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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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compagnon se raidissait derrière lui, preuve qu'il l'avait voie, lui aussi.
    Elle avait escaladé la colline et revenait avec un panier de baies suspendu à chaque bras. Le vent soufflait sur ses longs cheveux noirs et les plumes sombres de son suk s'agitaient tandis qu'elle marchait.
    Le cœur de Shuganan battit plus vite.
    — Lève la tête, ma Chagak, murmura-t-il, lève la tête et sauve-toi ma précieuse petite fille !
    Comme si elle avait entendu ses paroles, elle regarda vers l'ulaq et s'arrêta. Brusquement elle laissa tomber ses paniers, se retourna et se mit à courir. Homme-Qui-Tue sauta du toit et se rua à sa poursuite.
    Shuganan les suivit en boitant, priant Tugix :
    — Protège cette enfant ! Fais lever ton vent !
    Mais la montagne ne parut pas l'entendre.
    Quand Shuganan atteignit la colline où Chagak avait laissé tomber ses paniers, il vit l'homme et la jeune fille. Tous deux couraient encore. Homme-Qui-Tue se rapprochait de Chagak à chaque enjambée et finalement il la rejoignit et l'attrapa par les cheveux. Il la jeta par terre tandis que Shuganan regardait en se disant : « S'il la prend je le tuerai même s'il est sur elle. »
    Mais Homme-Qui-Tue enroula les cheveux de la jeune fille autour de son poignet et l'obligea à se relever et à marcher devant lui.
    Shuganan les regarda revenir, puis il se baissa, ramassa les paniers de baies et suivit le couple à l'intérieur de l'ulaq.
    11
    Ils étaient ensemble dans la pièce principale. Assis près de la lampe, Shuganan polissait un morceau d'ivoire au moyen d'une pierre ponce.
    Chagak tissait un tapis d'herbe. Le tissage se faisait à partir d'un pan de mur nu sur lequel Shuganan avait planté des chevilles à hauteur d'épaule et à un bras de distance l'une de l'autre. Chagak avait tendu un morceau de boyau tressé entre les chevilles et avait placé dessus un paquet de longues herbes, laissant les tiges tomber de l'autre côté, se servant seulement d'une longue aiguille et d'un os de flétan fourchu pour pousser l'herbe dans une nouvelle rangée.
    Homme-Qui-Tue les surveillait en tournant un couteau entre ses doigts. Chagak sentait la chaleur de son regard sur son dos tandis qu'elle travaillait.
    Elle ne doutait pas qu'il fît partie de la tribu qui avait anéanti son village et la colère et la peur faisaient battre son cœur plus fort, tout en rendant ses mains glacées et maladroites.
    Shuganan l'avait appelé Homme-Qui-Tue et s'entretenait avec lui dans une langue qu'elle avait des difficultés à comprendre. Les mots étaient estropiés et rudes. La voix même de Shuganan paraissait plus rauque que d'habitude. Mais en écoutant plus attentivement, elle se rendit compte que ce langage avait quelques similitudes avec celui de son peuple et, de temps en temps, elle arrivait à comprendre un mot ou même une phrase.
    Homme-Qui-Tue n'était pas grand, mais ses bras et ses jambes étaient musclés, son cou épais et court formait une ligne droite entre son menton et sa poitrine. Ses petits yeux étaient profon-dément enfoncés dans leurs orbites, mais, quand il se tournait vers la lampe à huile, la lumière faisait briller des iris noirs et ressortir des pupilles fermées comme celles d'un homme qui regarde le soleil.
    Bien qu'usagé, son parka était bien fait, cousu en petits carrés taillés dans différentes peaux, de la fourrure de phoque sur le devant et le dos, de la souple peau de lemming pour les côtés et les manches.
    Chagak ne put se défendre de penser à la femme qui avait confectionné ce parka. Était-ce une épouse ou une mère? Savait-elle les actes abominables auxquels se livrait l'homme qui le portait ?
    Quand il avait attrapé Chagak, Homme-Qui-Tue lui avait tiré les cheveux si fort qu'elle était tombée par terre, le souffle coupé.
    Puis elle avait vu l'arrogance de son visage carré, la cicatrice qui courait de son nez à travers sa joue gauche, la fine moustache qui couvrait sa lèvre supérieure.
    Une fois dans l'ulaq, elle s'était rendu compte du mauvais état de ses vêtements et en avait déduit qu'il n'était pas retourné dans son village depuis de nombreux jours, des mois peut-être, aussi, même s'il avait une épouse, il avait besoin d'une femme et s'attendait à ce que Shuganan lui offrît l'hospitalité des nuits avec Chagak.
    C'était la coutume chez tous les peuples des îles. Chagak le savait, mais, dans un village aussi important que le sien, il y avait suffisamment de femmes, de sorte que

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