foule qui se presse. Louis s’efforce de retrouver son impassibilité.
    Il s’approche de Mazarin malgré la puanteur qui émane de ce corps.
    — Je vous dois tout, Sire, murmure Mazarin, mais je crois m’acquitter de quelque manière en vous donnant Colbert. Il faut se servir de lui, c’est un homme fort fidèle. Il est prêt à tout et capable de régler l’État comme une maison particulière.
    Mazarin parle de Le Tellier, et de son fils Louvois, de Nicolas Fouquet qui connaît tout des finances, et d’Hugues de Lionne, chargé des Affaires étrangères.
    — Ce sont là serviteurs utiles, achève-t-il.
    Puis sa tête retombe. Il ferme les yeux. Il veut voir Claude Joly, le curé de Saint-Nicolas-des-Champs, et le père Bissaro, son confesseur, et rester seul avec eux.
    Louis sort de la chambre et, en dépit de la foule qui l’observe, qui l’étouffe, il veut rester contre la porte, regarder par une fente.
    Il voit Mazarin se saisir du crucifix que lui tend le père Joly et embrasser le corps du Christ.
    Louis se fraye un passage parmi les quémandeurs dont l’avidité et l’impatience sont telles qu’ils tardent à s’écarter. Louis ainsi que sa mère qui l’a rejoint sont bousculés. Il faut que les valets, les mousquetaires protègent le roi et la reine, et repoussent ces rapaces.
     
    Durant les premiers jours de mars, parce que la mort est proche, la foule est encore plus dense dans le château de Vincennes.
    Louis a décidé d’y loger.
    Il voit le curé Joly qui a apporté le viatique à Mazarin. Son Éminence a murmuré, confie le prêtre, « Parlez-moi toujours de Dieu ». Il a, à plusieurs reprises, demandé pardon de ses fautes.
    Louis ne peut retenir son émotion. Il demande que l’on fasse réciter, comme pour les princes de sang royal, les prières des quarante jours dans toutes les églises de Paris.
    Il voudrait assister à la cérémonie de l’extrême-onction, qui a lieu le 7 mars. Le curé Claude Joly et le confesseur le père Bissaro l’en dissuadent.
    Mais il ne peut s’éloigner. Il reste derrière la porte. Il pleure.
    Il a été aimé par cet homme et il l’a aimé.
     
    Il est bouleversé quand le 9 mars 1661, à deux heures du matin, on le réveille en lui murmurant que Son Éminence a été rendue à Dieu. Mazarin est mort en disant : « Ah ! Sainte Vierge, ayez pitié de moi et recevez mon âme. »
    Louis se lève sans bruit. La reine, couchée près de lui, continue de dormir. Louis suit son

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