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Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil

Titel: Louis XIV - Tome 1 - Le Roi soleil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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flambeaux.
     
    Il ne veut pas que sa pensée s’arrête à ces images de mort. Et cependant, elles surgissent de toutes parts.
    Les soldats massacrent en Hollande et en Westphalie. Le maréchal de Luxembourg se félicite de voir brûler les villages, les châteaux, et les gens qui s’y cachent.
    Les espions rapportent que dans toute l’Europe, les pamphlets et les gravures dénonçant le roi de France, cet ogre, se multiplient. La haine se répand plus vite que les incendies et les massacres perpétrés par les troupes.
    Louis découvre que dans une lettre à Louvois, Vauban écrit : « Le roy devrait un peu songer à faire son pré carré. »
    Faudrait-il cesser de songer à agrandir le royaume, et s’enfermer derrière des villes fortifiées ?
    Il ne peut, il ne veut pas s’y résoudre. Il faut châtier ceux qui l’ont défié, qui n’ont pas voulu reconnaître sa prééminence.
    Que vienne le printemps, et il prendra à nouveau la tête des troupes, et il retrouvera le chemin des victoires éclatantes.
    Mais l’hiver s’éternise. L’argent manque de plus en plus. Il faut que les impôts rentrent.
    Il se présente devant le Parlement, l’épée nue à la main, entouré de ses gardes du corps. Il exige de l’Église qu’elle lui verse les impôts des évêchés vacants.
    Besoin d’argent, pour préparer les offensives de printemps, pour continuer les travaux à Versailles ! On a englouti en canalisations pour alimenter les fontaines plus de sept millions de livres !
    Mais qu’importe, on ne mesure pas la gloire aux coûts de la guerre et des bâtiments.
    S’il faut à Versailles cinquante chevaux pour élever l’eau afin qu’un jet jaillisse sur un terre-plein, devant l’appartement du roi, qu’on les trouve !
    Il ne veut pas avoir à connaître ces détails, l’envers du décor.
    Et cependant, il doit recevoir le lieutenant général de police, Gabriel Nicolas de La Reynie, l’homme qui sait ce qui se trame derrière les façades respectables et nobles, et qui a parcouru les chemins tortueux et secrets qui mènent des palais aux bas-fonds.
    — Il est des modes de crimes comme d’habits, commence La Reynie.
    Il souligne que les prêtres qui reçoivent les dames de la Cour en confession font savoir, sans révéler l’identité de leurs fidèles, que nombre d’entre elles s’accusent de désirer empoisonner un mari, un amant, un père, une rivale. Et certaines auraient perpétré ces crimes à l’aide d’arsenic et de vitriol, qui détruisent les organes, ulcèrent le foie, les intestins, sans qu’on puisse avoir la preuve de l’empoisonnement.
    Ces dames commencent par consulter des astrologues, des cartomanciennes. N’est-ce pas La Fontaine qui le dit :
    Perdait-on un chiffon, avait-on un amant
    Un mari vivant trop au gré de son épouse
    Une mère fâcheuse, une femme jalouse
    Chez la devineuse on courait
    Se faire annoncer ce que l’on désirait.
    Et souvent on demande des philtres, des poudres, des préparations alchimiques, des poisons faits de crapauds, de serpents écrasés, d’arsenic, d’opium, de ciguë, d’ivraie.
    Louis écoute.
    Il se souvient des rumeurs qui ont accompagné l’agonie d’Henriette d’Orléans, puis des soupçons au moment de la mort d’Hugues de Lionne, son épouse accusée de l’avoir empoisonné. Il y a quelques semaines, c’est le comte de Soissons qui disparaissait brutalement, et c’est encore une fois son épouse qu’on a soupçonnée.
    Mais ce n’étaient que rumeurs, hypothèses démenties par des autopsies. Or le lieutenant général de police apporte des preuves. Ainsi, la marquise de Brinvilliers, née Marie-Madeleine d’Aubray, a empoisonné ses deux frères, l’un lieutenant civil, l’autre conseiller au Parlement, et elle a aussi tué son père, conseiller d’État. Son complice, les jambes brisées par les brodequins de la torture, est passé aux aveux, et on l’a roué vif. Quant à la marquise, condamnée à mort par contumace, elle a réussi à fuir en Angleterre, peut-être aux Pays-Bas.
    Louis se détourne. Il ne veut plus entendre Gabriel Nicolas de La Reynie.
    Que le vent de la guerre et la gloire des armes dissipent les miasmes empoisonnés !

46.
     
    Enfin, il est parmi les soldats.
    Il aime leurs acclamations quand il visite les tranchées, monte sur les parapets sans se soucier des feux des mousquets, des tirs de canon que, depuis les fortifications de Maëstricht, les Hollandais déclenchent dès

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