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Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi

Titel: Louis XIV - Tome 2 - L'hiver du grand roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pour exiger que les Français acceptent ces dispositions nouvelles.
    Louis se lève.
    — Je ne me suis jamais réglé sur autrui, dit-il, et c’est à moi de servir d’exemple.

 

8.
     
     
    Il a préféré être seul pour lire les copies des lettres d’Élisabeth Charlotte.
    Il a craint, s’il restait dans la chambre de Françoise de Maintenon, que celle-ci ne l’interroge, à sa manière douce mais insistante.
    Il aurait dû lui répondre qu’il s’agissait de lettres de la princesse Palatine. Les deux femmes se haïssent. Françoise aurait baissé la tête sur son ouvrage, en soupirant. Et il n’aurait pas pu lui rapporter ce qu’Élisabeth Charlotte dit avec cette violence et cette verdeur de ton qu’il n’aime pas.
    Elle a écrit, il y a quelques jours, à sa tante Sophie, électrice de Hanovre :
    « Je ne puis taire que la Cour devient à présent si ennuyeuse qu’on n’y tient presque plus, car le roi s’imagine qu’il est pieux s’il fait en sorte qu’on s’ennuie bien. Je ne puis croire pour ma part qu’on peut servir Notre-Seigneur Dieu à force d’aimer les vieilles femmes et d’être grincheux ; si cela est la voie du paradis, j’aurai de la peine à y arriver. C’est une misère quand on ne veut plus suivre sa propre raison, et qu’on ne se guide que d’après les prêtres intéressés et de vieilles courtisanes. »
    Il a senti que la colère empourprait son visage et Mme de Maintenon l’a aussitôt remarqué, s’inquiétant de son état, lui demandant si la douleur était revenue.
    Elle s’est approchée pleine de compassion, et la colère de Louis s’est tournée contre elle, qui n’avait pas, lui a-t-il dit, à s’occuper des affaires du royaume. Il décidait seul et, s’il avait besoin d’un avis, il le demandait à ses ministres, en son Conseil.
    Il ne veut plus vivre de tels moments, et il a choisi de s’installer désormais dans ses appartements, devant la table de marbre, sur laquelle les lettres sont posées.
    Il sait qu’il va être irrité, mais il ne peut ignorer ce qu’écrit et ce que pense Élisabeth Charlotte.
    Elle n’est pas qu’une méchante langue, une Allemande hérétique jamais vraiment convertie. Elle est la belle-sœur du roi et la princesse Palatine.
    Et à ce dernier titre, elle a des droits sur le Palatinat depuis la mort de son père.
    Et Louis les a fait valoir, comme roi de France, chef de la famille royale, et donc autorisé à défendre les intérêts de Mme Élisabeth Charlotte, épouse de M. le duc d’Orléans, frère du roi.
    L’empereur du Saint Empire germanique Léopold, les princes électeurs, Guillaume d’Orange, et tous ceux qui se retrouvent dans la ligue d’Augsbourg ont fait part de leur indignation, considérant cette revendication sur l’héritage du père d’Élisabeth comme une nouvelle tentative pour s’emparer des villes et des territoires allemands.
    Il sait que la princesse Palatine est inquiète.
    Elle craint pour son pays. Elle l’a dit à Louvois qui l’a rapporté, et elle l’a écrit :
    « On se sert de mon nom pour ruiner ma pauvre patrie. »
    Elle a fait état de la protestation des princes allemands.
    Faut-il qu’il répète : « Je ne me suis jamais réglé sur autrui ! »
    Il ne cédera pas aux lamentations d’Élisabeth Charlotte.
    Le Palatinat n’est qu’une carte qu’il faut posséder pour être plus fort dans la grande partie qu’ont engagée les ennemis du royaume de France.
    Et il est le roi de France, soucieux de sa gloire et de sa puissance. Louvois l’a compris.
    Le ministre prépare l’armée à la guerre en rassemblant les troupes sur les bords du Rhin, et en créant une Milice royale dont les recrues seront équipées par leur paroisse et recevront une solde de deux sous par jour. Elles serviront de réserve à l’armée.
    Mais Louis constate que Colbert de Croissy, chargé des Affaires étrangères, veut essayer à tout prix de préserver la paix. Qu’imagine-t-il, que Guillaume d’Orange, les Espagnols, les princes allemands, Frédéric I er qui vient de succéder au Brandebourg à son père Frédéric-Guillaume ne veulent pas la guerre ?
     
    Il y a plus grave. Les Anglais rejettent leur roi, Jacques II le catholique, avec encore plus de détermination depuis qu’il est le père d’un fils – le prince de Galles – baptisé dans la religion catholique, et sa fille Mary, épouse de Guillaume d’Orange, bonne protestante, n’est plus dès lors

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