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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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Tess,
retournez près de nos hommes. Nous ne pouvons nous permettre de vous perdre.
    —   Vous ne me perdrez pas, répondit-elle sans l'ombre d'un
doute dans sa voix.
    Archer soupira, exaspéré, et se demanda pourquoi diable il
avait laissé cette femme le convaincre de la laisser les accompagner.
N'avait-il pas dit la veille encore qu'elle ne devait pas leur être ravie,
fût-ce au prix de sa vie ? Pourtant, elle était là, exposée au danger, si bien
qu'il pourrait être forcé de la tuer afin d'éviter sa capture.
    Mais il lui était impossible de passer outre la volonté d'une
Ilduin lorsqu'elle se dressait droite devant lui et que ses yeux lançaient des
éclairs. Comme Thériel, songeait-il parfois, mais avec une influence bien plus
grande, car il avait trop souvent, à ses propres dépens, ignoré la voix de
Thériel.
    Tuzza, qui se tenait entre eux, les regarda l'un après
l'autre puis haussa les épaules et planta le drapeau qu'il tenait dans le sol,
afin de libérer ses mains. Le vent le souleva et le fit claquer— ce claquement
sourd l'avait accompagné la majeure partie de sa vie adulte. Il était rare,
toutefois, de l'entendre au milieu d'un silence comme celui qui régnait à
présent sur la plaine.
    Ils entendirent enfin le bruit des sabots des chevaux des
Bozandari. Tuzza saisit tout à fait ce que voulait lui signifier son cousin en
amenant un soldat avec lui. La discussion serait difficile à entamer.
    Alezzi arriva à leur hauteur et immobilisa sa monture. Ses
yeux, semblables à ceux de Tuzza, étudièrent les deux hommes et la femme face à
lui.
    —   Qui commande ici ?
    —   Dans quel sens, mon cousin ? fit Tuzza.
    —   Qui commande cette armée ? répliqua Alezzi en fronçant
les sourcils.
    Tuzza montra Archer.
    —   Annuvil. Fils aîné du Premier Roi. Et Dame Tess,
ajouta-t-il en joignant le geste à la parole. La Dame Filandière dont la venue fut prédite.
    Le visage d'Alezzi refléta la surprise puis le mépris.
    —   Ta défaite t'a-t-elle fait perdre l'esprit, cousin ? Tu
écoutes ces contes pour enfants ? Tu as des visions ?
    —   Ce que j'ai vu était inimaginable. J'étais sur le point
de mourir et cette femme m'a sauvé. Elle a sauvé des centaines d'hommes, camarades
ou ennemis. Elle est sous la protection du loup des neiges.
    Un frisson parcourut Alezzi.
    —   Et c'est pour cela que tu es devenu un traître, cousin ?
    Tuzza secoua la tête.
    —   J'ai tant à te dire et à te montrer, Alezzi. Donne-moi
un peu de temps. Si je n'arrive pas à te convaincre, alors tu pourras me tuer
et donner l'assaut. Mais tu ne gagneras pas cette bataille car notre armée est
sous la protection d'Ilduins.
    Alezzi frissonna encore. Son bon sens se rebella et lui
souffla que Tuzza avait de toute évidence perdu la tête. Il jeta un regard vers
Malchi. Son lieutenant semblait prêt à tirer son épée et à se battre
sur-le-champ.
    Sans doute fut-ce l'expression de Malchi qui le fit hésiter.
Il n'avait jamais trouvé aucune sagesse dans les êtres assoiffés de sang.
    Il regarda de nouveau la femme et il lui sembla qu'une aura
la nimbait. Puis il observa l'homme grand et vêtu de noir, silencieux, que son
cousin avait nommé Annuvil, et sentit une grande dignité et une infinie
patience en lui. Il ne vit sur aucun des visages des trois émissaires la
férocité qu'il avait lue sur celui de Malchi.
    —   Je t'écoute, dit Alezzi.
    Malchi fut sur le point de protester mais Alezzi se tourna
vers le soldat qu'il avait amené avec eux.
    —   Assure la sécurité du lieutenant Malchi, dit-il. Veille
aussi à ce qu'il reste ici et ne parle à personne.
    Le soldat, l'un des plus forts et des plus fiables de la
légion, fervent partisan d'Alezzi, hocha la tête.
    —   Oui-da, commandant. A vos ordres.
    Alezzi s'adresssa ensuite à son cousin.
    —   Je te donne ce qu'il reste de cette journée pour me
persuader de ne pas te condamner pour trahison et de ne pas anéantir ta prétendue
armée.
     
    19.
     
    En moins d une heure, on avait fait un immense feu — le
petit bois ne manquait pas dans ce désert — au centre de la plaine, signe pour
les deux armées que des pourparlers étaient en cours. Aussi longtemps que ce
feu brûlerait, nul n'attaquerait l'adversaire.
    Alezzi comme Malchi ne manquèrent pas de remarquer que
c'était la main d'Annuvil et quelques mots incantatoires murmurés par ce
dernier qui avaient allumé le brasier.
    Alezzi, assis sur un tabouret,

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