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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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plissant les
yeux.
    —   Oh, si, mon fils, dit Ialla. Il en a eu le temps.
Prends-tu ta mère pour une idiote ? J'avais entendu parler des représailles
contre les familles des Anari qui ont rallié la rébellion. Je savais que tu
craindrais la vengeance d'Ezinha. Je lui ai dit que vous viendriez me chercher.
Nous vous avons vus pénétrer dans le domaine et attendre dans les jardins. Il
savait. Je savais. Il aurait pu appeler des renforts. Mais il a choisi de ne
pas le faire.
    —   Mais pourquoi ? demanda Mihabi.
    —   Où que vous vous cachiez, dit Ezinha, les Bozandari vous
trouveront. Une légion du nord est en ce moment même en route pour Bozandar
afin d'écraser vos camarades. Ils n'arriveront sans doute pas avant une
quinzaine de jours, mais n'oubliez pas les habitants qui descendront dans les
rues, armés, et qui alerteront les gardes. Combien de temps avant qu'ils ne
vous suivent jusqu'à votre cachette et vous tombent dessus, les yeux injectés
de sang et le cœur empli de noirs desseins ?
    Ezinha s'interrompit afin de leur laisser le temps de
digérer la portée de ses paroles.
    —   Vous avez besoin d'un refuge. Je dispose d'un domaine
ceint de hautes murailles et j'ai bonne réputation parmi les miens. Ni le
prévôt ni les habitants n'oseront s'attaquer à cet endroit.
    Ezinha s'approcha de Kelano et se dressa devant lui, les bras
ballants et les mains ouvertes.
    —   Répands mon sang si tu le souhaites, Kelano, mais ne
verse pas celui de ton peuple vainement. Cette maison fut autrefois la tienne.
Elle peut le redevenir.
    —   Et comment saurais-je si tu ne cherches pas simplement à
attirer mes frères ici afin de les faire massacrer ? dit Kelano.
    —   Parce qu'il m'en a fait le serment, repartit Ialla. Il
l'a juré sous peine de Keh-Bal . Et je l'obligerai à respecter ce
serment.
     
    ***
     
    Tuzza posa la main sur la garde de son épée et hésita. Il
savait ce qu'il avait à faire mais n'arrivait pas à se résoudre pour autant à
faire le premier pas.
    Le visage rieur de son jeune cousin apparut devant lui, puis
laissa place au cadavre mutilé qu'il était devenu la dernière fois que Tuzza
l'avait vu.
    L'homme qui se tenait face à lui était le frère de
l'assassin de son cousin. Conformément à la coutume de l’ahwesa , ce
crime exigeait que Ratha soit tué afin d'expier la faute de son frère. Le péché
de ce dernier n'avait pas été de tuer sur le champ de bataille. Non, tuer était
indissociable de toute guerre. Mais la mutilation ne l'était pas et pour ce
péché, il fallait payer.
    Or l'heure n'était pas au respect des anciennes coutumes et
d'un code d'honneur, se rappela-t-il. Il aurait pu, d'un simple coup d'épée, venger
sa famille. Ce geste aurait été si facile ! Son cœur se rebellait à l'idée d'y
renoncer.
    Et pourtant... Il avait pleinement conscience de la présence
de son armée derrière lui, tout comme il voyait les Anari en rangs devant lui.
Ratha ne trouvait pas cette épreuve plus facile et cependant, il était venu le
voir afin de la lui proposer : mettre fin à leur rancœur mais aussi à celle qui
séparait leurs deux armées.
    Une terrible menace pesait sur le monde ; ils ne pouvaient
l'oublier. Surtout pas afin de satisfaire une vengeance privée.
    Il sentit l'attente de ses hommes et s'adressa à Ratha à
voix basse.
     —  Ils s'imaginent que nous sommes sur le point de
combattre à mort.
    —   Oui-da, répondit Ratha d'une voix grave. Et c'est à ce
fantôme que nous devons tordre le cou. Je comprends ta réticence, Tuzza ; je
ressens la même chose. Mais combien de temps pouvons-nous retarder ainsi
l'accomplissement de notre devoir ?
    —   Es-tu prêt ?
    —   Non, répondit Ratha en fixant le sol. Je suis toujours
en deuil. Et pas uniquement à cause de la mort de mon frère.
    —   Non ?
    Ratha releva la tête.
    —   Mon frère et moi étions aussi proches que des jumeaux.
Il était mon bras droit, une moitié de moi-même. Il n'est plus là. Mais ce qui
me fait peur, c'est le lieu où il peut se trouver aujourd'hui.
    Tuzza fronça les sourcils.
    —   Que veux-tu dire ?
    —   J'ai vu mon frère prendre goût à la guerre. Je sais ce
qu'il a fait à ton cousin. Ma cousine Cilla jure qu'avant de mourir, Giri a
reconnu ses péchés, que dans les derniers instants de sa vie, il a exprimé des
regrets pour ses actes...
    Tuzza hocha la tête mais veilla à conserver une expression
neutre.
    —   ... mais j'ai

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