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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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qu'il ne
l'avait cru. Quelle qu'eût été sa rage en voyant Giri tomber sur le champ de
bataille, la colère de Tuzza avait dû être bien plus grande. Ratha prit la
mesure des difficultés qui avaient dû être les siennes jusque-là.
    Tuzza irait-il jusqu'au bout de la tâche qu'ils s'étaient
fixée ?
    Ratha n'était pas sûr de le pouvoir lui-même. Il posa la
main sur la garde de son épée. Tuzza fit de même. Ils sortirent leurs armes, provoquant
des murmures parmi leurs hommes.
    Mais Ratha ne les entendit pas. Il n'entendait plus que les
battements sourds de son cœur.
     
    — Je t'avais prévenu, Mihabi, dit Ezinha. Si tu étais revenu
seul, j'aurais peut-être pu oublier notre dernière conversation. Mais revenir
ainsi, armé, avec plusieurs rebelles ! Tu n'es plus à mes yeux qu'un vulgaire
voleur.
    —   Nous venons chercher ma mère, dit Mihabi. Tu sais ce qui
s'est passé dans d'autres domaines.
    —   Tu crois que je ferais du mal à la femme qui m'a élevé
et aimé depuis ma plus tendre enfance ?
    —   Pourquoi pas ? intervint Kelano, qui avait traversé la
maison en silence et se tenait derrière Ezinha. Tu m'as bien vendu à un homme
qui s'est comporté ainsi.
    Ezinha baissa la tête. A la vue du frère qu'il avait vendu
et de ses cicatrices, preuve de la cruauté dont il avait été victime, il se
sentit profondément bouleversé et honteux.
    —   Je le sais, Kelano. J'ai été stupide, même si cela
n'atténue en rien les sévices dont tu as souffert. J'avais tort. Tous comprendraient
que tu veuilles me tuer. Mais jette un œil sur le bras de ta mère avant de le
faire.
    Mihabi fut le premier à remarquer la blessure, la même que
la sienne. Ezinha l'avait libérée. Mais elle était restée ici, dans sa maison.
    —   Mère... dit-il.
    —   Je suis ici chez moi, répondit-elle.
    —   Quelle sottise, répliqua Kelano sur un ton empli de
colère et d'amertume. Pourquoi voudrais-tu rester avec l'homme qui a vendu ton
fils ?
    —   Parce qu'il est lui aussi mon fils, dit Ialla avec
fermeté. Vous êtes tous les trois mes fils et pourtant, vous vous menacez de
vos dagues. Il n'y a pire chagrin pour une mère.
     —  Nous sommes ta chair et ton sang, dit Kelano.
    —   Et mon sang a été versé, dit-elle en montrant les
cicatrices sur le corps de Kelano.
    Elle prit le couteau d'Ezinha et le tint contre son propre
poignet.
    —   En verser davantage guérira-t-il de vieilles blessures ?
S'il en est ainsi, alors laissez-moi faire.
    —   Mère, non ! cria Mihabi. Tu n'as rien fait de mal !
    —   Vraiment ? fit-elle. J'ai élevé Ezinha et je l'ai grondé
plus d'une fois lorsqu'il faisait une bêtise. Mais je n'ai rien dit lorsqu'il a
commis la pire erreur de sa vie. Je n'ai pas évoqué le plus grand mal de tous :
qu'un homme en possède d'autres. J'ai tu la rage qui naît lorsque des hommes
sont considérés comme des objets. Je ne l'ai pas averti du danger qu'un jour—
ce jour — l'acte vil qu'il pensait normal allait revenir le hanter. Comment
peux-tu dire que je n'ai rien fait de mal quand j'ai failli en n'enseignant pas
ci mon fils ces vérités essentielles ?
    Ezinha entendit ces mots à travers un voile de rancœur, de
culpabilité et de chagrin.
    —   Tu n'aurais jamais pu parler ainsi. Mon père t'aurait
battue ou pire.
    —   Oui-da, il l'aurait fait, dit-elle, les larmes aux yeux.
Et c'est la peur qui m'a empêchée de parler tandis qu'on emmenait mon fils au
marché, tel un cochon. Afin d'épargner ma vie, j'ai permis à un de mes fils de
faire du mal à un autre. Quelle mère agirait de la sorte ?
    —   Une mère qui est aussi un être humain, répondit Mihabi
d'une voix douce en baissant son arme. Une mère qui a les mêmes défauts que ses
fils mais qui n'en est pas moins aimante malgré tout.
    Ezinha prit son couteau des mains de Ialla et le posa sur la
table.
    —   Mère, je ne veux plus que ton sang soit versé. Et je
n'en répandrai pas non plus.
    Il regarda Kelano.
    —   En ce qui concerne le mien, Kelano, je ne puis décider
pour toi. Je te prie de m'épargner car je crois être en mesure de venir en aide
aux tiens, en ces jours difficiles. Mais le choix t'appartient.
    —   Comment pourrais-tu nous aider ? s'enquit Kelano, le
poing serré sur sa dague.
    Ezinha ouvrit grand les mains.
    —   Tu as conduit des hommes armés dans ma maison. Ai-je appelé
le prévôt de la cité ?
    —   Tu n'en as pas eu l'occasion, dit Kelano en

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