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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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dans l'armée et je ne l'ai jamais quitté depuis.
    Elle hocha la tête et se demanda si elle pouvait utiliser un
cadeau aussi précieux de pareille manière.
    —   Elle serait très honorée de pouvoir aider cet homme,
ajouta Odetta avec douceur.
    Tess trempa l'étoffe dans l'eau puis regarda l'Anari dans
les yeux.
    —   Laisse-moi te laver les mains, mon ami.
    —   Ils n'arrêtaient pas, répéta l'homme entre ses dents.
    Il accepta néanmoins, bien qu'elle ne sût pas s'il
s'adressait à elle ou à quelque fantôme. Saisissant délicatement sa main droite
puis la gauche, elle y passa l'étoffe humide et douce. Il n'y avait pas de sang
sur sa peau, hormis les petites coupures et égratignures que tous avaient à
présent. Elle continua cependant à passer le tissu sur ses poignets, ses paumes
et ses doigts, sur un rythme lent et apaisant.
    Les yeux du soldat se dessillèrent peu à peu, comme si son
esprit remontait à la surface d'un lac obscur. Lorsque son regard croisa enfin
le sien, Tess comprit qu'il la voyait.
    —   Pourquoi refusaient-ils d'arrêter ? demanda-t-il.
    —   Ce n'était pas de leur faute, murmura Tess qui tenait
toujours ses mains, enveloppées dans l'étoffe humide. L'Ennemi possédait leurs
esprits et leurs volontés.
    —   Je ne les haïssais pas, dit-il en retenant ses larmes.
Je jure que je ne les haïssais pas.
    —   Non, dit Tess, les larmes aux yeux. Tu n'as pas tué par
haine. Tu es un soldat et un soldat courageux. Tu n'as tué que pour te défendre.
    L'homme fut soudain secoué de sanglots. Il trembla et serra
les mains de Tess dans les siennes.
    —   Je ne veux plus être soldat. Je vous en prie.
    Une âme insensible aurait pu considérer cette attitude comme
de la lâcheté, songea Tess. Mais ce n'était pas de la lâcheté. L'âme de cet
homme était accablée par un poids que même son pouvoir d'Ilduin était incapable
de soulager. Il ne manquait pas de courage mais de la capacité froide et
implacable de tuer sans éprouver le moindre remords. Elle ne pouvait le
condamner pour cela mais savait qu'il ne se sentirait mieux que s'il pouvait
rejoindre son unité.
    —   Tu as sauvé nombre de tes frères la nuit dernière.
    —   Vraiment ? Tant d'hommes sont morts.
    —   Et combien encore si les hommes de ta trempe n'avaient
pas affronté l'ennemi avec bravoure ?
    Il parut assimiler lentement ces paroles, comme la laine
fine absorbe l'eau. Il éloigna ses mains des siennes et les regarda, les retournant
et les examinant sous tous les angles. Il ferma les yeux, leva les doigts vers
son nez et respira lentement.
    Il rouvrit enfin les yeux.
    —   Cette guerre doit prendre fin, dit-il.
    —   Oui-da, fit Tess.
    Il se leva, grimaçant sous l'effet de la douleur dans sa
cuisse. Il fit ensuite quelques mouvements avec les mains.
    —   Je dois rejoindre mes cousins.
    —   Tu peux te reposer ici aujourd'hui. Ta jambe...
    —   Guérira aussi vite au campement qu'ici. Nous sommes trop
nombreux sous cette tente. Mes cousins auront besoin de tous ceux en état de se
battre. Et je le suis.
    —   Comme tu veux. Mais si tu n'arrives pas à suivre le
rythme, reviens.
    —   J'y arriverai, dit-il en s'appuyant prudemment sur sa
jambe. Je ferai mon devoir.
    Odetta secoua la tête tristement en le voyant s'éloigner.
    —   Il va devoir tuer encore, ma dame.
    —   Oui.
    —   Vous ne pouvez soigner ces blessures-là.
    —   Non, je ne peux pas...
    Les pouvoirs de la Dame Filandière elle-même avaient leurs limites, semblait-il. Et des limites bien cruelles, à
vrai dire. Tess rinça l'étoffe dans l'eau, l'essora et la rendit à Odetta.
    —   Ceci est à toi, je crois.
    Il était sur le point de prendre le tissu qu'elle lui
tendait mais se ravisa.
    —   Un autre en aura besoin, ma dame. Peut-être l'époque où
nous pouvions garder précieusement ce genre de cadeaux est-elle révolue. Vous
avez sacrifié votre passé. Je puis faire le sacrifice de ce souvenir.
    Tess acquiesça en silence.
    Elle vit le soldat anari boitiller vers ses camarades. Il
avait sacrifié une vie de paix et une innocence qu'il ne retrouverait jamais
plus. Elle ne pouvait qu'espérer que le jeu en vaudrait la chandelle.
    — Une victoire peut-elle racheter une telle dette ?
s'interrogea-t-elle tout haut. Odetta ne répondit pas. Elle-même en était
incapable.
     
     
    34.
     
    Tom leva les yeux. Archer venait d'entrer dans sa tente.
Sara étant occupée à soigner

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