L'ultime prophétie
transmettrai votre souhait au conseil de guerre,
répondit Ratha. Et je vous prie de veiller sur ma cousine car son courage risque
de l'emporter sur son bon sens.
— Je la surveillerai comme si elle était ma fille, dit
Crazzi en souriant à Cilla. Ou plutôt comme ma mère, devrais-je dire, car hier
elle m'a mis au monde une seconde fois.
— Votre mère serait fière de vous, Crazzi, dit Cilla en
souriant faiblement. Va maintenant, mon cousin. Il y a beaucoup à faire et je
suis entre de bonnes mains, en attendant que je puisse soigner les autres.
Honore ton devoir au mieux. Et reviens-moi entier.
— Je ferai de mon mieux, mon amour, répondit Ratha en déposant
un baiser léger sur ses lèvres. Nous pourrons bientôt être ensemble.
— Oui,
dit-elle en lui rendant son baiser. Bientôt.
— Nous ne pourrons tenir trois nuits de plus, dit Tuzza.
Nous avons tué dix ennemis pour chacun des hommes que nous avons perdus et
pourtant, ils ont continué d'affluer sans cesse, jusqu'à l'aube.
Archer hocha gravement la tête. Son frère contrôlait les
esprits de son armée ou tout du moins des soldats qu'il avait envoyés la nuit
dernière afin d'évaluer les forces d'Archer. En tout, ils étaient peut-être
quatre mille, moins d'une légion. Trois hommes sur quatre n'avaient pas vu le
soleil se lever et gisaient autour des campements qu'ils avaient attaqués avec
une férocité aveugle.
Mais ils avaient emporté trois cents Anari et Bozandari dans
leur chute, malgré les efforts de Tess et de ses sœurs, des hommes morts sur le
champ de bataille ou qui s'étaient vidés de leur sang avant qu'on pût les
transporter à une tente de soins. Le régiment de Jenah avait essuyé les pires
attaques, bien qu'aucune unité n'en fût sortie indemne.
— Vos Anari se sont bien battus, dit Maluzza à Jenah.
Combien d'hommes avez-vous perdus après avoir pris l'ennemi par le flanc ?
— Moins de dix, repartit Jenah. Mais cette manœuvre a eu
lieu juste avant l'aube. La plupart sont tombés au début de la nuit.
Maluzza réfléchit un instant.
— Et vous dites que l'ennemi n'a pas réagi après la
manœuvre ?
— Non, sire. Ils ont continué à attaquer les Bozandari que
le commandant Tuzza avait envoyés à mon secours. C'était comme si ces hommes ne
pouvaient voir sur le côté ou derrière eux, jusqu'au moment où nous les
frappions.
— Et c'est là leur faiblesse.
— Oui-da, intervint Archer. Contrôler les esprits exige
une grande puissance mais ce ne peut être qu'un faible instrument car il ne
vise qu'un seul objectif. Nous l'avons constaté à Lorense. Les manœuvres
complexes sont impossibles à concevoir pour eux.
— Alors chaque légion et chaque régiment doivent apprendre
la manœuvre que vous avez utilisée, dit Maluzza. Comment l'avez-vous appelée,
le marteau et l'enclume ?
— Oui, Majesté, dit Archer. Mais nous avons passé des
semaines à l'acquérir depuis Anahar.
— Mes hommes devront l'apprendre en un jour. Nous n'irons
pas plus loin aujourd'hui. Les hommes d'Alezzi sont partis en éclaireurs. Les
soldats vont s'entraîner à cette tactique aujourd'hui.
— Et prendre du repos, dit Tuzza. Ils doivent se reposer,
Majesté.
— Pas avant la fin de l'entraînement, répliqua Maluzza
fermement. Désolé, mon cousin, mais il ne peut en être autrement. Nous ne
pourrons supporter une autre nuit comme celle-ci. Nous devons nous préparer à
les affronter. Et les écraser afin de montrer à l'Ennemi que ces raids
nocturnes ne serviront qu'à amenuiser ses troupes. Nous parviendrions ainsi à
Arderon au prix d'une moindre résistance.
— Oui-da, Majesté, dit Archer. Il en sera fait ainsi.
— Et les prisonniers ? demanda Maluzza. Je n'ai rien
entendu à ce sujet.
— Nous n'en avons fait aucun, dit simplement Jenah. Ceux
qui ont résisté sont morts. D'autres ont réussi à s'enfuir.
— Sans doute avec ceux qui ont décimé les Aigles, dit
Ratha en entrant sous la tente. Majesté, le commandant Crazzi vivra mais il a
perdu une jambe. Il doit se reposer et se faire soigner. Il me demande de
prendre le commandement de sa légion et avec votre permission, Majesté, je le
veux bien.
Maluzza haussa les sourcils, déconcerté.
— Il semblerait que son contact avec les pouvoirs de
guérison d'une Ilduin a eu une grande influence sur lui !
— On le dirait, Majesté, répondit Ratha.
—
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