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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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l'eau à travers le haut toit voûté, et des plaques de calcaire s'étaient incrustées dans le sol, certaines assez pointues pour rendre la marche difficile.
    Le premier jour, les femmes avaient aplati ces protubérances à grands coups de pierre. Coquille Bleue, Petit Canard et Chagak avaient choisi un endroit pour elles au fond de la caverne. A une certaine distance de la colline, Nez Crochu avait trouvé quelques buissons de bruyère rabougris et en utilisant les branches souples comme support elle avait placé des peaux de lion de mer au-dessus de l'endroit où elles dormaient afin de ne pas être mouillées par l'eau pendant la nuit. Shuganan avait donné à Chagak une de ses lampes de chasseur. La mèche n'était pas haute et la lampe contenait peu d'huile, mais c'était suffisant pour éclairer le coin où elle se tenait et donner un peu de chaleur.
    Elles avaient disposé plusieurs couches de tapis d'herbe sur le sol et posé des peaux de phoque dessus, de sorte que leurs lits couvraient toute la partie qui leur était réservée. Chagak avait ri en disant qu'elle n'avait jamais travaillé au lit pour tisser ou broder.
    Mais à la fin du deuxième jour, Chagak était surtout anxieuse de savoir comment se portaient les hommes. Elle aurait voulu voir Shuganan, Kayugh, Longues Dents et même Oiseau Gris. Et elle aurait surtout souhaité être un homme et pouvoir se battre à leurs côtés.
    Le fils de Nombreuses Baleines vint, ainsi qu'on le lui avait demandé, en se glissant dans le village comme une ombre, et rampa dans l'ulaq de son père. Shuganan, Nombreuses Baleines et Kayugh étaient assis près d'une lampe à huile. Chacun d'eux travaillait à ses armes et ils sursautèrent quand le jeune garçon parla :
    — Ils arrivent, dit-il d'une voix non exempte de frayeur.
    — Combien sont-ils ? demanda son père.
    — Il y a vingt ikyan. Peut-être plus, répondit le garçon en se mordant les lèvres.
    — Les hommes postés sur les crêtes le savent-ils?
    — Ceux de notre côté le savent.
    — Et ceux qui sont dans les autres ulas? demanda Shuganan.
    — Non. Je suis venu vous avertir en premier.
    — Comme tu le devais, dit Nombreuses Baleines.
    — Mais il faut prévenir les autres.
    Kayugh regarda le jeune garçon, il admira la fine peau de loutre de son parka, la lance neuve qu'il brandissait dans sa main. Il eut une brève pensée pour Amgigh et une soudaine frayeur
    I etreignit. Peut-être ne verrait-il pas Amgigh à cet âge, celui où un garçon devient un homme.
    — Va sur l'autre crête prévenir les hommes, dit-il, je me charge d'avertir ceux qui sont dans les ulas.
    Ils sortirent ensemble et Shuganan appela Kayugh :
    — Prends garde. Fais attention qu'ils ne te voient pas.
    Le garçon s'éloigna et longea le haut du village et Kayugh rampa sur le toit du premier ulaq et se glissa à l'intérieur, donnant son nom avant d'entrer.
    Quand tous les hommes du village furent prévenus, il revint à l'ulaq de Nombreuses Baleines.
    II se pencha par l'ouverture et annonça qu'il allait rester sur le toit pour surveiller la plage.
    Pendant un moment il ne se passa rien. Le brouillard s'était levé au-dessus de la mer, atténuant les formes des rochers et diminuant les dernières lumières du soleil. Des traînées de brume s'élevaient entre les ulas et montèrent jusqu'à Kayugh. Finalement, il aperçut du mouvement sur la plage. Des hommes tiraient leurs ikyan sur le rivage.
    Bien que le brouillard portât les sons, Kayugh n'entendit aucune voix et, en regardant les hommes à travers la brume, il eut l'impression qu'ils marchaient plus lentement qu'ils ne l'auraient dû, sans un bruit, calmement, tranquillement, au point qu'il se demanda s'il ne rêvait pas.
    Mais il se pencha sur le toit et appela les autres :
    — Ils sont sur la plage.
    Shuganan se mit péniblement debout et saisit son harpon.
    Une fois de plus, Kayugh s'adressa au vieil homme :
    — Nous avons besoin de toi afin de prier pour nous. Laisse-moi te conduire sur les falaises, tu pourras prier là-bas aussi bien qu'ici.
    — Si je vais sur les falaises, répondit Shuganan en enveloppant ses doigts déformés autour du manche de son arme, je ne serai pas capable de redescendre avec les autres hommes pour combattre. Ici, je serai prêt à aider. Je suis vieux, mais je sais encore chasser.
    — Sois prudent, grand-père, dit Kayugh en prononçant le mot comme un hommage, Chagak a besoin de toi.
    Shuganan

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