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Ma mère la terre - Mon père le ciel

Ma mère la terre - Mon père le ciel

Titel: Ma mère la terre - Mon père le ciel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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couteau pour creuser un trou dans le sol afin d'y enfouir l'arme, et la recouvrit de terre bien tassée et d'un tapis.
    Il retourna, alors, dans la pièce principale et s'assit, le dos tourné à la chambre de Chagak car, s'il y avait fait face, il savait que ses yeux auraient pu le trahir en se posant sur le rideau comme s'il avait pu voir à travers le couteau enterré là.
    Il se mit à travailler sur une figurine commencée quelques mois plus tôt quand un premier rêve lui avait prédit que Chagak allait arriver. A ce moment-là, ce travail n'avait été qu'un réconfort pour lui, maintenant ce serait un cadeau pour Chagak et une protection. La sculpture représentait un mari et son épouse. Depuis l'arrivée de Chagak, Shuganan avait donné à la femme les traits de la jeune fille, mais l'homme était quelqu'un que Shuganan ne connaissait pas encore. Pour l'instant il utilisait un poinçon pour sculpter les détails des vêtements de l'homme. Ce n'était pas Homme-Qui-Tue mais quelqu'un appartenant à la tribu des Premiers Hommes.
    Quand il entendit Chagak et Homme-Qui-Tue redescendre dans l'ulaq, il cacha la sculpture et adressa une prière à l'esprit de Tugix.
    Chagak portait un plat de poissons frits. L'odeur se répandit dans l'ulaq. Elle s'agenouilla à côté de Shuganan, remplit un bol en bois de poisson et le tendit à Homme-Qui-Tue.
    — Dis-lui de te servir, grogna Homme-Qui-Tue, en commençant à manger.
    Il sourit en regardant Shuganan, découvrant ainsi ses larges dents blanches et ses lèvres huileuses.
    — Il te dit de me servir un bol de poisson, traduisit Shuganan.
    — J'ai compris, répondit Chagak.
    — Elle peut se servir, elle aussi, ajouta Homme-Qui-Tue, je suis un homme généreux, fit-il en éclatant de rire.
    Mais Shuganan ne sourit même pas.
    — Tu peux te servir, dit-il, puis, sur le même ton, il enchaîna : j'ai caché des couteaux... puis se rendant compte qu'Homme-Qui-Tue s'était brusquement arrêté de manger, Shuganan le désigna du doigt en disant : remercie-le pour le poisson.
    Chagak inclina la tête, sans lever les yeux, craignant que leur hôte ne lise l'espoir qui renaissait en elle. Elle désigna le bol qu'elle avait rempli
    pour Shuganan et celui qu'elle prenait pour elle-même.
    — Merci, fit-elle.
    Homme-Qui-Tue bougonna une réponse.
    — Il dit que tu seras une bonne épouse, traduisit Shuganan.
    Chagak releva la tête et dit avec un sourire :
    — Oui... Mais pas pour lui.
    Shuganan avait décoré la hampe d'un harpon à phoque avec des scènes de chasse et maintenant, sous la direction d'Homme-Qui-Tue, il gravait ' l'un des harpons de celui-ci.
    Assise dans un coin sombre de l'ulaq, une lampe allumée à côté d'elle, Chagak avait retiré son suk pour le réparer. Shuganan et Homme-Qui-Tue paraissaient ne pas la remarquer, mais elle se sentait néanmoins mal à l'aise en ne portant que son court tablier, aussi tenait-elle le suk près de sa poitrine tout en cousant, le reste du vêtement étant étendu sur ses jambes.
    Plus tôt dans l'après-midi, elle avait réfléchi sur la façon de raccommoder le vêtement. Elle craignait que les délicates peaux de cormoran ne supportent pas une seconde couture centrale car habituellement sa mère cousait les peaux d'oiseaux de sorte que les coutures entre deux peaux se rencontrent et se chevauchent au milieu du suk. La couture suivait un dessin en zigzag, mais la déchirure faite par le couteau l'avait coupée.
    Pendant qu'elle préparait les oursins, ce matin, une pensée lui était venue. Pourquoi ne pas allonger les ourlets par une bande de cuir, en haut et en bas? Puis elle avait décidé de refaire entièrement les coutures en les cachant soigneusement sous les plumes de cormoran. Cela permettrait de diviser les bandes en sept ou huit
    carrés, chacun étant recousu avec quelque chose à l'intérieur : des boyaux, des aiguilles, un poinçon, une mèche de lampe, tout ce qui pourrait l'aider si elle parvenait à s'enfuir.
    Quand elle eut terminé les coutures, elle déroula une peau de phoque, posa le suk dessus et prit des mesures pour couper la peau à la longueur des nouveaux ourlets, mais elle se rappela soudain qu'elle n'avait pas de couteau et pendant un long moment elle resta assise, immobile, en se demandant si elle devait attirer l'attention sur elle. Finalement, elle se glissa à côté de Shuganan en tenant son suk à l'envers devant elle.
    — As-tu besoin de quelque chose?

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