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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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étaient en train de dîner. Tous sauf Ezinha,
qui ne toucha pas à l'assiette que Ialla posa devant lui.
    —   Ma mère, dit-il enfin. Mon frère.
    Ils le considérèrent tous deux, dans l'expectative.
    Il posa les mains à plat sur la table et les regarda. Comme
tous les hommes bozandari, il avait reçu une formation militaire et devait
suivre un entraînement plusieurs fois par an ; mais en dépit des égratignures
et des cicatrices, ses mains gardaient l'apparence de celles d'un guérisseur.
    —   Oui, mon fils ? l'encouragea Ialla.
    Ezinha soupira.
    —   Je suis déchiré. Je ressens la profonde nécessité
d'aider votre peuple à retrouver leur liberté mais si l'un de vous devait
partir d'ici afin de tuer les miens... comment pourrais-je jamais me le
pardonner ?
    Mihabi reposa sa cuillère. Il réfléchit quelques instants puis
s'adressa à Ezinha en ces termes :
    —   Je ressens la même chose, Ezinha. Lorsque j'ai entendu
le chant d'Anahar et pris la décision de partir, j'étais empli de haine et de
colère envers toi et les tiens. Mais à la lumière du jour, ma colère s'est
apaisée et la haine m'a semblé disproportionnée. J'ignore si je pourrais tuer
des Bozandari, et pourtant, le sang des Anari coule sur les marchés aux
esclaves. Comment pourrais-je vivre sans rien faire ? Anahar nous a appelés.
Mon peuple doit retrouver la liberté.
    —   Oui-da, je suis d'accord avec cela. Mais je voudrais
trouver un moyen d'y parvenir sans que davantage de sang ne soit versé. Si je
suis certain que nombre d'hommes, des deux côtés, méritent de mourir, je suis
également certain que bien d'autres ne le méritent pas. Comment arrêter tout
ceci ?
    Ialla s'assit sur un banc face à eux.
    —   C'est impossible, dit-elle simplement. Les Bozandari ont
réduit les Anari à l'esclavage. Nous voulons notre liberté. Certains Bozandari
— et ils sont nombreux — ne veulent pas que les choses changent. Nous ne
pouvons demander à votre empereur ou à vos juges de nous libérer. Ils ont déjà
déclaré que tuer des esclaves en fuite était légal. Nous n'avons d'autre choix
que de répandre le sang de ceux qui veulent nous garder sous le joug de
l'esclavage. Et il est pure folie de vouloir qu'il en soit autrement. Les
Bozandari ont créé cette situation. Si l'empereur refuse d'y mettre un terme,
nous devrons le faire dans le sang.
    —   Mère, dit Mihabi, tu n'es pas si dure aujourd'hui que tu
ne puisses voir aucune autre voie de salut ?
    —   Tu n'es pas si naïf, lui répondit-elle, que tu puisses
croire qu'il nous suffit de déposer nos armes et de plaider notre cause afin de
retrouver notre liberté ? Ezinha est un homme bon et courageux mais il ne peut
parler au nom de Bozandar. Et il en a parfaitement conscience.
    —   Notre mère dit vrai, conclut Ezinha. Nous n'avons
d'autre alternative que les armes. Le seul choix qui reste à faire est celui de
notre étendard. En ce qui me concerne, je combattrai pour ma mère et pour les
Anari.
     
    L'armée des Loups des Neiges avançait en direction du nord,
à travers des vallées sinueuses. Tom se surprit à garder ses distances par
rapport à Archer, à l'observer avec suspicion, comme s'il attendait que ce
dernier faillisse à son devoir envers eux. Mais Tess et ses sœurs, Cilla et
Sara, suivaient Archer de près. Ce n'était donc qu'à la tombée de la nuit,
quand ils dressaient le campement, que Tom pouvait passer du temps en compagnie
de son épouse.
    Et même alors, ils n'avaient guère le temps de se parler.
Les blessures étaient inévitables au cours d'une telle marche. Chaque soir, les
Ilduins devaient soigner les blessés de la journée, ainsi que les éventuels
malades. Lorsque Sara pouvait enfin venir se reposer sous leur tente, elle
était épuisée et s'endormait rapidement. Tom comprenait que la situation
exigeât ces sacrifices de leur part mais ce n'était pas une lune de miel
idéale. Ce n'était pas non plus ce qu'il avait imaginé lorsqu'il pensait au
mariage.
    Il montait à présent leur tente, seul, car Sara avait
rejoint Tess et Cilla. L'atmosphère parmi les soldats avait changé depuis la
réconciliation de Ratha et de Tuzza dans le défilé. La méfiance avait diminué
et seules quelques disputes, vite apaisées, avaient éclaté au cours des
derniers jours. Cette paix aurait dû lui redonner confiance en leur cause,
songea Tom. Au lieu de cela, il se sentait simplement seul.
    —   Sara est bien

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