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L'ultime prophétie

L'ultime prophétie

Titel: L'ultime prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rachel Lee
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en mon nom. Je n'aurais plus jamais à
voir des hommes souffrir autant. Oui, commandant, si je voyais une autre voie,
je fuirais celle-ci, même si je devais me haïr pour cela, plutôt que supporter
la guerre et la mort un jour de plus.
    Elle se détestait d'avoir osé dire cela ; pendant un
instant, ses lèvres tremblèrent et sa vue se brouilla. Elle se détourna, dégoûtée
par sa propre faiblesse, révoltée par ce qu'elle venait de reconnaître. Elle
n'était pas la Filandière, hormis la filandière de la mort des autres.
    Elle sentit une main se poser sur son épaule, doucement mais
fermement, et elle se sentit mieux. Il s'était approché. Lorsqu'il parla enfin,
sa voix était douce et apaisante.
    —   Dame Tess, si vous saviez combien de fois j'ai entendu
ces mots. Dans la bouche de mes officiers. Dans celle de mes hommes. Je les ai
prononcés moi-même à maintes reprises. Aucun soldat qui est aussi un homme de
bien ne peut s'empêcher de penser ainsi car aucun homme de bien ne peut tirer
de plaisir dans la guerre. Ceux qui en sont capables sont mauvais et cruels et
on ne peut leur faire confiance : ils sont si avides que tout le sang du monde
ne pourrait les satisfaire. Ce que vous venez de dire ne fait pas de vous une
lâche mais une femme digne de respect et du sang qui coule dans vos veines.
    Des larmes coulaient sur ses joues ; elle se détourna afin
qu'Alezzi ne la vît pas pleurer. Elle ne le connaissait pas assez pour se
montrer faible en sa présence. En tout cas pas assez pour manifester une faiblesse
de cette sorte.
    Archer vint à son secours sans le savoir.
    —   Alezzi. Tuzza, Ratha et Jenah te cherchent. Un conseil
doit se tenir afin de décider de la stratégie à adopter au cours des prochains
jours.
    Alezzi lâcha l'épaule de Tess.
    —   J'y vais tout de suite. Venez-vous ?
    Archer secoua la tête.
    —   Ces décisions appartiennent aux officiers des deux
armées. Je ne veux pas me substituer à eux.
    Alezzi les salua puis descendit du promontoire rocheux,
disparaissant peu à peu à la faveur de la nuit tombante. Le son de ses pas
s'évanouit à son tour peu à peu.
    —   Je ne vous ai pas entendu arriver, fit remarquer Tess.
    —   Je puis être aussi silencieux qu'un rongeur du désert si
je le souhaite. J'ai senti que vous aviez besoin de moi.
    Elle se tourna vers Archer, le visage baigné de larmes, et
ne protesta aucunement lorsqu'il la prit dans ses bras. Petit à petit, au cours
des derniers mois, malgré son passé qui se dérobait, et en dépit des doutes
occasionnels d'Archer à son sujet, les bras de ce dernier étaient devenus son
seul refuge, le seul endroit en ce monde où elle se sentait réellement en
sécurité. Assez pour déposer son fardeau. Assez pour être elle-même.
    —   Si seulement vous m'aviez laissée mourir avec cette
enfant dans les bois.
    Il resserra son étreinte.
    —   Ne dites pas cela, ma dame. Ce monde a besoin de vous
plus que de toute autre. Je sais que le chemin est difficile et combien vous
êtes souvent blessée mais il y a toujours un prix à payer quand on fait le
bien.
    Il était le seul homme qu'elle croyait réellement lorsqu'il
lui disait comprendre à quel point tout ceci lui faisait mal. Elle ressentait
en lui des blessures tout aussi douloureuses, et d'autres bien pires.
    —   Il est inutile de se demander le pourquoi des choses,
murmura-t-elle enfin, la joue posée contre son épaule.
    Le cœur d'Archer battait fortement et régulièrement contre
son oreille et elle se surprit à remarquer les parfums qui se dégageaient de
lui — celui des chevaux, qui n'était pas désagréable, l'odeur du cuir qu'il
portait, un soupçon de sauge du désert et plus... bien plus. L'odeur de
l'homme. Elle retint son souffle ; jamais au cours de ces derniers mois, elle
ne s'était permis de penser à lui de cette façon, pas même lorsqu'elle l'avait
poussé à danser avec elle.
    Il n'était pas un homme comme les autres. C'était un
immortel investi d'une mission infernale afin de réparer ce qu'il disait avoir
jadis détruit. Elle-même avait souvent pensé qu'il était trop dur envers
lui-même : nul n'était parfait au point de ne jamais commettre d'erreurs et les
pires fautes naissaient toujours des meilleures intentions.
    Les Anari, par exemple. Elle s'adressa à Archer, exprimant
une pensée qui la tourmentait depuis quelque temps déjà.
    —   Vous disiez que vous aviez eu tort de créer les Anari.
    —  

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