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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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avait refait récemment.
    Chagak se leva subrepticement et commença à reculer vers le tronc d'arbre central. Peut-être pourrait-elle s'échapper avant que les deux hommes le remarquent. Elle pourrait prendre son ik et pagayer toute la nuit. Il y avait des tas d'endroits où se cacher tout le long de la côte.
    Tandis que Shuganan s'agenouillait et tirait le rideau, il aperçut Chagak et il éprouva un brusque chagrin à l'idée qu'elle puisse songer à le quitter, mais il repoussa cette pensée égoïste, honteux qu'elle ait pu l'effleurer, alors que la jeune fille avait tout à redouter.
    — Tu vois, dit-il en entraînant Homme-Qui-Tue dans la pièce, il y a de la place pour poser tes armes.
    Le tapis sur le sol était neuf, tissé par Chagak pour remplacer celui que sa femme avait laissé et qui était usé. Au cours du mois qu'ils avaient passé ensemble, Chagak lui avait également confectionné un oreiller, bourré de plumes et recouvert de fourrure de ventre de phoque. Shuganan montra l'oreiller du doigt, mais soudain Homme-Qui-Tue poussa un cri et sortit de la pièce.
    D'un mouvement vif il attrapa Chagak par les chevilles et la jeta par terre. Shuganan s'agenouilla près d'elle, mais elle resta immobile sans bouger sur le sol, sa longue chevelure voilant son visage.
    Homme-Qui-Tue saisit une poignée de cheveux et renversa sa tête en arrière, découvrant son cou. Tirant un couteau de son étui, il le posa près de l'oreille gauche de la jeune fille.
    — Laisse-la tranquille, intima Shuganan, elle ne t'appartient pas.
    — Dis-lui qu'elle va mourir si elle recommence ce petit jeu.
    — Il dit qu'il te tuera si tu essaies encore de t'échapper, traduisit Shuganan.
    Mais Chagak se mit à rire. Un rire haut et aigu comme le cri d'une loutre.
    — Parfait, s'exclama-t-elle. Dis-lui de me tuer. Dis-lui qu'il aurait dû me tuer depuis longtemps comme il a tué le reste de mon peuple. Il me sera facile de mourir sous ce couteau. Je n'ai pas peur de mon propre sang. Mieux vaut mourir ainsi que brûlée vive comme ma mère et ma sœur, ou avoir le ventre ouvert comme mon père.
    Elle se remit à rire et Homme-Qui-Tue lui ferma la bouche de sa grosse main.
    — Que dit-elle?
    — Elle te demande de la tuer, répondit Shuganan.
    — Pourquoi rit-elle?
    — Elle veut retourner avec son peuple et souhaite mourir.
    — Si elle est ta petite-fille nos guerriers ont donc tué ton fils, son père ?
    — Oui, répondit Shuganan en mentant sans sourciller.
    — Elle est trop belle pour être de ta race, grogna Homme-Qui-Tue.
    Shuganan haussa les épaules. La main toujours posée sur la bouche de la jeune fille, Homme-Qui-Tue écarta son couteau de sa gorge et d'un même mouvement déchira le devant du suk de Chagak.
    Elle s'était préparée à la douleur du couteau et avait serré les dents, bien décidée à ne pas crier quand il lui trancherait la gorge, mais, quand elle vit ce qu'il avait fait à son suk, ce vêtement d'autant plus précieux qu'il lui venait de sa mère, elle se mit à hurler.
    Homme-Qui-Tue éclata de rire, transformant ainsi l'horreur de Chagak en colère. Elle sortit son couteau de femme de l'étui sous son suk et en balafra la joue de l'homme.
    — Chagak, non ! s'écria Shuganan.
    Mais elle ne lui prêta pas la moindre attention. Si cet homme devait la tuer, qu'il porte la trace de son couteau en souvenir.
    Homme-Qui-Tue lui saisit la main et la serra. Chagak sentit ses os craquer, puis il accentua sa pression sur ses doigts jusqu'à ce qu'elle soit obligée de lâcher le couteau. La tenant étendue sur le sol, il prolongea la déchirure de son suk et se laissa tomber assis sur sa poitrine.
    — Ne la tue pas, supplia Shuganan.
    Homme-Qui-Tue essuya le sang de sa joue
    d'un revers de main. Shuganan se pencha et vit que la coupure était superficielle.
    — Elle devrait être morte, dit Homme-Qui-Tue avec colère.
    Chagak était toujours étendue, immobile, les yeux clos, comme si rien ne s'était passé. Mais Homme-Qui-Tue se souleva avant de se laisser lourdement retomber sur elle. Shuganan grimaça de douleur et Chagak tressaillit sans ouvrir les yeux.
    — Ne la tue pas, répéta Shuganan d'une voix plus ferme.
    Cette fois c'était un ordre et non une requête.
    Il saisit une lampe à deux mains et se mit à marcher dans l'ulaq. La lumière tomba sur les sculptures alignées contre les murs. De petits yeux brillaient dans les figurines d'ivoire.
    — Ils représentent mon

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