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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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malaise ne vaut rien.
    Ardred sourit. Son sentiment de supériorité se lisait sur
chacun de ses traits.
    —   Tu doutes de moi, Lutte.
    L'officier fut saisi d'un frisson glacé. Il n'avait pas
encore pris la pleine mesure de la puissance de son nouvel empereur mais il
avait souvent l'impression que cet homme possédait des pouvoirs dont nul
empereur bozandari n'aurait jamais pu se targuer.
    —   C'est juste que je ne comprends pas, répondit-il.
    —   Rien de plus normal, dit Ardred avec un sourire plus
large encore. Mon plan se déroule comme prévu. La capitale de Bozandar est aux
prises avec une révolte d'esclaves qui gagne peu à peu les alentours. Les
Bozandari sont affaiblis ; mais la seule menace qui se dirige vers eux est le
petit groupe de survivants de la bataille qui a opposé les Anari et la légion
de Tuzza. La légion d'Alezzi va les écraser.
    Lutte se raidit.
    —   Alezzi est le cousin de Tuzza.
    —   Crois-tu que cela aura la moindre importance à ses yeux
lorsqu'il constatera que Tuzza s'est rallié aux Anari ?
    Lutte connaissait assez les officiers bozandari pour être en
mesure de répondre rapidement à cette question.
    —   Non.
    —   Exactement. Et Tuzza saisira probablement l'occasion de
rejoindre Bozandar, quelles que soient les promesses qu'il aura faites. Ainsi,
d'une manière ou d'une autre, ce maudit groupe sera éliminé. Ce sera ensuite à
nous de jouer.
    Lutte imagina son armée affrontant une légion bozandari et
cela fut loin de lui plaire.
    —   Nous ne sommes pas prêts, mon seigneur.
    —   Vous l'êtes. Crois-tu que je ne m'appuie que sur toi ?
    Lutte fut légèrement vexé. Oui, il s'était cru
indispensable. Tout du moins, il avait voulu le croire. Il fit taire sa
déception et son irritation.
    Ardred chantonna une mélodie inconnue de Lutte, puis se
redressa et joignit les mains derrière son dos.
    —   Ils font exactement ce que je voulais, Lutte. Mon frère
paiera bientôt le prix de ses crimes.
     
    ***
     
    La maison d'Ezinha s'était emplie peu à peu au cours des
derniers jours. Il avait envoyé son épouse et ses enfants rendre visite à la famille
de celle-ci, à quelques trente lieues de là, et ils ne reviendraient que
lorsqu'il l'aurait décidé. Il avait voulu éloigner les siens des dangers de la
capitale ; le grand domaine campagnard de son beau-père disposait d'une milice
privée qui les protégerait tous.
    Jamais il n'aurait imaginé que la menace s'aventurerait si
près de sa propre demeure. Ou qu'il risquerait sa vie — et celle de ses fils —
en cachant des rebelles. Mais il ne pouvait éviter de faire ce qui était juste.
Il avait trop longtemps fermé les yeux sur ce qu'il aurait dû voir et il
paierait bientôt le prix de cet aveuglement. A l'aune de la justice éternelle,
il soupçonnait que le prix de sa dette serait très élevé.
    Si le nombre d'Anari réfugiés chez lui augmenta, il remarqua
que beaucoup étaient des enfants et des femmes enceintes. Les rebelles
eux-mêmes semblaient hésiter à abuser de l'hospitalité d'Ezinha. Comme s'ils ne
voulaient faire profiter de sa protection que ceux qui en avaient le plus
besoin parmi eux.
    Ils n'en avaient pas moins placé des hommes et des femmes
armés afin de monter discrètement la garde. Ils ne lui faisaient pas entièrement
confiance pour veiller sur leur sécurité. Du reste, il n'était pas à même de le
faire. Il n'avait jamais eu de gardes à son service et n'en avait jamais
éprouvé le besoin. En tant que médecin de l'empereur, il était pratiquement
intouchable. C'était un homme influent et peu de Bozandari auraient songé à
s'en faire un ennemi.
    Mais lui agissait à présent contre son propre peuple et à tort
ou à raison, cette idée le rendait mal à l'aise. Depuis le départ de Mihabi,
Ezinha avait changé en profondeur sa manière de voir le monde et sa propre
identité, et cette transformation continuait à lui peser. S'il avait simplement
aidé ces Anari à fuir Bozandar, songea-t-il, il aurait moins le sentiment de
trahir les siens. Au lieu de cela, il offrait un refuge à des gens qui
pourraient avoir le projet d'en tuer d'autres.
    Cette idée lui devint de plus en plus insupportable.
    Troublé, il alla dans la cuisine afin de parler à Ialla et
l'y trouva en compagnie de Mihabi. Ialla venait de donner des instructions à
quelques femmes chargées de préparer le repas et un silence relatif régnait
dans la maison à présent, car tous

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